L'Indépendant du 4e Arrondissement de Paris

MCDXXIII : Gravure du 4e : Un monument disparu peu de temps avant la Bastille : La porte Saint-Antoine

Il y a maintenant plus de 30 ans, alors que j'étais adolescent, j'avais acheté un lot de cartes postales qui représentaient des gravures anciennes de Paris. Je me décide à publier plusieurs articles concernant celles relatives à l'actuel 4e arrondissement.

Sur celle-ci on peut voir la Bastille et la "Porte Saint-Antoine" qui marquait l'entrée dans le Centre de Paris à l'emplacement de l'enceinte de Charles V détruite pendant le règne de Louis XIV.

Voici un détail du plan Turgot pour se remettre en mémoire où cet arc de triomphe était situé (rappelons que sur le plan Turgot des années 1730 le Nord se trouve vers la gauche) :

On peut voir que cette porte Saint-Antoine n'était pas dans l'axe de l'actuelle rue Saint-Antoine (où se trouvait la Bastille) mais un peu plus au Nord (j'expliquerai pourquoi dans un article à paraître) sur ce qui correspond aujourd'hui à la rue de la Bastille où on trouve notamment la brasserie Bofinger.

En cet endroit l'enceinte Charles V du XIVe siècle comportait une des principales portes d'accès  à Paris, la Porte Saint-Antoine. Les rois avaient l'habitude d'y faire leur entrée officielle dans Paris car cela permettait de déboucher sur la rue Saint-Antoine qui était une des plus larges de Paris.

Dès le règne d'Henri III (1574-1589), la porte avait été transformée en arc de triomphe avec une arche unique décorée de chaque côté par une statue représentant un fleuve réalisée par Jean Goujon.

C'est par cet arc de triomphe que Louis XIV fit son entrée solennelle dans Paris en août 1660 accompagné de sa toute nouvelle épouse Marie-Thérèse. En souvenir de ce moment faste de son règne, le roi Soleil fit ajouter deux arcades latérales  en 1670 [afin aussi de faciliter le passage].

Cela a donné à la porte Saint-Antoine l'aspect qu'elle a conservé jusque dans la 2e moitié du XVIIIe siècle, tel qu'on peut le voir sur la gravure que je publie au début de cet article :

J'ai retrouvé une description détaillée de la porte (voir le site http://www.gutenberg.org/files/23484/23484-h/23484-h.htm)

La face qui est du côté du faubourg  est ornée de refands et d'un grand entablement Dorique qui règne sur toute la largeur, et lequel est surmonté d'un Attique, en manière de piédestal continu, aux extrémités duquel sont deux obélisques.

«Dans les niches pratiquées entre les pilastres, sont deux statues qui représentent les suites heureuses de la Paix faite entre la France et l'Espagne en 1660. Celle qui est à main droite tient une ancre au bas de laquelle il y a un dauphin. Cette figure est allégorique à l'Espérance que la France avoit conçue de cette paix qui avoit été cimentée par le mariage du roy Louis XIV avec Marie-Thérèse d'Autriche Infante d'Espagne. L'autre statue est la Sûreté publique qui est désignée par cette figure qui s'appuye sur une colonne avec une attitude et un visage si tranquilles, qu'elle fait connoître qu'elle n'a plus rien à craindre. Ces deux statues sont de François Anguière, et des chefs-d'œuvre.

«Au-dessus de ces niches sont deux vaisseaux qui sont allégoriques à celui que la ville de Paris porte dans l'écusson de ses armes.

«Sur une espèce de console formée par la saillie de la clef de la voûte du grand portique, est un buste du Roy Louis XIV, fait d'après le nature par Girard Vanopstal [Gérard Van Opstal], sculpteur, et qui a été peint en bronze pour le détacher du corps de la maçonnerie.

«Deux figures qui représentent la Seine et la Marne, sont à demi-couchées sur les impostes, et sont regardées comme des chefs-d'œuvre de sculpture. Les uns disent qu'elles sont de Maître Ponce et les autres de Jean Gougeon. Ce qu'il y a de plus constant, c'est que leur excellence fit qu'on les conserva lorsqu'en 1660 on rebâtit cette porte.

L'attique est formé par une grande table de marbre noir au-dessus de laquelle sont les armes de France et de Navarre, en deux écussons joints ensemble, entourés des coliers des ordres de Saint-Michel et du Saint-Esprit, et surmontées d'une couronne fermée. Deux trophées d'armes achèvent de remplir le vuide de ce fronton, au-dessus duquel sont deux statues à demi-couchées, vêtues de long, et ayant des tours sur leurs têtes. Celle qui tient sur ses genoux une couronne fermée et fleurdelisée, représente la France. L'autre tient un petit bouclier et quel es dards, et désigne l'Espagne. Elles se donnent la main en signe d'amitié et d'alliance.

