L'Indépendant du 4e Arrondissement de Paris

CDLXXIX : Une femme voilée dans la voûte de la salle des fêtes de l'Hôtel de Ville.

 On trouve une femme voilée sur une des peintures qui ornent la voûte de la salle des fêtes de l'Hôtel de Ville... Cela paraît assez insolite alors que le port de voiles qui cachent complètement le visage pose de plus en plus problème.

Pour comprendre ce paradoxe, il faut se rappeler que lorsque l'Hôtel de Ville a été reconstruit à la fin du XIXe siècle, le plafond de la salle des fêtes a été orné par des  allégories des différentes provinces françaises de cette époque. Pour cette raison, l'Alsace n'y figure pas  car cette province était rattachée à l'Allemagne (de 1871 à 1918). Par contre"L'Algérie, c'était la France" pour reprendre une phrase du ministre de l'Intérieur en 1954 (François Mitterrand)... c'est pourquoi ce territoire est représentée par une femme voilée. On peut la voir vers le fond de la salle des fêtes côté gauche.

La question se pose : faudra-t-il ôter le voile qui figure sur cette peinture ?

CDLXXVIII : Les statues de l'Hôtel de Ville (48e volet) : Tronchet

 Voici le 48e volet de la série des statues de l'Hôtel de Ville. Elle représente Tronchet et elle se trouve rue de Rivoli dans le pavillon en retour d'angle de la façade principale au 2e étage.

François-Denis Tronchet est un juriste et un homme politique français... plutôt conservateur.

Il était né à Paris le 23 mars 1723. Il  était membre d'une famille de juriste (son père était procureur) et il a lui-même été un homme de droit. C'est la Révolution française puis le Consulat et l'Empire qui lui ont permis de jouer un rôle important :

En mai 1789, il fut un des représentants de Paris élu par le Tiers Etat. Il fut le mois suivant un des rares à essayer de s'opposer à la transformation des Etats généraux en Assemblée générale constituante. Trois ans et demi plus tard, il fit partie des rares juristes qui osèrent prendre la défense de Louis XVI lors de son procès. Son rôle d'avocat le conduisit à prendre le chemin de l'exil pour éviter d'être lui-même poursuivi par la Convention.

L'arrivée au pouvoir de Napoléon Bonaparte après le Coup d'Etat du 18 brumaire (en 1799) lui donna l'occasion de jouer un rôle important. Aux côtés de Cambacérès, il fut un des rédacteurs du Code civil dit "Code Napoléon". De 1800 à 1804, il exerça une des fonctions les plus importantes dans le nouveau dispositif judiciaire qui se mettait en place : il fut président du tribunal de Cassation, l'ancêtre de la Cour de Cassation. (Cela me permet au passage de saluer un de mes amis proches qui est l'arrière-petit-fils d'un des premiers présidents de la Cour de cassation et qui donc est un des successeurs de François-Denis Tronchet).

Tronchet est mort à Paris âgé de 80 ans le 10 mars 1806. Ses cendres ont été transférées au Panthéon le 17 mars 1806.

La rue Tronchet est une rue du 8e arrondissement [Seule son extrémité Nord-Est se trouve dans le 9e arrondissement]. C'est un axe prestigieux puisqu'elle est située derrière la Madeleine dans le prolongement de la rue Royale. Elle porte ce nom depuis son percement en 1824 et elle est à proximité du monument expiatoire à la mémoire de Louis XVI et Marie-Antoinette.

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CDLXXVII : Réaménagement des Halles (5e volet) : encore à propos de la Co(sso)nnerie...

 J'ai déjà consacré 4 articles au projet de réaménagement des Halles. Le dernier avait pour sujet la surprenante idée de supprimer l'escalator qui permet de descendre directement au 3e sous-sol par l'entrée rue de la Cossonnerie.

Parmi les autres arguments entendus lors de la réunion publique du lundi 22 juin par les défenseurs du projet, un autre me laisse très dubitatif. Il paraît que depuis cette entrée rue de la Cossonnerie, on pourrait (enfin ?) voir l'ancienne Halle au blé, un magnifique bâtiment du XIXe siècle ! Quel bonheur...

Ce qui me surprend c'est qu'avec l'aménagement actuel on peut déjà voir cet édifice comme le montre la photo ci-dessous :

Au passage cette photo montre avec l'état du carrelage sur la colonne de droite jusqu'à quel point on a laissé ces bâtiments se dégrader.

