Temple de la Fraternité (église de la Visitation, bizarrement parfois appelé "temple Sainte-Marie")
Il y a exactement 350 ans aujourd'hui, le 5 septembre 1661, Louis XIV -qui célébrait son 23e anniversaire- mettait en oeuvre (à Nantes) sa décision d'arrêter le contrôleur général des finances Nicolas Fouquet.
Or, pendant l'été, Stéphane Bern a proposé sur France 2 une série d'émissions intitulées Secrets d'Histoire. Je ne suis pas opposé à ce genre de programmes qui permettent de mieux faire connaître au grand public notre passé. Le seul volet que j'ai eu la chance de voir est celui qui était consacré à Nicolas Fouquet (diffusé le mardi 23 août 2011). J'ai été plutôt satisfait de ce que j'ai pu voir. J'ai à cette occasion appris que le ministre, après sa très longue incarcération et sa mort en 1680, avait été inhumé dans le 4e arrondissement.L'émission nous a en effet montré que le tombeau de Nicolas Fouquet devait être situé près du choeur de l'église de la Visitation transformée en temple calviniste depuis Napoléon I er et dont la façade a été magnifiquement restaurée il y a quelques années. (voir mon article du 15 août 2009).
A propos de l'émission de Stéphane Bern, je regrette cependant quelques imprécisions. Il a par exemple dit que Fouquet signifiait écureuil en breton alors qu'il s'agit du patois angevin qui n'a pas grand chose à voir avec le breton. Autre erreur surprenante, il a affirmé que la 1ère femme de Nicolas Fouquet, Louise Fourché de Quéhillac, était "l'unique héritière" d'une riche famille alors qu'il existe encore aujourd'hui des descendants de la soeur de celle-ci, Judith (voir article du blog "notices de famille" paru le 10 octobre 2010).
Sur le fond, Stéphane Bern a beaucoup insisté sur le caractère arbitraire du procès de Nicolas Fouquet et il a rappelé que pour finir la sanction prise par les juges (l'exil) avait été modifiée par le roi qui avait décidé à la place un emprisonnement à vie. Cet acharnement du Roi Soleil est souvent présenté comme un des symboles du pouvoir absolu. Je ne suis pas complètement convaincu par cette vision de l'affaire. Il faut en effet rappeler les précédents. Par exemple, Henri III a décidé la mort d'Henri de Guise en décembre 1588 sans recourir à aucune forme de procès. De même, le jeune Louis XIII a eu la même attitude contre le principal ministre Concini au début de son règne en 1617. On pourrait répliquer que dans ces deux cas, le recours à l'élimination physique était dû à la faiblesse politique du roi qui n'avait pas d'autres issue. Il existe cependant un autre précédent beaucoup plus comparable avec un roi très puissant : Henri VIII d'Angleterre. Celui-ci en 1540 a décidé l'arrestation de son ministre Thomas Cromwell dont l'enthousiasme pour le protestantisme n'était plus du goût du puissant monarque. La mort de ce ministre montre qu'en matière d'absolutisme, Louis XIV n'avait rien à envier au terrible roi anglais.
Une pensée donc aujourd'hui pour Louis XIV qui fêterait son 373e anniversaire et aussi pour Nicolas Fouquet dont la "chute" a eu lieu il y a exactement 350 ans.
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