La question des génocides est un sujet qui ne cesse de m'interpeler. Comprendre comment l'Humanité est capable de s'en prendre à une partie d'elle même et à mettre en place des éliminations en masse de telle ou telle population est un sujet qui a tendance à m'obséder.
J'ai conduit de nombreux projets avec mes élèves sur la Shoah en raison de la spécificité de ce génocide (la mise en œuvre d'un processus industriel d'élimination d'une population), mais je me suis aussi intéressé à un autre génocide du XXe siècle : celui subi par les Tutsis au Rwanda en 1994.
La question du génocide arménien m'était beaucoup moins familière même si j'avais quelques connaissances sur le sujet puisqu'il s'agit d'un point à étudier en 3e lors du chapitre sur la 1ère Guerre mondiale.
Cependant, j'avoue que j'ai énormément appris sur ce génocide en visitant la semaine dernière l'exposition "Arménie 1915" qui se tient à l'Hôtel de Ville.
En effet, j'ai été très surpris par la densité et la richesse des documents en grande partie prêtés par le musée d'Erevan sur le génocide arménien. J'ai été frappé avec le fait que comme pour les autres génocides, plusieurs caractéristiques du fait génocidaire sont à l’œuvre :
- la mise à l'écart d'une population et la préparation des esprits à sa déshumanisation en commençant à pratiquer des massacres sporadiques non planifiés
- la décision au plus haut niveau d'un État de la mise en oeuvre d'une extermination systématique.
- un contexte de Guerre qui fait de "l'Autre" un ennemi qu'il faut éliminer à tout prix ce qui conduit à considérer toute faiblesse comme une forme de trahison envers la cause suprême.
- la volonté de détruire les corps mais aussi toute trace de la population exterminée (les lieux culturels et cultuels, les livres, les vestiges).
Il est sidérant de voir que des pratiques qui se retrouveront pendant la 2e Guerre mondiale lors du génocide des Juifs et des Tsiganes sont déjà utilisées en masse : la déportation dans des trains pour animaux, les camps de concentration, les lieux d'extermination en masse.
J'ai choisi de ne pas faire paraître des photographies qui montrent des cadavres ou des squelettes mais ils sont montrés en quantité abondante dans l'exposition (ci-dessous un train de déportation).
Les cartes aussi sont très claires et très bien faites (ci-dessous les camps de concentration situés dans le désert de Syrie) :
Les cartels très abondants sont très instructifs :
Enfin l'exposition présente de nombreux objets personnels qui permettent de prendre conscience du drame subi par des individus qui ont chacun une destinée différente dans cette tragédie.
Toute personne qui s'intéresse à la condition humaine dans sa grandeur mais aussi dans ses moments les plus terribles doit aller voir cette exposition. Le devoir de Mémoire a pour seul but d'éviter que cela recommence. Ce qui veut dire qu'il ne faut pas laisser faire !
Pour finir l'exposition finit sur une note positive : la façon dont la Communauté arménienne a participé à la Nation française.
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