En finissant mon séjour à Berlin, la semaine dernière, j'ai fait une très belle découverte complètement impromptue. En effet le château de Charlottenburg est un palais immense dont la visite en 2007 m'avait pris plusieurs heures. Du coup, j'avais négligé d'aller dans un petit bâtiment situé à l'écart du bâtiment principal : le Neuer Pavillon. Il s'agit en effet d'une création XIXe siècle pour le roi de Prusse Frédéric-Guillaume III signée de l'architecte Karl Friedrich Schinkel (dont le goût est parfois un peu douteux...).
Comme lors de ce nouveau séjour à Berlin, je résidais à Charlottenburg, je me suis dit qu'il serait quand même intéressant d'aller visiter cet édifice qui possède une belle collection (9 tableaux) du grand peintre romantique allemand, Caspar David Friedrich (même si ce dernier est loin d'être mon peintre préféré).
J'ai été très content de me rendre dans cette petite demeure car j'y ai découvert des œuvres d'un peintre allemand peu connu du XIXe siècle inspiré par les vedutte de Canaletto et Guardi du XVIIIe siècle : Eduard Gaertner (1801-1877) . Or parmi les paysages représentés par celui-ci j'ai découvert deux tableaux qui représentent... le 4e arrondissement ! Je me suis alors dit qu'il fallait que j'achète un fotoerlaubnis (une autorisation payante de prendre des photos dans beaucoup de musées allemands) afin de pouvoir faire un article à ce sujet.
Voici celui consacré au 1er tableau que j'ai vu. Il s'agit d'une vue peinte en 1827 avec un soleil de fin d'après-midi depuis le quai de Montebello (qui jusqu'en 1843 s'appelait le quai de la bûcherie) en direction du chevet, du transept Sud et des tours de Notre-Dame.
Le changement le plus important concerne le 1er plan : sur la rive gauche en 1827, on peut observer une multitude de blanchisseuses. En 2016, elles ont été remplacées par une péniche où les touristes peuvent profiter de la magnifique vue sur Notre-Dame
Au 2e plan, les bâtiments médiévaux de l'archevêché que l'on pouvait voir en 1827 ont été détruits. Ils ont été remplacé par une construction néo-gothique dans la verve du XIXe siècle. Quant aux immeubles qui se prolongeaient vers la gauche du tableau ils ont été démoli et remplacé par l'actuel jardin Jean XXIII :
A l'arrière-plan, certains pourraient croire que la Cathédrale Notre-Dame n'a pas évolué. Or, tel n'est pas le cas. En effet, si les tours ont gardé la même silhouette, un changement majeur apparaît à la croisée des transepts : le pinacle (la grande flèche centrale) qui n'existait pas en 1827 :
Comme je l'ai déjà expliqué à propos d'un tableau de Jongkind qui date lui de 1855, ce pinacle n'a été réinstallé que plus tard par l'architecte Viollet-le-Duc pendant les restaurations opérées sous Napoléon III (voir mon article du 1er mars 2015). Cette flèche haute de 45m (90m au-dessus du sol) a été rétablie en 1859-1860 à l'imitation de l'ancienne qui datait de 1220-1230 mais qui avait été détruite à la fin du XVIIIe siècle. Elle est en chêne recouvert de plomb et pèse 750t (sources Paris, Guides bleus, Hachette, 1999). J'ai trouvé un site très intéressant à propos de ce pinacle ==> lien.
On peut donc remarquer que la peinture qui m'a conduit à écrire cet article date de 1827. Ell donne la vision que pouvait avoir Victor Hugo quand il a écrit Notre-Dame de Paris puisque cette oeuvre a été publiée en 1831.
On a beaucoup goûté la présentation synoptique des lieux, 1827 vs 2016
Et découvert que cette flèche est due à Viollet le Duc, si (trop) souvent décrié. Merci EMmanuel
Rédigé par : Vivre le Marais ! | jeudi 05 mai 2016 à 11h50
Hello, j'avais oublié le fait que la flèche n'existait que depuis environ 150 ans. Merci pour le rappel ;) Bonne semaine. Marco
Rédigé par : Marco | lundi 09 mai 2016 à 13h48