Voici le 3e volet de la série que je consacre au réaménagement des Halles.
Parmi, les arguments que l'on entend pour justifier ces travaux, un argument revient fréquemment. Il concerne les "pavillons Willerval" qui portent ce nom en raison de l'architecte qui les a conçus. On y trouve une architecture en forme de palmier et de tourelles le tout recouvert de miroirs .
Ces constructions qui datent des années 1970 sont paraît-il laides... Lors du Conseil d'arrondissement du lundi 29 juin 2009, Christophe Girard l'adjoint à la Culture dans le 4e et pour la ville de Paris a parlé de "bâtiments absolument horribles" L'idée d'après laquelle ce style est en dessous de tout, me rappelle les textes que l'on pouvait lire à la Renaissance, quand les ouvrages d'architecture expliquaient que l'art du Moyen Age était barbare (d'où l'apparition du mot gothique). Plus récemment, l'art industriel était lui aussi complètement décrié d'où la destruction des pavillons Baltard construits aux Halles au XIXe siècle. De nombreux spécialistes s'accordent à trouver du charme à ces constructions de l'ère industrielle.
Cet article est accompagné par quelques photos qui montrent que l'on peut aussi trouver des qualités esthétiques à ces pavillons conçus par Willerval et qui sont caractéristiques des années 1970.
Lors de la réunion de consultation publique du 22 juin 2009, j'ai entendu un 2e argument : ces pavillons n'étaient pas construits pour durer : ils étaient provisoires... J'aimerais rappeler que lorsque la Tour Eiffel a été construite en 1889, il était prévu qu'elle soit détruite dans les 20 ans qui suivraient... Heureusement, Gustave Eiffel a fini par obtenir que sa tour soit sauvegardée au début du XXe siècle pour des raisons initialement techniques : la Tour servait d'antenne ce qui était très utile pour les radios qui étaient une des autres innovations de l'époque. Gustave Eiffel est mort en 1923. Ce n'est que peu à peu que l'admiration pour sa plus célèbre réalisation est devenue quasi unanime.
L'architecte, Jean Willerval, né en 1924, est mort en avril 1996. Il ne peut donc plus aujourd'hui défendre son oeuvre aux Halles. (On lui doit aussi trois tours de la Défense et le musée d'art contemporain de Dunkerque). Qui peut dire que, dans 20 ou 50 ans, on ne trouvera pas dommage la destruction des pavillons Willerval ?
Le 3e argument consiste à dire que ces pavillons Willerval étaient des lieux peu sûrs. Il est vrai que ceux qui se sont autorisés à aller faire un tour sur les terrasses Lautréamont (au 1er étage) peuvent soutenir que cet espace était un lieu de refuge pour de nombreux SDF. Les coins et recoins que l'on y trouve ne sont certainement pas une bonne idée. Cependant, ce problème soulevait un débat relatif à l'aménagement de cet endroit. Fallait-il pour autant faire table rase de toute cette architecture ? On peut légitimement poser la question...
La canopée qui doit être construite pour remplacer les pavillons Willerval est présentée comme la panacée universelle. La brochure de propagande qui est consacrée au projet de réaménagement affirme "sa qualité architecturale"... et évoque "la lumière apaisante qu'elle permet de diffuser". Elle a surtout l'avantage d'augmenter l'espace bâti en surface ce qui permet d'accroître les espaces disponibles. Quant à son aspect esthétique, je ne suis pas certain que l'on puisse juger de sa supériorité évidente sur l'architecture encore aujourd'hui en place. On jugera sur pièce...
Les pavillons Willerval devraient être détruits dès l'an prochain (en 2010). Il serait bon que l'on fasse appel à des photographes professionnels pour garder la mémoire de ces lieux qui ont marqué la vie des Parisiens pendant une trentaine d'années. Je me demande même pourquoi on ne pourrait pas conserver à cet endroit ou ailleurs un ou plusieurs de ces pavillons pour en garder la mémoire. J'ai laissé une remarque en ce sens sur les cahiers de consultation lors du passage de la commission en mairie du 4e.
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