Je commence cet article par l'affiche placardée à plusieurs endroits autour du chantier des Halles sur la clôture qui masque l'oeuvre de démolition générale. Certains seront rassurés d'apprendre que 478 arbres vont être replantés.
Le panneau l'annonce aussi, ce sont 340 arbres qui doivent être "coupés". Il faut en fait, depuis vendredi 18 février, utiliser le passé puisqu'en une seule matinée une grande partie des arbres situés dans tout l'espace central du jardin des Halles ont été tronçonnés. (Un arbre si on ne fait que le "couper" il repousse, mais il s'agit d'un euphémisme pour masquer la triste réalité).
Voici une photo que j'ai réussi à prendre mardi 22 février du nouveau paysage lunaire qu'offre le coeur de l'ancien jardin qu'il est très difficile de bien voir puisque l'ensemble du chantier est presque partout masqué par des panneaux occultants. Seuls les lampadaires ont pour le moment échappé à la destruction...
Je persiste pour ma part à penser qu'il est triste d'avoir dû abattre 340 arbres en faisant comme si les arbres étaient simplement un décor urbain que l'on peut remplacer selon le bon vouloir des paysagistes et surtout des architectes. Je rappelle que l'abattage est justifée principalement car pour permettre la construction de la "canopée" aussi appelée "raie manta" les arbres gênaient : pour un caprice -que je ne comprends toujours pas bien- la gigantesque partie centrale en forme de demi-palmier de la construction doit être montée sur place puis glissée d'un seul tenant jusqu'à son emplacement final. Heureusement qu'il y avait un jardin car autrement il aurait fallu raser plusieurs pâtés de maisons !
Je parlais il y a peu de temps de l'exposition Paris Avant/Après qui comparaît des vues prises dans la 2e moitié du XIXe siècle avec des vues prises aujourd'hui (article du 16 février 2011). On peut désormais suivre la même démarche à propos du Jardin des Halles.Voici une première tentative avec ci-dessous, à gauche, une vue prise le 26 octobre 2009 et, à droite, une autre photographiée le 22 février 2011. Les deux photographies montrent la partie centrale du "Jardin" vue en regardant vers le Sud :
Je rappelle qu'un arbre met des années à parvenir à sa pleine maturité. Ce genre de petit détail écolo semble complètement avoir échappé à nos édiles Parisiens. C'est bien sûr leur droit mais j'ai aussi le droit de penser qu'il s'agit d'une erreur majeure.
Voici pour finir une photo de ces arbres, aujourd'hui disparus, que j'avais prise le 6 août 2009 (et que j'avais fait paraître dans un article du 30 août 2009) :
Pour finir, un proverbe chinois "Quand il n'y a plus d'arbres, il n'y a plus de singes"... tant qu'il reste des consommateurs pour le centre commercial situé en dessous et qui reste ouvert pendant les travaux tout va bien !
Après la candidature malheureuse aux Jeux olympiques pour les J0 de 2012 malgré des soutiens appuyés, après le rejet de sa motion au Congrès socialiste de Reims et la potentielle présidentielle, M. Bertrand Delanoë nous offre un voyage sur la lune... Il faudra penser à inscrire au passif de son bilan cette abomination qu'est la mise en coupe même pas réglée des arbres du centre de Paris ! Napoléon III, lui, a fait des parcs ! M. Delanoë, lui, crée des mètres carrés de commerces inutiles. Envolés les oiseaux, disparues les fontaines, évanouies les allées où jouaient nos enfants, saignés en plein février les arbres déjà grands qui ne repousseront jamais.
Rédigé par : Maguy | jeudi 24 février 2011 à 16h42
Merci pour ce bel article. Vous avez raison de souligner le côté inouï de cet abattage : dans quel jardin parisien a-t-on déjà abattu 250 arbres pour installer une cité de chantier ? L'Hôtel de Ville n'a aucun respect pour les habitants ni les usagers du quartier des Halles, quartier méprisé de nos édiles s'il en est. Ce quartier est juste vu comme un endroit central et très visible, bien commode pour faire un "geste architectural" qui fera parler de lui... Tout ça pour vendre ensuite le centre commercial à Unibail, à un prix d'ami, et en ayant payé tous les travaux. Si la démarche inverse avait été suivie, qu'on ait vendu le centre commercial en l'état, à charge à Unibail de faire les travaux, croyez-vous qu'Unibail aurait osé demander, et que la Ville aurait accepté de sacrifier la moitié d'un jardin public pour y installer un chantier au bénéfice d'un promoteur immobilier ? Nous sommes totalement bafoués à la fois comme usagers et comme contribuables, et ce projet est vraiment honteux.
Et enfin une petite précision, qui ne vous aura sans doute pas échappé : quand la com de la Ville parle de 138 arbres supplémentaires, elle inclut dedans les arbres d'alignement qui seront plantés dans les rues environnantes. Cette petite astuce fait sourire, mais contre toute attente, ça marche auprès des journalistes, qui n'y voient que du feu... En réalité, dans le jardin lui-même, c'est seulement 43 arbres qui seront ajoutés, et qu'on aurait fort bien pu ajouter dès maintenant, sans ravager tout le jardin. En fait, le raisonnement est assez diabolique : on a commencé par prétendre qu'il fallait raser tout le jardin, puis on a estimé que puisqu'on le rasait, on pouvait bien se servir de la moitié de sa surface comme chantier, et aujourd'hui on dit "on aurait bien voulu le garder, mais on en a besoin pour le chantier..."
J'espère qu'il y a un enfer pour les hommes politiques incompétents, et dans ce cas je connais quelqu'un qui devrait certainement finir là-bas.
Rédigé par : Elisabeth Bourguinat, secrétaire de l'association Accomplir | vendredi 25 février 2011 à 09h15
Pourquoi les couper pour en replanter, c'est le retour des shadocks?
Ou bien les arbres plantés le seront jeunes, il faudra alors une bonne vingtaine d'années pour retrouver des arbres de taille conséquente, ou alors seront plantés des arbres âgés ce qui coûte fort cher.
Rédigé par : Laurent Petit | vendredi 04 mars 2011 à 13h20