Pour en revenir à la vue vers la Halle au blé, il est vrai qu'aujourd'hui on ne voit que la coupole car le reste est masqué par des arbres (je reviendrai dans un autre article sur ce que je pense à propos de l'abattage de cette végétation), mais est-il certain que le projet retenu de canopée (aussi appelée par certains la "raie manta") n'aura pas comme inconvénient des courants d'air très importants. La question a été posée lors de la réunion publique du 22 juin sans qu'une réponse précise ne soit donnée.

Si les souffles d'air étaient trop violents à cet endroit, on sera alors obligé d'installer des dispositifs comme ceux mis en place sous la Grande Arche de la Défense... Je ne suis pas certain que l'on pourra encore beaucoup profiter de la vue sur la Halle au blé...

L'argument de la vue sur la Halle au blé est donc lui aussi pour le moins discutable. Tout cela alors que, je ne le répèterais jamais assez, le coût du projet est estimé à 763 millions d'euros. Ne pouvait-on pas faire une rénovation des bâtiments existants et dépenser autrement l'argent des contribuables parisiens ?

Je reste très étonné par le fait que non seulement le groupe socialiste mais aussi le groupe UMP ont voté ce projet de réaménagement au conseil de Paris... Parmi les sujets qui méritent que l'on s'oppose à Bertrand Delanoë le chantier des Halles est -me semble-t-il- l'un des plus importants !

CDLXXVI : Un reportage à voir pour les candidats au déménagement

Notre arrondissement est un endroit formidable dans lequel coexistent de nombreuses communautés. On y trouve un nombre particulièrement important de gays et de lesbiennes.

Beaucoup ont souvent des regards bienveillants pour le caractère subvertif des banlieues en révolte. Un ministre de l'Intérieur de gauche (J.-P. Chevènement) s'est même fait tapper sur les doigts pour s'être laisser aller à parler de "sauvageons"... et bien sûr je ne parle pas des procès en sorcellerie fait contre un autre ministre de l'intérieur qui avait fait la promotion d'une marque de nettoyage avec un jet d'eau sous pression (ce qui je l'admets n'était pas forcément son rôle mais le personnage est un peu "sanguin" ce que l'on peut comprendre quand on est confronté à certaines situations humaines).

Je les invite donc à regarder attentivement ce reportage pour les convaincre que dans de nombreux cités de nos "quartiers" (j'ai horreur de cette expression), la vie n'est pas toute rose !

On pourrait d'ailleurs en écrire autant en ce qui concerne la communauté juive qui dans les mêmes quartiers subit souvent une violence au quotidien.

Il y a certaines réalités que l'on a tendance peut avoir tendance à oublier quand on habite dans le 4e arrondissement.

Il serait temps que l'on réagisse vraiment pour mettre fin à cette dérive qui est contraire aux idéaux de la République.

CDLXXV : Un article à propos de l'art de la rue

 

Une affiche à l'angle rue du Renard-rue Saint-Merri photographiée le 15 mai 2009

La fondation Cartier organise une exposition "née dans la rue - graffiti" consacrée à "l'art de la rue" (appelé Street Art en anglais). Les habitants du 4e arrondissement peuvent se contenter d'admirer leurs rues pour réaliser combien la création locale est prolifique... Cela me donne l'occasion de publier un nouvel article consacré à plusieurs productions locales récentes :

 

Square Sainte-croix de la Bretonnerie (réfectoire du BHV) le 7 mars 2009

 

Rue de Moussy le 24 juin 2009

 

Rue de la Verrerie (à côté du magasin du BHV Hommes) le 16 mai 2009

 

Rue Quincampoix à l'angle avec la rue Aubry-le-boucher le 11 janvier 2009

 

Rue Saint-Merri (au niveau du Centre Pompidou le 16 mai 2009)

CDLXXIV : Un décor rocaille assez réussi qui date du... XIXe siècle

Il m'arrive d'être assez sévère avec les styles parfois un peu lourdingues du XIXe siècle qui par exemple sous Louis-Philippe ou sous Napoléon III se sont évertués à copier des formes antérieures sans en avoir le génie.

Voilà une photo pour apporter un bémol à ce jugement. Au 21 de la rue de Rivoli, dans la partie comprise entre la mairie du 4e arrondissement et la rue Saint-Antoine qui donc a été percée sous le second Empire, on trouve cet élégant linteau de porte qui réutilise les motifs du style rocaille fort répandu dans la première moitié du XVIIIe siècle. On y trouve même des coquillages. L'ensemble est assez réussi.