«L'himen qui est plus haut, au milieu d'un attique en manière de piédestal continu, semble approuver et confirmer cette union qu'il a fait naître. D'une main il tient son flambeau allumé, et de l'autre un mouchoir. Les extrémités de ce piédestal continu sont terminées par deux pyramides, aux pointes desquelles sont des fleurs de lys doubles et dorées de même que les boules qui portent ces pyramides. Tontes ces figures sont de Vanopstal, et de quatre pieds plus grandes que le naturel.

«L'inscription qui est gravée en lettres d'or sur la grande table de marbre noir dont j'ai parlé, explique toute cette composition en nous disant que la paix des Pyrénées a été faite et cimentée par les armes victorieuses de Louis XIV, par les heureux conseils de la Reine Anne d'Autriche sa mère, par l'auguste mariage de Marie-Thérèse d'Autriche et par les soins assidus du Cardinal Mazarin.

«Voici les termes dans lesquels cette inscription est conçu

Paci
victricibus
LVDOVICI XIV.
Armis.
Felicibus ANNÆ conciliis
augustis.
M. THERESIÆ nuptiis,
assiduis Julii Cardinalis MAZARINI
Curis
Portæ fondatæ æternum
firmatæ
Præfectus Urbis Ædilesque
sacravere
Anno M. DC. LX

Les deux portes qui sont aux côtés de cette du milieu qui est la plus grande, n'ont été percées qu'en 1672. Comme il paroit par les inscriptions qui sont dans deux tables de l'attique sur l'une desquelles on lit:

LUDOVIGO MAGNO
Præfectus et Ædiles
Anno R. S. H.
1672.

Sur l'autre de ces deux portes est écrit:

Quod Urbem auxit,
Ornavit, Locupletavit.
P. C

Cependant, certains artistes semblaient vouloir refaire complètement ce monument. J'ai ainsi trouvé une gravure de 1679 par Sébastien Leclerc représentant un projet assez grandiose de l'architecte Charles Perrault : La composition prévue était surmontée comme on le voit par une statue équestre du Roi-Soleil.

La porte Saint-Antoine, contrairement à ce qu'on peut lire parfois, n'a pas été détruite en même temps que la Bastille (donc en 1789) : elle avait été démolie quelques années auparavant, en  1778 (ou 1788 d'après d'autres sources), car elle gênait la circulation. La destruction de la forteresse de la Bastille à partir de Juillet 1789 a radicalement réglé le problème.

A lire :

http://www.histoires-de-paris.fr/porte-saint-antoine/

http://www.gutenberg.org/files/23484/23484-h/23484-h.htm

 

 

 

MCDLXVIII : Le 4e arrondissement hier et aujourd'hui : Le Pont Marie en 1874

En visitant le musée André Malraux au Havre (à l'occasion d'une superbe exposition consacrée à Nicolas de Staël), j'ai découvert dans la collection permanente ce tableau de Jongkind daté de 1874.

Il représente le Pont Marie et le quai des Célestins dans un angle légèrement différent de celui que l'on peut voir sur un tableau d'Edmond Sigrist (voir mon article du 26 juillet 2012). Cependant sur les deux tableaux, on reconnaît la silhouette du clocher de Saint-Gervais-Saint-Protais. 

Comme sur une carte postale à laquelle j'ai consacré un article paru le 12 juillet 2011, on peut voir des chevaux en train de s'abreuver au 1er plan :

A droite du tableau, on peut voir avec la signature du peintre, une partie du quai des Céléstins : 

 

Comme on voit, même en Haute-Normandie, impossible de ne pas avoir une pensée pour le 4e arrondissement !

 

 

MCDLXVI : La superbe verrière de Bofinger

Suite à la visite que l'association dont le je suis président, "Le 4e au coeur", a organiséde la brasserie Bofinger, j'avais publié un article consacré à un lieu insolite : les toilettes (voir mon article du 2 juillet 2014)

Voici un nouvel articl consacré à un espace beaucoup plus prestigieux de cette brasserie fameuse située entre la place de la Bastille et la place ds Vosges : la grande verrière qui orne la salle située à l'arrière du rez-de-chaussée.

