Lors du Conseil d'arrondissement du mardi 14 octobre 2008, la majorité a souhaité voter un voeu pour dénoncer la "privatisation" de la poste. L'occasion pour les élus de gauche de montrer une belle unanimité à propos d'un sujet qui dépasse largement le 4e arrondissement.
De même, Laurent, le webmaster du site du PS avec qui j'ai des échanges très courtois, a consacré un article à la question.
Je ne fais pas partie de ceux qui sont, par principe, des adeptes de la privatisation des services publics. Je suis toujours cependant un peu étonné par la façon dont certains défendent la qualité du service public de la poste. L'idée que l'on entend souvent est que le fait que la poste est un établissement public est une garantie du maintien du service public de la distribution du courrier sur l'ensemble du territoire, avec souvent aussi de grands trémolos dans la voix au moment de l'évocation des personnes âgées pour qui la poste serait le seul lieu de convivialité...
Sans remettre en cause totalement la validité des arguments énoncés ci-dessus, je souhaiterais cependant faire certaines remarques :
1°) en ce qui concerne la qualité du service public de la poste, je reste pour le moins circonspect. A chaque fois que je me vois obligé d'aller chercher un recommandé, je prends systématiquement un livre car je sais que le temps moyen d'attente est de 30mn. On peut se demander si un minimum de rationalisation ne serait pas possible. Je suis en effet étonné par le nombre impressionnant de bureaux de poste que l'on trouve dans mon quartier (je dispose de deux bureaux à moins de 500m de mon domicile...) ce qui n'empêche pas le temps d'attente que j'ai signalé ci-dessus.
2°) A propos de la volonté de servir le public, il est à noter que la poste de l'île de la Cité a été en grève pendant 3 jours car la direction avait eu la curieuse idée de vouloir fermer, à partir de fin novembre, les portes à 20h en semaine et de prévoir une ouverture le samedi après-midi de 14h à 17h. (Voir le journal Le Parisien du 17 octobre 2008). On voit à quel point le personnel se fait, ici, une haute idée du service rendu au public.
3°) Je me rends assez fréquemment en Allemagne. Ce pays n'est pas me semble-t-il le pays du far-west ultra libéral. Là-bas, la privatisation de la poste a permis réellement d'améliorer les services rendus au public. J'ai été estomaqué, lors de ma visite à Berlin l'an dernier, quand je me suis rendu compte que l'on pouvait acheter des timbres le dimanche dans les commerces ouverts ce jour-là : la Deutsche Post a installé des points de vente très pratiques hors des postes. Je ne vois pas du tout quel crime il y a là dedans.
L'argument de la couverture de l'ensemble du territoire national est un vrai problème mais en ce domaine, il faut imposer aux entreprises un cahier des charges qui prend en compte les obligations de service public.
Mais surtout, la gauche m'agace quand elle joue les Tartuffes -J'ai déjà évoqué ce thème à propos des effets de tribune relatifs au fichier Edvige- Il faudra que j'y revienne d'ailleurs à propos d'un fichier mis en place pour le personnel des Parcs et jadins de la ville de Paris et auquel Canal + a consacré un long reportage dimanche midi.
Un débat semblable à celui qui concerne la Poste avait eu lieu en juillet 1996 à propos de la privatisation de France Télécom (qui formait jadis un même ensemble public avec la très glorieuse des "P.T.T."). Les partis de gauche, P.S. en tête, prévoyaient une catastrophe nationale. Ils vantaient la façon dont la France avait été équipée en téléphones (et en minitel !) dans les annés 70/80. Lors de la campagne pour les législatives de 1997, l'opposition socialiste s'était engagée à renationaliser sur le champ France Télécom. Le gouvernement Jospin (1997-2002) a étrangement oublié cette priorité... puisqu'en 1998, il a même procédé à une seconde ouverture du capital de l'entreprise...
