Je pensais avoir été convié aux voeux de la maire de mon arrondissement. Je m'étais trompé. En salle des fêtes, Mme Bertinotti nous a donné jeudi 8 janvier 2009 une leçon de socialisme à la sauce "bravitude", un discours de militante PS, pas celui d'une personne qui dépasse son engagement personnel pour représenter l'intérêt général.
A titre d'exemple, nous avons eu droit à une citation de Gilles Deleuze que j'ai retrouvée sur un blog PS sur le thème c'est quoi "être de gauche ?"Je cite les propos repris (en partie) par la maire "c’est d’abord une affaire de perception. Ne pas être de gauche, c’est quoi ? c’est un peu comme une « adresse postale ». Partir de soi, la rue où l’on est, la ville, le pays, les autres pays, de plus en plus loin. On commence par soi et dans la mesure où on est privilégié et où on est dans un pays riche, on se dit « Comment faire pour que la situation dure ? ». On sent bien qu’il y a des dangers et que cela ne va pas durer. Etre de gauche, c’est l’inverse. C’est percevoir d’abord le pourtour des choses. Le monde, le continent, l’Europe, la France, la rue de Bizerte, moi. [la rue de Bizerte elle a oublié de la citer, encore une trace d'animosité envers M. Delanoë ?] . C’est un phénomène de perception, percevoir d’abord l’horizon. Ce n’est pas par générosité, ni par morale, c’est une question d’adresse postale. Tu vois à l’horizon, tu sais simplement que cela ne pourra pas durer, ces milliards de gens qui crèvent de faim et cette injustice absolue. [...]. Etre de gauche, c’est savoir que les problèmes du tiers monde, sont plus proches de nous que les problèmes de notre quartier. C’est vraiment une question de perception. Pas de belle âme. C’est ça d’abord être de gauche pour moi».
Plusieurs remarques :
- "Ne pas être de gauche, c’est quoi ? c’est un peu comme une « adresse postale ». Partir de soi, la rue où l’on est, ...". Il est vrai que quand on habite -par exemple- une rue de l'ïle Saint-Louis, il vaut mieux ne pas partir de son adresse postale pour montrer une solidarité avec "ceux qui crèvent de faim" (même s'il y en a, malheureusement, qui sont dans cette situation dans le 4e arrondissement).
- 2e : en gros, l'idée maîtresse de la citation de Gilles Deleuze est que tous ceux qui ne sont pas de gauche sont donc des abrutis qui ne regardent que leur nombril. Belle leçon de respect et de tolérance pour les opinions différentes ! De tels propos ont leur place dans un livre engagé ou dans un meeting, mais pas dans une cérémonie officielle de voeux.
Dans son discours, Mme Bertinotti n'a même pas eu un seul mot amical à l'égard des conseillers de l'opposition qui étaient présents avec elle sur la scène (Vincent Roger et Elisabeth Castel). J'ai vraiment le sentiment que ceux qui n'étaient pas dans la ligne politique définie par la maire n'étaient pas les bienvenus et n'avaient pas leur place. Une attitude si sectaire me désole.
Heureusement que certains militants de gauche du 4e arrondissement ont su trouver des mots réconfortants et aimables dans le pot qui a suivi pour que je n'ai pas eu l'impression d'avoir été personna non grata. Certains d'entre eux ont osé avouer qu'ils avaient été "surpris" par le discours très militant de "Dominique". Pour être complètement honnête, il y a même des militants de Mme Bertinotti qui eux aussi se sont montrés sympathiques à mon endroit.
Le discours de jeudi soir me conforte dans mon opposition à la maire actuelle et je me dis que j'ai bien fait de ne pas voter pour elle en 2008 ! Même si j'étais minoritaire, cela me permet de continuer à penser que j'avais fait le bon choix.
A Science po, j'ai appris dans les cours de droit constitutionnel d'Olivier Duhamel qu'une des conditions de la démocratie était le respect -par chacun- des opinions des personnes qui pensent différemment. Il faudrait que les chantres de la prétendue "démocratie participative" se souviennent de cette règle de la démocratie -tout court-.
Les propos de Mme Bertinotti ne m'empêchent pas de lui adresser tous mes meilleurs voeux, notamment de réussite, pour 2009. (Il semble que cette femme a des ambitions qui dépassent "l'horizon" du 4e arrondissement et qu'effectivement elle regarde beaucoup plus loin que son "adresse postale"). Je n'ai pas eu l'occasion de le faire jeudi soir car étonnamment nous ne nous sommes pas croisés...
Il est évident que Mme Bertinotti est sectaire, persuadée que seule la gauche est légitime pour parler du bien et du beau. Malheureusement, ce sentiment est partagé au fond d'eux-même par de nombreux sympathisants de gauche, même ceux qui sont personnellement sympathiques et avec qui (par exemple dans les bureaux de vote) nous pouvons avoir de très bons contacts. Un exemple ? Ces personnes sont persuadées d'être celles et ceux qui défendent les droits de la femme, mais ce sont eux qui affichent le soutien de Joey Starr durant l'élection municipale...
Rédigé par : Lionel | samedi 10 janvier 2009 à 19h09
Pas étonnant que Mme Bertinotti zappe la "rue de Bizerte" en citant Deleuze. C'est si loin de Reims !! et puis ça rappelle "déjà" 2012 !!!
Rédigé par : nizar | jeudi 15 janvier 2009 à 19h58