Les volumes de cette salle sont agrandis grâce aux miroirs situés sur les murs. "De 1919 à 1921, l’établissement, repris par le gendre de Bofinger, s’embellit. L’architecte Legay, le décorateur Mitgen, les maitres verriers Néret et Royé sont chargés du renouveau. [...] c’est un foisonnement Belle Epoque. Par ses débordements, sa profusion de matière, sa superposition de couleurs, ce style, hérité de la fin du XIXème siècle, illustre l’embourgeoisement de la société et son aspiration à la fête"  (site http://www.bofingerparis.com )

C'est dans cette superbe salle que François Mitterrand et ses proches ont fêté la victoire du 10 mai 1981. Cela a fait beaucoup moins de vague qu'un autre président qui a eu la mauvaise idée de fêter sa victoire sur un établissement situé sur les Champs Elysées. Mais c'est une autre histoire !

MCDXLIV : La nef de Paris dans le 4e (épisode n°17) : la nef de la Cité administrative Morland

Voici le 17e volet de la série consacrée aux représentations de la nef de Paris dans le 4e arrondissement. Il s'agit ici d'une des versions les plus modernes avec la nef que l'on peut voir sur le parvis de la Cité administrative du Boulevard Morland (Cité administrative qui doit fermer d'ici peu).

 

MCDXLIII : Terrain de jeu place Teilhard de Chardin : dans le 4e, priorité aux coups bas...

J'ai déjà consacré un article dans lequel j'ai expliqué comment les membres du Conseil de quartier Arsenal ont eu la surprise de voir disparaître les bacs à fleur de la place Teilhard de Chardin en raison de l'installation d'un terrain de jeu provisoire (voir mon article du 1er juin 2014).

Certains se disent conquis -finalement- par la mise en place de cette aire sportive. Etant un partisan de la pratique sportive, je ne peux pas leur donner tort. Par contre, j'ai des doutes sur la hauteur des filets qui ont été mis en place pour retenir les ballons. Plusieurs riverains ont signalé des situations dangereuses lors desquels de jeunes joueurs couraient à travers le trafic pour pouvoir poursuivre rapidement leur jeu.

Il semble que les concepteurs de cette aire de jeu devaient espérer que les joueurs privilégieraient les passes proches du sol. Cela est peut-être dû à une habitude de se laisser aller à des coups bas dans le 4e...

 

 

MCDXXXIX : Des tours dans le quartier de l'Arsenal...

Le pavillon de l'Arsenal est un espace consacrée à l'architecture et à l'urbanisme qui reste à mes yeux trop peu connus des habitants du 4e.

Depuis le 25 mai et jusqu'au 5 octobre 2014, on peut y voir une exposition intitulé "Une monde parfait" qui présente les oeuvres de Martine Feipel et Jean Bechamel avec des évocations de tours et bars d'immeubles que l'on peut voir à Paris : La cité des 4000 (à La Courneuve), le quartier Pablo Picasso (de Nanterre) et les orgues de Flandres (Paris XIXe.

Une des tours du quartier Pablo Neruda de Nanterre (oeuvre de l'architecte Emile Aillaud 1972-1978)

Je ne suis pas sûr que cela donnera envie aux habitants du 4e d'habiter dans ces endroits mais par contre les constructions ainsi juxtaposées sont belles à voir.

 

 

MCDXXXIII : Les animaux du 4e : Les dauphins du sous-sol de chez Bofinger

Voici un nouvel article de la série consacrée aux animaux du 4e. Il concerne des dauphins que l'on peut trouver dans un endroit qui n'est pas accessible à la moitié de la population : les urinoirs de la brasserie Bofinger.

Ces urinoirs ont vu du beau monde puisque la très "chic" brasserie Bofinger était un lieu souvent fréquenté par François Mitterrand. Il y a notamment célébré la victoire du 10 mai 1981.

MCDXIX : La place Teilhard de Chardin de nouveau à la "Une" de l'actualité de l'arrondissement...

La place Teilhard de Chardin, située juste devant le pavillon de l'Arsenal, a été l'an dernier l'objet d'un aménagement longtemps attendu par le Conseil de quartier du même nom. Présenté comme une préfiguration d'un futur jardin, il a fait l'objet d'une importante communication de la part de la mairie en 2013. (Voir mon article du 13 août 2013 : "MCCXCIX : Bacs à fleur Place Teilhard de Chardin : Vérité au delà de la rue Saint-Antoine, Erreur en deça ?")

Les membres du Conseil de quartier ont donc été stupéfaits de voir les jardinières et les bacs à fleur déplacés sans aucune concertation et de découvrir que des installations sportives étaient en cours de réalisation.

