Nous commémorons aujourd'hui le 65e anniversaire de la libération des camps puisque c'est le 27 janvier 1945 que l'Armée rouge libéra le camp d'Auschwitz. Je tenais à publier cet article aujourd'hui pour évoquer le sort d'une victime décédée dans les semaines qui suivirent en raison de la marche de la mort imposée par les nazis aux rescapés de ce camp qui avait été ainsi en grande partie évacué avant sa libération.
En effet, une exposition consacrée à Hélène BERR se tient au mémorial de la Shoah depuis le 10 novembre 2009. Elle nous permet de découvrir ou de mieux connaître une jeune femme vraiment exceptionnelle.
Le journal d'Hélène Berr est paru en 2008. C'est un témoignage exceptionnel par son humanité et sa lucidité qui nous permet de connaître la vie d'une étudiante juive entre 1941 et 1944 (date à laquelle elle a été déportée).
J'ai appris l'existence de cet ouvrage dès l'été dernier car une collègue de lettres me l'a fait découvrir. Nous ne savions pas encore qu'une exposition serait consacrée à Hélène Berr mais nous avons décidé de faire travailler notre classe de 3e sur la version jeunesse de ce journal. Comme nous le faisons chaque année depuis 2006, nous avons fait une visite pédagogique au mémorial de la Shoah avec les élèves la semaine dernière. Le thème central de la visite de cette année s'imposait : il s'agissait de l'exposition consacrée à Hélène Berr.
Parmi les documents qui évoquent le destin d'Hélène Berr, plusieurs sont émouvants comme par exemple une des étoiles jaunes portées par Raymond Berr, le père d'Hélène Berr. Il est aussi intéressant de voir le décret individuel en faveur de ce dernier pris par le maréchal Pétain et qui suspendait l'application de l'interdiction d'exercer sa profession. La France antisémite de Pétain ne pouvait pas se passer des talents de chimistes de M. Berr. Cela montre l'absurdité de cette législation antisémite.
Un autre document intéressant est celui daté du 13 juillet 1941 où apparaît le nombre de Juifs des arrondissements de Paris et de sa banlieue qui devaient être arrêtés lors de la rafle du Vel d'Hiv quelques jours plus tard. En théorie, ce sont 4 000 personnes qui auraient du être arrêtées dans notre arrondissement.
L'exposition (par des témoignages vidéo) nous permet de plus d'apprendre qu'Hélène BERR faisait partie d'un réseau de résistance qui a sauvé des enfants juifs. Elle n'évoque pas -pour des raisons évidentes- le sujet dans son Journal.
Hélène Berr évoque peu le 4e arrondissement (elle vivait avenue de la Bourdonnais dans le 7e arrondissement et sa vie étudiante était centrée autour du quartier latin). Elle évoque cependant l'arrondissement dans quelques passages, notamment une promenade jusqu'au square de l'archevêché devenu depuis le square Jean XXIII.
Cette exposition est un complément utile à l'exposition "Les Parisiens sous l'occupation" qui s'est tenu il y a 2 ans à la (feue) Librairie de la Bibliothèque historique de Paris (voir l'article du 2 avril 2008). Le Journal d'Hélène Berr montre que ces "années noires" n'empêchent pas des moments de joie intense mais que derrière celle-ci toute l'horreur de l'occupation nazie, de la Collaboration et de la mise en oeuvre de la Solution finale doit être conservée à l'esprit.
L'exposition "Hélène Berr, une vie confisquée" s'achève le 31 mars 2010. Il n'est pas mauvais d'avoir lu le Journal avant de s'y rendre pour comprendre l'intérêt de certains objets exposés (par exemple l'exemplaire dédicacé par Paul Valéry qui sert d'amorce à ce témoignage).
Pour ceux qui ne sont pas dans le 4e, vous pouvez aller sur le site du mémorial de la Shoah qui consacre un dossier très bien fait à l'exposition "Hélène Berr, une vie confisquée".
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