DCCCXL : A Paris, on ne démolit pas, meussieu, on "déconstruit"...

 

Les Halles ne font pas partie du 4e arrondissement mais on aura compris que je me sens concerné par le réaménagement des Halles auquel je consacre de nombreux articles. Je me sens directement concerné car le coeur de Paris fait partie de mon espace proche puisque je passe à cet endroit presque tous les jours pour aller travailler.

Je suis sidéré par les déluges de propagande utilisés pour montrer les bienfaits de ce "réaménagement". Je reparlerai très bientôt de l'exposition que je suis allé voir au pavillon de l'Arsenal à ce sujet. Je voulais juste faire ici un petit article pour dire combien j'avais été interpelé par la formulation tartuffesque indiqué sur les panneaux que l'on peut lire sur le chantier depuis quelques jours. Après les arbres qui ne sont pas abattus mais "coupés" d'après les panneaux d'information municipale placardés tout autour du chantier (voir l'article du 24 février 2011), on peut lire que les Pavillons Willerval ne sont pas démolis. Il sont "déconstruits" comme en atteste le mot "déconstruction" que j'ai entouré sur la photo ci-dessus.

Paris semble donc voué à devenir un village Légo où il est possible de construire et de "déconstruire". Une formulation certainement faite pour plaire aux pseudo "bobos" parisiens dont je suis de plus en plus persuadé qu'il s'agit d'un concept aussi creux que la population qu'il est censé désigné. Les Parisiens ont tous une certains conscience et ils finiront par réagir.

J'avais consacré il y a 2 ans un article aux Pavillons Willerval dont je persiste à penser qu'ils n'étaient pas des "bâtiments absolument horribles" pour reprendre mots pour mots l'expression utilisée par Christophe Girard, le maire adjoint à la Culture de Paris et directeur du marketing de LVMH, lors du Conseil du 4e arrondissement de Paris du 29 juin. (voir mon article du 21 juillet 2009). Mais il est vrai que quand on veut se débarasser de son chien, on l'accuse d'avoir la rage !

Monsieur Girard semblait plus attaché à la conservation de la galerie d'Hercule de l'Hôtel Lambert où il avait ses entrées du temps où l'Hôtel était habité par la baronne de Rothschild (il l'a lui même affirmé aussi en conseil d'arrondissement le 26 janvier 2009 [voir mon article du 10 février 2009). Pour ma part, je suis certes attaché à la conservation de l'Hôtel Lambert, pour laquelle j'ai bataillé même si je n'y ai jamais mis les pieds, mais je pense aussi que les pavillons Willerval tout comme les Jardins Lalanne étaient un bel ensemble architectural et paysager du XXe siècle (qui avait certes besoin d'une rénovation) mais il est possible que cela échappe à M. Girard qui fait partie de ceux pour lesquels la "déconstruction" s'imposait.

Il a même écrit un article sur son blog intitulé "Chantier des Halles, enfin des pans de laideurs disparaissent". J'ai laissé un commentaire sur son blog en me demandant si l'adjoint à Culture de la Ville de Paris était autorisé à se comporter comme un Ayatollah qui édicte des fatwas pour nous dire ce qui est beau et ce qui est laid...  (voir son article du 4 mars 2011).  Voilà une inquiétante conception de l'art !

Comments

[Rédigé par : Nizar]

Gloire au "politiquement correct", concept si décrié il y a peu par ceux-là même qui l'ont érigé aujourd'hui en mode de pensée et de comportement imposés.
Coluche et Ginsbourg auraient-ils droit de cité aujourd'hui dans un monde poli (peut-être trop pour être intellectuellement honnête !), à la parole refoulée et aux pensées restreintes ?

[Rédigé par : Gilles Pourbaix]

Bien vu ce commentaire sur la novlangue utilisée par la Mairie de Paris.
Il y a un autre slogan qui rend les habitants du quartier furieux. Au dessus de l'entrée Lescot un slogan : "la vie des Halles continue". Il faut comprendre : pendant les travaux la vie DU FORUM des Halles continue. Encore un des nombreux cadeaux que la Mairie de Paris offre à UNIBAIL-RODAMCO.
Mais pour les habitants du quartier des Halles (car les Halles sont UN QUARTIER où des gens VIVENT) la vie des Halles s'est arrêtée :
- les enfants n'ont pratiquement plus de jardin pour jouer (Mme Giboudeaux où sont vos promesses?)
- les enfants n'ont plus de bibliothèque pour au moins cinq ou six ans (M. Girard, où sont vos promesses?)
- les enfants qui vont au conservatoire sont relogés dans un lieu assez peu adapté à sa fonction (piliers dans la salle de ballet!!!) (M. Girard encore !)
- les enfants qui habitent dans la partie nord du quartier doivent faire tout le tour du chantier pour se rendre à l'école et rentrer le soir) (M. Hucher où sont vos promesses d'un passage nord-sud?)
- les habitants du sud du quartier ne vont plus au marché car trop loin. Ce marché risque de crever. (M. Hucher où sont vos promesses d'un passage nord-sud?)
- on nous promet des travaux bruyants hors des périodes d'ouverture du centre commercial (soirée, matin et dimanche). Encore un cadeau à Unibail.
- nous allons bientôt avoir droit à l'amiante des pavillons Willerval. Déjà des Schtroumpfs ont été vus dans le jardin. Ils avaient des combinaisons bleues et des masques, mais pas les enfants qui ont joué aux mêmes endroits il y a quelques jours. Les photos seront dans la Lettre d'Accomplir qui sort ce week-end.
- les personnes agées n'ont plus de jardin dans lequel se reposer
- les boulistes n'ont plus de terrain de boules
- les employés du Forum et des alentours n'ont plus de lieu pour se reposer
- les habitants du 2ème arr. qui n'ont pas un seul espace vert n'ont plus de jardin
- les promeneurs vont-ils fréquenter les terrasses des cafés avec vue imprenable sur le chantier et café à l'amiante?
Non, la vie des Halles ne continue pas. Elle va s'arrêter comme elle s'était arrêtée il y a 30 ans. Pourquoi tant d'acharnement contre ce quartier qui avait réussi à reprendre vie? Ce quartier est-il condamné à mourir tous les 30 ans? Car dans 30 ans, votre Canopée sera à refaire et il y aura un Maire pour nous expliquer à nouveau la nécessité d'une telle opération. Et il affichera un slogan qu'il croira original: la vie des Halles continue. Et ce slogan sera à nouveau vécu comme une insulte.
Gilles Pourbaix
Président de l'Association Accomplir

[Rédigé par : Monique B-F]

Merci à Gilles Pourbaix pour toutes ces précisions. Je ne reviendrai pas sur ce déni de démocratie que représente le passage à l'acte de ce chantier contre la volonté de la population environnante, et ce scandaleux cadeau fait au commerce avec l'argent du contribuable...Ce qui mériterait de sévères sanctions pénales et, sans doute, l'inégibilité ne donnera lieu qu'à de juteuses opérations...pour qui ? pas pour le contribuable lambda, taillable, corvéable et bernable à merci !