Lors du Conseil d'arrondissement du 2 mars, l'opposition avait déposé un voeu pour que la statue du général De Gaulle, qui jadis se trouvait dans l'escalier d'honneur de la mairie du 4e arrondissement, soit sortie du placard où elle se trouve depuis la prise de pouvoir par Mme Bertinotti en 2001. (Le buste est relégué depuis au dernier étage de la mairie, dans la salle informatique face tournée contre le mur...). Cette oeuvre est signée Bernard Potel, un sculpteur breton toujours vivant qui appartient à la même école artistique que Paul Belmondo.
Mme Bertinotti a accepté de mettre ce buste dans un endroit plus visible : la bibliothèque. Cependant, elle a tenu des propos qui, à mes yeux, portent atteinte à la mémoire de celui qui a conduit la France résistante à partir de 1940 et qui a refondé la République en 1958.
En effet, elle a émis l'idée que, pour elle, une mairie était un lieu neutre et que donc le buste de De Gaulle n'y avait pas sa place. Après que Vincent Roger, le leader de l'opposition municipale lui a rappelé que De Gaulle avait sauvé deux fois la République (en 1940 et en 1958), elle a ajouté qu'en ce qui concerne les événements de 1958, on pouvait en avoir plusieurs lectures... Allusion au fait que le général a longtemps été accusé par une partie de la gauche française d'avoir organisé un coup d'Etat en mai 58. C'était le point de vue défendu par François Mitterrand dans le Coup d'Etat permanent (1964). On pouvait cependant espérer que plus de 50 ans après, ceux qui se sont si bien adaptés aux institutions de la Ve République pendant la présidence mitterrandienne (1981-1995) avait renoncé à une telle lecture...
Pour ma part, je persiste à penser que le buste de De Gaulle a sa place dans la mairie du 4e arrondissement (et pas seulement dans sa bibliothèque). Rappelons par exemple que c'est dans notre arrondissement qu'il a prononcé un de ses plus fameux discours "Paris, Paris outragé, Paris brisé, Paris martyrisé, mais Paris libéré..." le 25 août 1944 place de l'Hôtel de Ville. (Voir la page consacrée au 25 août 1944 sur le site Charles-de-gaulle.org).
Je finis en citant un de mes maîtres à Sce po et que je continue à considérer comme un sage parmi les sages, le penseur humaniste Alfred Grosser qui se range lui-même plutôt parmi les hommes de gauche. Dans le livre La France semblable et différente, Editions Alvik, 2005, on peut lire le passage suivant page 79 "Le général De Gaulle ne voulait pas que le parti qui le soutenait fût identifié à droite. Lui-même n'était pas conservateur, notamment en matière d'éducation. [...] Il estimait les syndicalistes qui avaient résisté plus que la large partie du patronat qui avait accepté de coopérer avec l'occupant". (Je viens d'écrire sur Heliosse un article à propos de ce livre fort intéressant).
Dans le contexte de cet article, je m'étonne de votre formulation "depuis la prise de pouvoir par Mme Bertinotti en 2001"
Notre maire aurait-elle pris la place Beaudoyer à la suite d'un pusch militaire ?
Vous comprendrez sans doute mon questionnement quand je vous aurais précisé que "née en Algérie, j'y ai vécu 1958..."
Rédigé par : Geneviève Bourgoin | vendredi 27 mars 2009 à 15h26
Pour moi l'expression "La prise de pouvoir par Mme Bertinotti" fait référence au film de Rosselini "La prise de pouvoir par Louis XIV". Ce titre avait inspiré en 1993 une conférence, à Science Po, de la regrettée Marie-France Toinet intitulée "La prise de pouvoir par William Jefferson CLINTON". Cette expression souligne qu'un changement de celui qui est en charge du pouvoir conduit à une redistribution complète de la donne. Vous admettrez qu'en 2001, qu'on s'en félicite ou qu'on le regrette, a conduit à un certain changement... A l'époque je pensais que ce changement s'imposait... et je l'ai soutenu.
En ce qui concerne Mai 1958, je n'étais pas né mais il me semble que le général De Gaulle a pris la présidence du conseil après un vote de confiance à l'Assemblée Nationale. Le Gouvernement De Gaulle incluait Guy Mollet, le leader de la SFIO, qui était ministre d'Etat chargé des fonctionnaires de 1958 à 1959. Il ne semble pas que les députés qui ont voté la confiance au général De Gaulle avait une mitraillette braquée sur la tempe !
Rédigé par : L'Indépendant du 4e | samedi 28 mars 2009 à 16h58