Par hasard, il y a deux semaines, en chinant à Londres, j'ai trouvé cette gravure à Portobello Road Market. Je l'ai achetée pour la modique somme de 18 £ (environ 20 €). J'en suis très content car elle représente un lieu que j'aime beaucoup : la place de l'Hôtel de Ville de Paris (qui s'appelait à l'époque la place de Grève, c'est-à-dire la grève du port de Paris).
L'oeuvre est datée de 1822. Le dessin est signé Frederik Nash et la gravure Edward Goodhall. Elle a été fabriquée à Londres.
A cette époque, la façace de l'Hôtel de Ville ne s'étendait pas sur toute la façade de l'Hôtel de Ville, c'est pourquoi on aperçoit un pâté de maison dans le prolongement de l'édifice vers le quai. De plus, un arche que l'on voit bien au 2e plan permettait de prendre une petite rue et de se rendre à l'église Saint-Jean qui a été détruite quand l'Hôtel de Ville a été considérablement agrandi sous Louis-Philippe. (L'édifice actuel recontruit après l'incendie lors de la Commune en 1871 a repris la même occupation du sol). On voit au centre de la façade la statue du roi Henri IV. Le lanternon rappelle celui qui surmonte l'Hôtel de Ville actuelle (voir un premier détail de cette gravure ci-dessous : )
Autres détails qui montrent que cette gravure date du début du XIXe siècle :
- à l'horizon on voit Notre-Dame. On se rend compte que le pinacle (la flêche centrale que l'on trouve aujourd'hui à la croisée des transepts) n'est pas visible. En effet, sa reconstruction est due à la "restauration" opérée de 1841 à 1864 sous la conduite de Viollet-le-duc.
-mais surtout on voit un parasol sur la place. Cela donne l'impression que Paris plage n'est finalement pas une invention de M.Delanoë mais qu'à l'époque les Parisiens pouvaient disposer librement de la place comme ils le voulaient. On peut le constater sur cet autre détail de la gravure :
Les Parisiens et les riverains n'ont plus le bonheur de profiter de cette place car elle est presque sempiternellement occupée par des manifestations organisées par la Ville de Paris (voir notamment l'article du 5 novembre 2008 que j'ai fait à propos des barraquements très moches qui ont défiguré l'endroit pendant l'automne). Lors de son compte-rendu de mandat dans le 4e arrondissement, en décembre 2008, Bertrand Delanoë a osé affirmer que des efforts avaient été faits pour rendre plus souvent la place aux riverains. Or, depuis mi-septembre, la place n'a été libre que 3 dimanche seulement.
J'ai ainsi été conduit lors des questions du public du Conseil d'arrondissement de janvier 2009 à demander à la mairie du 4e pourquoi il avait fallu presqu'un mois pour construire la patinoire qui y était installée jusqu'au 1er mars (voir mon article du 29 décembre à propos de cette très laborieuse installation). Madame la maire a répondu de manière très complète à ma question sur l'occupation de la place de l'Hôtel de Ville... en oubliant d'expliquer ce très long temps d'installation !!
Nous avons dit il y quelques mois à propos de cette esplanade "laissez la respirer !"
Nous aussi, par la même occasion. On respire mal dans le centre de Paris, et pas seulement en raison de la pollution de l'air pour laquelle AIPARIF, consulté récemment, reconnaît ne pas disposer de mesures autres que générales sur Paris, on respire mal parce qu'il n'y a pas ou peu d'espace libre. Le PSMV prévoit explicitement la "respiration" du Marais. Cet objectif doit encadrer sa révision. En attendant, laissez nous ce que nous avons : la place des Vosges et ... l'esplanade de l'Hôtel de Ville pour flaner au grand air.
VlM
Rédigé par : Vivre le Marais ! | mercredi 04 mars 2009 à 09h34