Faisant preuve de modération et ne voulant pas tomber dans une polémique stérile, je suggère cependant que le maire du 4e, Christophe Girard, nous explique :

1°) Pourquoi le Conseil de quartier n'a jamais été informé de ce nouvel aménagement ?

2°) A quelle volonté correspond cet aménagement et quelle est sa durée ?

3°) A moyen et long terme, la mairie peut-elle informer davantage le Conseil de quartier, les Parisiens et les habitants sur le devenir de cette place ?

Je n'ai personnellement rien contre l'idée de créer des installations sportives mais l'objectif de végétaliser ce lieu qui est très minéral me paraît encore plus judicieux.

Peut-être en saura-t-on plus lors du Conseil de quartier du jeudi 5 juin.

P.S. Afin d'éviter toute polémique inutile, je tairai la liste des personnes d'horizons très variés qui m'ont contacté pour que je m'intéresse à nouveau à cette place !

 

MCDII : Une carte postale du 4e arrondissement... et du 1er en 1905

Dans ma collection de cartes postales, je possède cet exemplaire intitulé "Souvenirs de Paris. 4e arrondissement". Elle date de la 1ère décennie du XXe siècle comme en atteste le timbre et son cachet qui indique un envoi le 7 septembre 1905 :

Cela est confirmé par la datation indiquée par l'expéditeur de la carte :

La carte comporte un photomontage de 12 vues différentes que je vais commenter rapidement. Certaines sont des incontournables de l'arrondissement avec bien sûr une vue de la façade de la Cathédrale Notre-Dame :

La vue date à peu près de la même époque que le tableau de Maximilien Luce et qui représente ce même endroit. (voir article du 8 mars 2014). Tout comme sur la peinture, on devine un omnibus tiré à par des chevaux circulant sur le parvis, à l'emplacement où on trouve aujourd'hui la statue de "Charlemagne et ses leudes".

Il n'est pas non plus surprenant de trouver une vue de la place de l'Hôtel de Ville :
On remarquera qu'à l'extrémité gauche de la carte, la façade en style néo-byzantin de l'angle du BHV n'était pas encore construite (elle date de la décennie 1910). On remarque aussi un tireur d'une petite charette à bras à droite de la vue.

Les autres choix de vue sont beaucoup moins évidents et font donc l'objet d'un choix que l'on peut commenter.

Outre la cathédrale Notre-Dame, la seule façade d'église qui apparaît est celle de Saint-Gervais-Saint-Protais dont on reconnaît l'ordonnancement très classique :

On remarquera que l'orme de Saint-Gervais avait disparu. Il n'a été replanté que dans les années 1930.

La place des Vosges n'est pas complètement oubliée puisque le graphiste a choisi une vue de la rue de Birague où aperçoit un accès vers cet autre endroit emblématique du 4e arrondissement.

La partie la plus à l'Est de larrondissement est la petite place formée par l'angle de la rue des Tournelles le long de la rue Saint-Antoine où on reconnaît la statue de Beaumarchais :

La tour Saint-Jacques est la grande star de ce montage puisqu'elle apparaît trois fois :  une première vue depuis l'avenur Victoria :

Une vue depuis l'île de la Cité avec le pont-au change, le théâtre de la Ville et la place du Châtelet.

Une autre vue depuis l'île de la cité dans l'axe du Pont-Notre Dame :

Une autre vue montre justement le Pont-Notre Dame depuis la rive Droite :

Ce pont a été très modifié en 1912 car les arches trop rapprochées rendaient la navigation dangereuse (voir mon article du 19 mai 2009). Cette vue montre aussi tout à gauche le tribunal de Commerce et la silhouette du Palais de Justice avec la tour de l'Horloge. On retrouve ces mêmes édifices sur une autre vue :

L'avant dernière vue est à la limite Ouest de l'arrondissement puisqu'elle montre la place du châtelet avec en arrière-plan le début du Boulevard Sébastopol et la Chambre des notaires de Paris :

Enfin, une dernière vue montre la rue de Rivoli :

Le problème est qu'on reconnaît à gauche le Louvre et à droite le pâté de maisons où est situé l'Oratoire du Louvre. Une vue donc prise en plein coeur du... 1er arrondissement. Oupss...

 

 

 

 

 

MCCCLXXXIX : Les animaux du 4e : la façade du 32 rue Saint-Antoine

J'ai depuis plusieurs années commencé une série consacrée aux animaux que l'on peut voir représenter sur les façades du 4e arrondissement. Or, au 32 rue Saint-Antoine, la façade du magasin "Jacadi"  comporte un véritable bestiaire.

Je laisse aux lecteurs le soin de reconnaître les animaux :