Depuis fin janvier 2015, on peut voir sur les façades de la caserne Baudoyer (située entre l'Hôtel de Ville et la mairie du 4e arrondissement), une exposition photographique consacrée au 70e anniversaire de la "Liberation des Camps".
Même si M. Landel (le 1er adjoint au maire et qui par ailleurs est tout comme moi professeur d'histoire-géographie) nous a expliqué au Conseil d'arrondissement de janvier qu'il valait mieux parler "d'ouverture des camps" car leur libération n'était pas un but de guerre, je tiens à continuer à utiliser l'expression "Libération des Camps" pour plusieurs raisons. La première est tout simplement une question de pédagogie que j'ai personnellement expérimentée. Quand on explique à des élèves de 3e que les premiers camps de concentration ont été ouverts par dans l'Allemagne nazie dès mars 1933 puis qu'on finit par leur dire qu'ils ont été ouverts par les alliés en 1945. On crée dans l'esprit de jeunes élèves, une difficulté qui n'est pas nécessaire sur un sujet aussi sensible. L'expression "Libération des camps" est beaucoup plus claire, c'est d'ailleurs l'expression qui est choisie pour présenter cette exposition :
Le cartel très bien fait que l'on peut voir à l'extrémité de la rue de Rivoli avant d'arriver sur la place Baudoyer fait un point très clair sur ces mois pendant lesquels les camps ont pu être libérés avec l'invasion du territoire allemand par les troupes alliées :
Cela me conduit à la 2e raison qui fait que je préfère que l'expression "Libération des camps". En effet, de nombreuses photographies sont touchantes car elles montrent combien cela a conduit ceux qui ont survécu à un vrai moment de joie, de soulagement,... de libération. Cela est formidablement illustré par cette photographie prise avec des internés du camp de Dachau
J'ai fait un détail de cette photographie car elle illustre par la variété des visages et des attitudes le retour dans le monde d'individus, d'être humains qui n'en étaient pas à se demander si les camps avaient été ouverts ou bien libérés.
Mon attention a été particulièrement attirée par la photographie qui montre l'arrivée de Léon Blum à l'aéroport du Bourget après la libération du camp de Buchenwald : En effet, pendant ma scolarité à Sce Po, je m'étais particulièrement intéressé aux destins croisés de deux personnages de la IIIe République : Léon Blum (et Pierre Laval). Cette photographie m'a rappelé que le chef du gouvernement du Front Populaire avait été déporté à Buchenwald, camp situé en Thuringe près de Weimar. Cela m'a conduit à me remémorer que lorsque j'étais enfant mon parrain racontait comment son propre père (juif et résistant qui faisait sauter des trains pendant l'Occupation) avait été déporté à Buchenwald où il avait sympathiser avec Marcel Bloch, qui prit quelques mois après la guerre le nom de Marcel Dassault.
De ce fait, une autre photo m'a particulièrement ému. Celle qui montre non pas un personnage célèbre comme Léon Blum mais des inconnus arrivés au Bourget et envoyés en bus dans la joie à l'Hôtel Lutetia (où les déportés étaient accueillis) :
Je me suis dit que parmi ces personnes qui apparaissent sur la photographie il y avait peut-être le père de mon parrain.
Un témoignage qui montre que l'Histoire de la 2nde Guerre mondiale ne doit pas être désincarnée. Il faut qu'on continue à s'appuyer sur les témoins et la Mémoire des témoins pour ne pas en faire un objet historique "froid". A cet égard, la volonté de faire une controverse conduisant à parler d'ouverture des camps et non pas de libération des camps me semble vraiment mal venue. Aucune des personnes concernées n'a parlé d'autres choses que de "Libération".
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