L'Indépendant du 4e Arrondissement de Paris

CLXXXVIII : Ce soir : l'énigme des Blancs Manteaux

Ceux qui lisent mon blog Heliosse savent que je suis un grand amateur de romans historiques policiers. J'ai ainsi lu tous les volumes de la série des aventures de Nicolas Le Floch écrits par Jean-François Parot. (Voir par exemple mon compte-rendu du 6e tome).

J'étais dans l'Eurostar mardi soir dernier et donc je n'ai pas pu voir le "1er épisode" de la série diffusée sur France 2.

Pour une raison que j'ai un peu de mal à comprendre, ce n'est que ce soir que sera diffusé l'épisode qui correspond au 1er volume de la série "L'énigme des Blancs-Manteaux" dont le titre ne peut pas laisser indifférent un habitant du 4e arrondissement.

En effet, dans ce volume écrit en 2000 et dont l'action se situe en 1761, Nicolas Le Floch, encore tout jeune, arrive de Bretagne. Il est hébergé chez le commissaire Lardin tout près du couvent des Blancs-Manteaux qui était situé à l'emplacement de cette rue comprise entre la rue du Temple et la rue Vieille-du-Temple (donc dans le 4e arrondissement actuel). Dans les épisodes qui suivent, Nicolas Le Floch aura changé de domicile puisqu'il sera installé chez le sympathique procureur du roi en retraire M. de Noblecourt dont l'Hôtel particulier est situé rue Montorgueil tout près de l'église Saint-Eustache (donc dans l'actuel 1er arrondissement).

Jean-François PAROT est à mes yeux un des meilleurs romanciers de "polars historiques" de la génération contemporaine. Pour ne pas gâcher notre plaisir, il situe ses intrigues dans le Paris du siècle des Lumières. Espérons, bien-sur, que la série diffusée sur France 2 est à la hauteur. Je jugerais personnellement sur pièce ce soir.

Pour ceux qui s'intéressent aux romans historiques policiers qui se situent à Paris, je conseille aussi les livres de Claude IZNER (un pseudonyme de deux soeurs qui écrivent ensemble) qui nous plongent dans le Paris du début de la IIIe République. En suivant les aventures du libraire Niolas Legris, on en apprend beaucoup sur le Paris des années 1880-1890.

Merci à Lionel dont un mail m'a suggéré l'idée de faire cet article.

N.B (suite à la diffusion de l'épisode) : en raison de l'inversion de l'ordre des deux premiers volumes, dans le téléfilm diffusé ce soir, Nicolas Le Floch habitait déjà chez M. De Noblecourt... L'adaptation n'a pas respecté ici ce qui était dans le roman. Ce n'est pas très grave car je trouve que la version télévision redonne assez correctement l'ambiance XVIIIe siècle. De plus, bien sûr cet épisode a quand même beaucoup insisté sur le fait que l'enquête se déroulait pour partie rue des Blancs Manteaux au domicile de l'inspecteur Lardin.

CLXXIX : Place des Vosges... Pourquoi "des Vosges" ?

La place des Vosges est certainement la place la plus célèbre et la plus touristique de l'arrondissement. C'est la 1ère place parisienne à avoir été conçue dans le cadre d'un aménagement urbain. Commencée en 1605 sous le règne d'Henri IV, elle a été achevée sous le règne de son fils, Louis XIII dont la statue orne le centre du jardin (voir un article précédent). C'est un carré presque parfait puisqu'elle fait 140 mètres sur 127 mètres. Cependant, à son origine, elle était appelée la place Royale...

Je ne m'étais jamais demandé à quelle époque cette place avait pris le nom de "place des Vosges". On aurait pu imaginer qu'il s'agissait d'un reste de l'époque où la France avait les yeux tournés vers la "ligne bleue des Vosges" qui servaient de frontière avec l'Allemagne (de 1871 à 1918). Tel n'est pourtant pas le cas !

En effet, dès 1792, avec la chute de la monarchie, la place avait été rebaptisée place "des Fédérés" puis, en 1793, de "l'Indivisibilité". Le nom actuel a été choisi car, en l'an VIII de la République (1799-1800), les Vosges avaient été le premier département à acquitter la totalité de sa contribution. Elle a perdu ce nom à l'époque de la Restauration (1814) pour reprendre le nom de place Royale avant de redevenir en 1831 la "Place des Vosges". En 1852, nouveau retour au nom de place royale (sous le 2nd empire) avant de reprendre en 1870, à la proclamation de la IIIe République, le nom actuel.

Le nom reste donc un hommage  au civisme bien connu des Vosgiens... Un civisme et un sens de l'intérêt général dont mon ami Lionel est un témoignage manifeste !

Sources :

- Alfred FIERRO, Jean-Marc LERI, Andrée JACOB,  Vie et histoire du 4e arrondissement, éditions Hervas, 2001.

- Bernard STEPHANE, Dictionnaire des noms de rues, Mengès, 1977, réédition, 2005.

J'avais écrit sur Héliosse en octobre 2007, un article à propos de la pièce de Corneille, La place royale qui se déroulait dans cette partie de Paris.

CXX : 26 août... un anniversaire à ne pas oublier de fêter

En ce 26 août, un de mes amis du 4e fête ses 22 ans... Je lui dédie tout particulièrement cet article.

J'ai cherché un événement qui s'était déroulé dans le 4e arrondissement un 26 août. C'est à cette date qu'a eu lieu en 1660 l'inauguration de l'Hôtel de Beauvais. Pour comprendre cet événement, il faut faire savoir qui était "Madame de Beauvais".

Il s'agit de Catherine Bellier qui était 1ère dame de chambre d'Anne d'Autriche. En 1653, elle avait été chargée de "déniaiser" le roi Louis XIV alors âgé de 16 ans. Catherine Bellier, âgée déjà de 40 ans, avait déjà une certaine expérience et il semble qu'elle avait la réputation d'avoir la jambe légère. Il paraît qu'elle était très laide puisqu'elle était surnommée "Cateau-la-Borgnesse".

Le roi en tout cas se montra fort reconnaissant puisque Catherine Bellier fut faite baronne de Beauvais. Elle put faire constuire l' Hôtel de Beauvais, dans l'actuelle rue François Miron. Ce bâtiment était la risée de certains car, pour la première fois avec ce genre de grande résidence aristocratique, la construction comprenait côté des rues des échoppes destinées à être louées.

Ce bel édifice (je reviendrai dans un autre article sur son architecture) fut inauguré en grande pompe le 26 août 1660 en présence de la reine-mère Anne d'Autriche et du cardinal Mazarin. Louis XIV venait d'épouser quelques mois plus tôt l'infante d'Espagne Marie-Thérèse d'Autriche.

La reconnaissance du roi pour Madame Beauvais ne s'arrêta pas là. Alors qu'elle était confrontée à des difficultés financières, il lui accorda en 1667, le privilège des carosses et des messageries de Versailles (ville qui ont le sait jouait un rôle de plus en plus importante jusqu'à devenir en 1682 le lieu de séjour de la Cour).

La baronne de Beauvais, malgré son grand âge et sa prétendue laideur, avait un appétit sexuel qui la conduisit à recourir à des services masculins rémunérés. Après la mort de son mari en 1674, elle finit par être si ruinée qu'elle dut s'exiler pour finalement mourir en 1689 à Arrou dans l'Eure-et-Loir.

Voir la recherche très bien faite sur le site "écrits-vains.com".

Bon anniversaire Avishaï !