Charles-Alexandre de Calonne peint par Mme Vigée-Lebrun en 1784, collections de la reine d'Angleterre, Windsor Castle.
J'ai publié la semaine dernière un article dans lequel je relatais comment Le Parisien avait fait de l'ironie à propos d'un arrondissement dirigé par une maire professeure d'Histoire à l'Université et dans lequel un panneau d'information de la ville écrivait de manière incorrecte le nom du préfet Haussmann... (article du 14 janvier 2012)
Cependant, j'ai été sidéré d'entendre, lors de la cérémonie des voeux jeudi dernier, la maire du 4e, Dominique Bertinotti faire une longue citation de Calonne, contrôleur général des finances. Elle nous a livré un extrait de son discours de février 1787 devant l'Assemblée des notables dans lequel il expliquait la nécessité de rendre l'impôt plus juste. Elle a fini cette évocation par un hommage appuyé à ce grand visionnaire qu'aurait été le ministre : "L’aristocratie qui aurait dû consentir à quelques abandons majeurs en matière d’égalité fiscale rejeta d’un revers de main cette réforme, l’envoyant aux oubliettes. Calonne fustigea alors en vain l’égoïsme des aristocrates. On sait que la crise de la dette publique fut un des fondements principaux de la Révolution, même si à l’approche de 1789, s’y ajoutèrent les dimensions politique, économique et sociale. ".
Etant agrégée d'Histoire professant à l'Université (je ne suis pour ma part q'un modeste agrégé d'histoire-géographie en collège), il est étrange qu'elle ne nous ait pas aussi expliqué qui était Charles-Alexandre de Calonne...
Voici le commentaire que j'ai laissé sur son blog dans l'article où elle reproduit son discours :
J'ajoute en plus ce ce commentaire que le discours de 1787 est prononcé par un personnage qui sait qu'il n'a plus rien à perdre tant il est détesté de tous et qu'il s'agit pour lui d'une tentative de propagande afin de détourner l'ire de l'opinion publique contre la noblesse (qui certes avait des privilèges insupportables).
Il aurait été beaucoup moins périlleux de citer des grands personnages tels que Turgot ou Necker qui eux n'ont pas laissé la sinistre réputation de Calonne ! Leur sens de l'Etat et de l'intérêt général font encore aujourd'hui l'admiration générale (en tout cas pour ceux qui connaissent encore un peu cette période).
Monsieur, je vous lis et ne puis que sourire. Il est en effet regrettable que nos édiles se choisissent des modèles sur lesquels il y a tant à redire. Ses propos en effet sont choquants à plus d'un titre, étant moi-meme descendante de ceux qu'elle fustige (apprenez Madame Berninotti que les privilèges que vous assimilez les "niches fiscales" avaient une justification qui doit vous échapper... le service du bien public et de son pays) et puis quelle démagogie dans son discours ! A-t-elle jamais eu froid la malheureuse ? Le reste ne mérite meme pas d'etre cité tant elle est tombée dans les excès, nous parlant pêle mêle des agences de notations (d'origine française là encore, chère Madame le Maire) du krach de 1929 et des homosexuels... J'ai connu des voeux de Maires bien plus éloquents (l'emphase n'est pas synonyme d'éloquence apprenez le) et centrés sur les préoccupations et les compétences des élus locaux. Vous êtes encore maire du 4e madame Bertinotti, c'est déjà un beau mandat que les citoyens ont voulu vous confier, n'excédez pas votre mission : conduire le 4e. Bonne année à votre blog je ne crois pas vous l'avoir dit.
Rédigé par : Maguy | samedi 21 janvier 2012 à 11h44
J'adore.
Et en plus je m'instruis : j'ignorais jusqu'au nom de ce Calonne.
Quel beau pays que le nôtre, tout de même ! Où ailleurs qu'en France irait-on s'empailler sur des déclarations politiques vieilles de plus de deux siècles ?
Continuez, Emmanuel : vous faites œuvre utile – ne serait-ce qu'en obligeant le Cabinet de Madame la Maire à un peu plus de rigueur dans la rédaction des fiches préparatoires à ses discours...
Rédigé par : Frédéric FREDJ | samedi 21 janvier 2012 à 13h00
CHER EMMANUEL
DISPARUE de la population du 4eme depuis l'été dernier par la volonté de la MAIRIE ou j'avais oeuvrée depuis 36 ans au service des habitants de cet arrondissement - je suis maintenant et découvre un autre coin de PARIS - ce n'est pas sans mille regrets que je suis partie et beaucoup d'amis de ce site qui m'ont soutenue à l'époque se souviendrons surement de toutes les difficultés par lesquelles se suis passée - j'en profite pour vous remercier tous et comme nous sommes au début de l'année vous souhaiter pour 2012 mes meilleurs voeux de bonheur santé et que vos projets se réalisent.
merci a toi cher EMMANUEL pour toute ta gentillesse ta disponibilité et continue a nous faire aimer ce quartier dont au fond de mon coeur je ne quitterai jamais.
BISES A TOUS ET ENCORE MERVEILLEUSE ANNEE
SYLVIANE
Rédigé par : LECABEL | dimanche 22 janvier 2012 à 13h19
Sacré elle qui profite des "Voeux" aux habitants du 4eme pour poser sa candidature à la présidence de l'ONU (au moins). Belle démonstration d'ambition.
A entendre la maire se féliciter notamment du printemps arabe tout en oubliant d'en condamner les conséquences et dérives, je m'étonne moins de voir certains personnages du passé ainsi cités et glorifiés.
Pourrait-on imaginer une maire souhaiter à ses électeurs et autres concitoyens une Bonne Année 2212 en citant des extraits du Livre Vert de Khadafi? Car lui aussi se disait ami et défenseur du "peuple" et pourfendeur des riches et puissants.
Avec des élu(e)s qui font autant d'amalgames et qui se prennent pour ce qu'ils/elles ne sont pas, les Ben Ali et autres Fidel Castro, grands amis du "peuple", ont de beaux jours devant eux.
Choquants aussi furent les appels répétés et manifestes de Mme la maire à voter "à gauche". Que ne dirait-on si un édile de droite profitait de la cérémonie des "Voeux" pour inciter de manière aussi éhontée à voter "à droite" ?
On serait "indigné", scandalisé et tout le tralala. On condamnerait la confusion des genres,... et on exigerait des excuses à défaut de démission.
Nizar
Rédigé par : Nizar | dimanche 22 janvier 2012 à 15h35