Voilà une décision prise par le Conseil d'arrondissement qui a été mise en oeuvre très rapidement.
En effet, c'est le 30 mars 2009 que la décision a été prise, par un vote unanime, de donner à Marie-Claude Vaillant-Couturier le nom d'une place du 4e située sur le quai de l'Hôtel de Ville. Dès le mois de mai 2009, la plaque a été posée.
Plusieurs raisons expliquent la pose de cette plaque. Mme Vaillant-Couturier a été une riveraine de l'endroit. Tout comme Charles Lederman (voir l'article du 26 janvier 2009), elle fait partie de ces barons du PCF de la grande époque qui était parlementaire dans le Val-de-Marne mais avait une résidence dans notre bel arrondissement.
Mme Vaillant-Couturier a aussi eu un rôle important contre le nazisme. Dans les années 30, elle a rapporté les premières photos prises dans les camps de concentration allemands. Par la suite, pendant l'occupation allemande, elle a elle-même été déportée pour sa participation à la Résistance.
Il s'agit donc incontestablement d'une grande dame du XXe siècle.
Hélas, comme beaucoup de communistes aveuglés par les dogmes idéologiques, Mme Vaillant-Couturier a aussi sa part d'ombre. Elle n'a pas eu le même souci de témoignage concernant les victimes du goulag, le système concentrationnaire soviétique. Vincent Roger, le conseiller UMP de Paris, élu du 4e, a cité un extrait d'un livre d'Alfred Grosser que j'ai moi-même lu très récemment : Mme Vaillant-Couturier a affirmé en 1950 à propos des camps en URSS : "Je sais qu'il n'existe pas de camps de concentration en Union Soviétique et je considère le système pénitentiaire soviétique comme indiscutablement le plus souhaitable dans le monde entier. Je crois que c'est le seul pays où les condamnés, que ce soient des condamnés de droit commun ou des condamnés politiques, touchent un salaire égal à ce qu'ils toucheraient à l'extérieur...". (in Alfred GROSSER, La France semblable et différente, Alvik, 2005). Alfred Grosser a été mon professeur à science po. C'est un intellectuel de bon sens et reconnu pour son humanisme. Dans les pages où apparaissent cette citation, il veut dénoncer la complaisance coupable de certaines grandes figures de la gauche française à l'époque de la Guerre froide. [voir mon article du 23 mars 2009 sur Heliosse).
Christophe Girard, notre adjoint du 4e chargé de la mémoire, a fort justement conclu le débat en affirmant que toutes les grandes personnalités avaient leur part d'ombre.
Il est cependant dommage que cette "place Marie-Claude Vaillant-Couturier" soit située immédiatement à côté de la place en l'honneur du contingent français -sous mandat de l'ONU- de la guerre de Corée (1950-1953). C'est grâce à eux que la Corée du Sud a échappé au totalitarisme que connaît malheureusement la Corée du Nord depuis 1945. A l'époque, les tenants du dogme stalinien dont faisaient partie Mme Vaillant-Couturier étaient de ceux qui dénonçaient la guerre menée par les Américains en Corée comme une agression fasciste.
Je ne suis pas sûr donc que les 287 soldats français morts* pour défendre la liberté en Corée auraient beaucoup apprécié que la place qui leur rend hommage soit voisine d'une place en l'honneur d'une tenante du stalinisme à l'époque où eux-mêmes combattaient.
Une place Marie-Claude Vaillant-Couturier, pourquoi pas ? Bien sûr même. Mais certainement pas juste à côté de la place qui rend hommage aux soldats français morts en Corée.
L'Histoire n'a de sens qu si elle permet de comprendre notre présent. Madame la maire qui est agrégée d'histoire doit bien savoir cela. A l'heure où la Corée du Nord procède à des essais nucléaires, des tirs de missiles et annonce qu'elle ne se considère plus engagée par l'armistice de 1953, cette place "Marie-Claude Vaillant-Couturier" située juste à côté de la place du bataillon français pendant la guerre de Corée est, à mes yeux, une erreur.
(*Sans parler des 33 000 Américains qui y ont eu aussi laissé la vie).
La Corée du Nord est une parfaite illustration des bienfaits du communisme, non ?
Rédigé par : Lionel | lundi 01 juin 2009 à 14h52