C'est avec beaucoup d'émotion que j'apprends la disparition de Philippe Séguin. Cet homme d'Etat (largement au-dessus de la moyenne de la classe politique) me rappelle plusieurs souvenirs liés à ma jeunesse :
- son rôle comme ministre des affaires sociales dans le gouvernement Chirac de 1986-1988. Alors lycéen, j'étais un de ceux qui dans ma classe de 1ère et de terminale soutenaient les réformes qu'il mettait en oeuvre. Songeons qu'avant lui, il fallait que l'Etat donne son autorisation aux entreprises pour qu'elles puissent procéder à un licenciement ! L'économie administrée était tombée en France seulement quelques années avant la chute du mur de Berlin. A l'époque la Gauche avait crié au scandale. Personne n'est revenu sur cette mesure depuis...
- par la suite, je me rappelle aussi d'une conférence donnée par Philippe Séguin, au théâtre Montensier de Versailles, à propos de la publication parue en 1990 de la biographie de Napoléon III et que je venais de lire quelques semaines plus tôt. Un grand moment d'Histoire.
- en 1992, j'ai fait partie de ceux qui se sont engagés contre le traité de Maastricht (une des rares fois où j'ai collé des affiches dans ma vie). Tout en étant viscéralement européen, je continue à penser que les fameux "critères de Maastricht" sont une absurdité. Cet engagement se faisait à l'époque où à Sce po, la police donnait de la matraque pour tapper sur mes camarades qui avaient osé sortir le drapeau danois lors du passage de François Mittrerrand (qui était venu amphi Boutmy lancer la campagne en faveur du traité).
- en 1994-1995, j'ai pu me reconnaître dans la campagne de Jacques Chirac menée sur le thème de la fracture sociale grâce à l'inspiration éclairée de Philippe Séguin. Je me rappelle notamment d'un meeting très émouvant et enthousiasmant à la Porte de Versailles le 17 février 1995.
Je me suis par la suite éloigné de Philippe Séguin car j'ai fait partie des déçus de la première présidence de Jacques Chirac. Je n'ai pas compris la rigueur Juppé puis la dissolution de 1997 (mais Philippe Séguin n'y était pas pour grand chose).
Par la suite, j'avoue ne pas avoir compris pourquoi en 2001, Philippe Séguin s'était laissé aller à se présenter comme candidat à la mairie de Paris. Cependant, à écouter l'hommage unanime qui lui est rendu à droite comme à gauche, je me dis que j'ai vraiment eu tort et qu'il aurait fait un maire de Paris exceptionnel (lui) !
En tant que président de la Cour des comptes depuis 2004 , il avait montré un sens de l'intérêt général dont l'indépendance d'esprit ne peut faire que l'admiration de l'auteur de ce blog. Il était coléreux, mais je suis mal placé (paraît-il) pour faire ce genre de reproche !
Une pensée très forte pour tous ceux qui ont été ses collaborateurs directs à un moment ou à un autre de sa carrière politique (notamment mon ami Vincent Roger).
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