Avec la Poste le même discours recommence. L'ambiance électrique autour de l'élection du 1er secrétaire du P.S. conduit à une course à l'échalotte où la règle est "plus à gauche que moi tu meurs". Je pense aux effets de tribune de Martine Aubry dont j'ai écouté le discours au congrès de Reims samedi soir. Cette énarque, fille de Jacques Delors, une femme que je respecte pour sa grande intelligence et qui se met à jouer les passionarias du prolétariat moderne, cela me laisse toujours un peu perplexe. A quand un P.S. qui sur le modèle du New Labour ou de la Social-Démocratie allemande acceptera de tenir un discours réformiste non seulement après la prise de pouvoir, mais aussi avant...? Je n'en vois malheureusement pas trace dans les débats actuels au P.S. et cette grande cause autour du "non à la privatisation de la Poste" en est une illustration.
Reste le problème de l'écoute apportée aux personnes âgées. J'ai été témoin, à plusieurs reprises, que même dans le 4e arrondissement, les agents de la poste ont réellement une certaine proximité et une grande disponibilité envers le 3e âge. Il est cependant à mon avis très triste de constater que la Poste soit devenue un des seuls endroits dans lequel une partie de nos aînés trouve une écoute. Les mairies feraient mieux de se poser la question de savoir quelles sont les actions qu'elles devraient mener pour restaurer du lien "inter-générationnel". Si Mme Bertinotti était si préoccupée par le sort des "anciens" on peut se demander pourquoi elle a constitué une équipe municipale qui ne comporte aucun représentant de la population âgée... On peut ainsi se demander pourquoi Jean Lhôpital qui avait été un 1er adjoint remarquable de 2001 à 2008 et dont le nom apparaissait sur la liste lors d'une première diffusion sur Internet en janvier 2008 a finalement été évincé ! Faut-il y voir un excès de "jeunisme" ?
Il est vrai que ces voeux de fin de conseil d'Arrondissement ont un point positif : ils permettent -pas toujours- à Mme Faugeron (la maire adjointe verte) et à Mme Bertinotti (la maire socialiste) d'avoir de rares points d'accord. Je ne suis pas sûr que ces voeux qui portent sur le fichier Edvige ou sur la privatisation de la Poste aîent un grand rapport avec les décisions qui peuvent être prises en Conseil d'arrondissement. Ne vaudrait-il pas mieux que les conseillers se concentrent sur ce qu'ils peuvent faire à leur niveau de responsabilité pour améliorer la vie des habitants du 4e arrondissement ?
Le prochain conseil d'arrondissement a lieu ce soir, mardi 18 novembre à 19h, dans la salle des mariages de la marie du 4e.
M.Lhôpital n'a pas été évincé mais il s'est finalement rétracté. malgré les guillemets à "jeunisme", je reste choqué par l'utilisation de ce terme. Mme Bertinotti est une des rares socialistes à faire confiance et donner une chance aux jeunes. On ne peut que louer cette ouverture d'esprit. Je vous rappelle que dans son équipe de colistiers, il y avait une sexagénaire (Mme de Warren), 3 quinquagénaires (M. Pourriat et Girard et Mme la maire)et un quadra (M. Jean-Baptiste). Je n'y vois pas d'"excès de jeunisme".
Rédigé par : olivier francheteau | mardi 18 novembre 2008 à 16h36
Olivier, tout comme vous-même, Mme de Warren était en fin de liste (je crois même qu'elle était en dernière position : il aurait fallu que la gauche l'emporte avec 80% des voix pour qu'elle siège) et donc elle n'a pas été élue. . Les retraités qui représentent une part importante de l'électorat et qui sont en général des électeurs particulièrement assidus n'ont aucun représentant au Conseil d'arrondissement. Je trouve cela personnellement dommage (même si je ne suis pas directement concerné puisque si j'ai bien lu les documents électoraux je suis né la même année que vous).
En ce qui concerne Jean Lhôpital, je veux bien vous croire même si certains propos tenus m'ont laissé penser que ce n'était pas de gaîté de coeur qu'il n'était pas sur la liste mais je me suis peut-être trompé. Errare Humanum Est...
Rédigé par : L'Indépendant du 4e | mardi 18 novembre 2008 à 23h06