CDLXXIII : Station Pont-Marie-Cité-des-arts : une déco des années 20

J'ai récemment évoqué l'ancienneté de la voûte d'une partie de la station Châtelet de la ligne 7 (article du 25 juillet 2009). La station Pont-Marie est située juste après quand on prend le métro en direction de mairie d'Ivry. Elle porte le nom du pont tout proche qui relie la rive droite à la rive gauche (voir mon article du 7 mai 2008 à propos de ce pont).

Elle porte aussi le nom de "Cité des arts" en référence à ce bâtiment situé juste à côté de la station et qui accueille depuis 1965 des artistes venus du monde entier.

Cette station a été inaugurée en 1926. Elle a conservé le décor de cette époque. Il n'était pas très différent de celui qui avait été choisi quelques vingt ans plus tôt pour la ligne 1 qui en 1900 avait été la 1ère ligne a traversé le 4e arrondissement. On peut y admirer (comme de nombreuses autres stations du métro de Paris), des céramiques assez élégantes. En voici plusieurs vues :

- des cadres qui entourent l'affichage publicitaire :

 

- des détails de la frise qui marque la limite du carrelage dans les couloirs d'accès :

CDLXXII : Une superbe restauration de façade : le "temple de la visitation Sainte-Marie"

 Le temple de la Vistation Sainte-Marie, 17 rue Saint-Antoine, comparaison de deux vues prises le 15 février 2007 et le 6 avril 2009.

Le 4e arrondissement possède un lieu de culte au nom bien étranger : "Le temple de la Visitation Sainte-Marie". Quand on sait la profondeur du culte marial dans la religion calviniste, ce nom peut surprendre. La façade de cet édifice religieux a été restaurée en 2008.

Cette chapelle a été bâti entre 1632 et 1634 pour les soeurs du couvent des Visitandines. L'ordre de la Visitation avait été créé quelques années plus tôt en 1610 à Annecy par François de Sales. Cette chapelle est une des plus belles constructions religieuses de François Mansart. C'est un des bâtiments à coupoles typiques du Paris de cette époque (je pense notamment à l'église du Val-de-Grâce commandée par Anne d'Autriche, la chapelle de la Sorbonne pour Richelieu et pas très loin de là l'église Saint-Paul Saint-Louis construite par les Jésuites). A l'intérieur on peut admirer un décor qui reste très baroque :

Le couvent des Visitandines fut supprimé à la la Révolution (avec la fermeture de toutes les congrégations monastiques). Les turpitudes de notre Histoire nationale firent que ce bâtiment qui par son esprit baroque était une des oeuvres caractéristiques de la Contre-Réforme catholique fut attribué en 1802 au culte réformé : le décor ne correspondait pourtant pas aux recommandations de Calvin mais comme tous les temples calvinistes avaient été détruits sous Louis XIV, il fallait bien que les "Huguenots" puissent enfin avoir des lieux de prière avec la reconnaissance d'un grand acquis du Consulat : la liberté de choisir sa religion et de l'exercer.

La façade du temple de la Visitation Sainte-Marie était dans un triste état comme on le voit sur la photo prise ci-dessus en 2007. Elle a connu d'importants travaux comme on le voit sur la photo ci-dessous :

 

Une photo du Temple de la Visitation Sainte-Marie prise le 23 décembre 2007

Les travaux se sont achevés fin 2008 ce qui nous a permis en cette année 2009 de profiter de cette magnifique façade que l'on peut admirer lorsque l'on remonte la rue Saint-Antoine. Il faut notamment admirer les trophés qui ont retrouvé les consoles placées autour de la coupole et le magnifique fronton situé au-dessus du portail principal :

Espérons que la façade de l'église Saint-Paul-Saint-Louis qui est dans un triste état (voir les nombreux articles que j'ai consacré à la question) et qui est elle aussi située rue Saint-Antoine connaîtra elle aussi une aussi superbe restauration. La majorité du 4e s'est engagée à ce que les travaux soient finis avant la fin de la mandature en mars 2014. Il ne reste donc qu'un peu plus quatre ans et demi !

En ce jour de la glorieuse assomption de la Vierge Marie j'ai une pensée toute spéciale pour mon ami Lionel auquel je dédis cet article !

CDLXXI : Les Billettes, le dernier cloître médiéval de Paris.

  Voici un article que j'avais écrit pour "Le 4e que j'aime" le 11 novembre 2007 et comme dans sa substance, je n'ai rien à dire de mieux, je le republie en choisissant juste de mettre les photos en noir en blanc. :

"Au 22-24 de la rue des archives, on trouve le dernier cloître médiéval de Paris. Un ensemble religieux avait été construit dans cette partie du 4^e arrondissement suite à un fait qui rappelle combien l’antisémitisme sévissait au Moyen-Âge.

En effet, d’après la tradition, cet endroit était le lieu où se trouvait la maison d’un juif nommé Jonathas et qui était usurier. En 1290, une femme qui lui avait déposé en gage ses vêtements pour obtenir de l’argent ne put rembourser sa dette. Jonathas fut accusé d’avoir accepté de rendre les habits en échange d’une hostie que la pauvre personne aurait du rapporter après avoir assister à la messe en l’Eglise Saint-Merri le jour de Pâques. L’histoire est ensuite assez classique : Jonathas aurait tenté de percer l’hostie de plusieurs coups de canifs. Aussitôt un sang abondant se serait mis à couler à grand flot. Ne sachant que faire, Jonathas aurait jeté l’hostie dans une chaudière d’eau bouillante. Celle-ci devint aussitôt rouge comme du sang alors que l’hostie s’élevait au-dessus d’elle. Le quartier fut ameuté. Jonathas fut arrêté et brûlé vif tout près de là, en place de grève (place de l’Hôtel de Ville). Voilà donc une histoire qui rappelle que la communauté juive était présente dans cette partie de Paris dès le Moyen Âge. Elle était victime de préjugés qui se sont renforcés au XIIIe siècle comme le montre les édits pris par Louis IX dans les années 1250.

A la fin du XIVe siècle, pendant le règne de Charles VI, cela conduisit à la décision d’expulser tous les Juifs hors du royaume de France. Les biens de Jonathas furent confisqués au profit du roi Philippe IV le bel qui fit construire sur son emplacement une chapelle expiatoire. Il y établit « l’ordre des frères de la charité » qui y restèrent jusqu’au XVIIe siècle. En 1633, les bâtiments furent repris par l’ordre des « carmes billettes » qui sont à l’origine du nom actuel de ce lieu.

 

 

            Le cloître des billettes tel qu’on le voit aujourd’hui a été construit dans la 1^ère moitié du XVe siècle. C’est un bel exemple de gothique, assez dépouillé, alors que le siècle est normalement caractérisé par un style flamboyant parfois un peu exubérant. A côté, on trouve l’église qui a été complètement reconstruite au milieu du XVIIIe siècle par l’architecte dominicain, le frère Claude. Elle est un bel exemple de construction en style néo-classique. L’ensemble formé par le cloître et l’église a donc une certaine harmonie malgré deux époques de construction très différentes.

Après avoir été fermé au culte pendant la Révolution française, l’empereur Napoléon Ier a installé en ce lieu, en 1808, le consistoire de l’Eglise luthérienne de France. On y trouve aujourd’hui le centre  culturel luthérien. Le cloître accueille régulièrement des expositions qui permettent de le visiter. L’église est un lieu de cérémonie religieuse de l’église évangéliste. Elle accueille régulièrement des concerts. Un magnifique orgue a été installé dans les années 1980.

Le « + » pour les riverains : Il est possible de louer, notamment pour des réunions, une des salles situées dans les étages à droite de l’entrée principale.

 

 

P.S. : J'ai publié le 24 mai 2009 un article pour signaler une des très belles expositions qui s'est tenue au printemps dans ce cloître.

CDLXX : (Humour...encore) Un endroit pour trouver le calme !

En me promenant dans Bath (petite ville touristique du Somerset à l'Ouest de l'Angleterre), j'ai eu une grosse pensée pour le 4e arrondissement en passant dans une rue : la Quiet street, c'est-à-dire la "rue calme".

Je me suis dit que voilà une rue où devraient déménager les habitants du 4e qui souhaitent trouver la tranquillité puisque lors de la 1ère réunion publique consacrée à la rue des Archives et  dans un moment d'exaspération, la maire du 4e, Mme Bertinotti a conseillé aux habitants de changer de quartier s'ils voulaient vivre dans le calme...