Comme je l'avais écrit dans un article précédent, le restaurant "Valentino" situé à l'angle de la rue du Renard et de la Verrerie a fermé ses portes au printemps 2011(voir mon article du 3 mai 2011). Il rendait hommage à une star d'Hollywood des années 20, un peu oubliée aujourd'hui : Rudolph Valentino (1895-1926). On trouvait dans la salle de restauration quelques photographies de cet artiste qui faisait se pamer les dames même si ses préférences personnelles n'étaient pas toujours orientées vers elles... Peut être le nom avait-il été choisi pour cette raison.
Rappelons qu'à la mort de cet acteur, 100 000 "fans" suivirent son cerceuil lors de ses obsèques à New York. Le James Dean ou le Mickael Jackson des années 20 !
Pendant l'été 2011, un établissement d'un nouveau nom a ouvert ses portes. La page "Valtentino" a été définitivement tournée mais j'ai été sidéré quand j'ai découvert son nouveau nom : "le Second Empire".
Je sais que Napoléon III a de nombreux adeptes. On comptait parmi ceux-ci le regretté Philippe Séguin. Cependant, nous célébrons (aujourd'hui) le 160e anniversaire du coup d'Etat organisé, le 2 décembre 1851, par le président de la République Louis-Napoléon Bonaparte. On peut donc s'interroger pour savoir si ce choix de "Second empire" est du meilleur goût...
Notre arrondissement est celui où une partie du coup d'Etat a été organisé puisqu'un des "QG" de cette prise de pouvoir violente était la Préfecture de Police où un personnage comme Persigny a beaucoup oeuvré pour la réussite du projet. Dans les mois qui suivirent le coup d'Etat, Louis-Napoléon Bonaparte mettait à bas la IIe République pour installer le "second empire" et devenir empereur sous le nom de Napoléon III :
S'il est vrai que le peuple de Paris a peu résisté à cette prise de pouvoir, on ne peut s'empêcher de penser aux morts qui ont combattu pour la liberté.
Parmi les résistants et les plus résolus opposants au Second Empire, on compte Victor Hugo dont voici un extrait de l'ouvrage "Napoléon le petit" paru en 1852 : " Le fleuve humain en marche, la vague française en avant, la civilisation, l'intelligence, la révolution, la liberté, il [Louis-Napoléon Bonaparte] a arrêté cela un beau matin, purement et simplement, ce nain, ce dictateur, cet avorton, ce néant ! Vous ne voyez donc pas que ce 2 décembre n'est qu'un temps d'arrêt, avant le dernier acte, l'acte suprême et triomphal de la Révolution française".
Peut-être que seuls ceux qui ont la fibre historique et un certain attachement aux libertés peuvent regretter le nom choisi par ce restaurant. J'avoue que je n'ai pas encore testé cette adresse et donc que je ne sais pas si la cuisine me paraît aussi discutable que le choix du nom de l'établissement...
Je pense que les propriétaires ne sont pas forcément enclins à telle ou telle opinion politique en choisissant ce nom. Au vu de la décoration intérieure, je pense qu'il s'agit plus simplement de la poursuite de la "Disneylandisation" de la capitale. "Le second empire" : ça sonne bien aux oreilles étrangères ! Un autre exemple frappant se trouve rue de Rivoli avec "La coopérative". On pourrait se croire dans la vitrine du monde, à Epcot Center en Floride. Ceci dit, j'aime assez ces décorations faites avec soin et goût, mais je ne peux m'empêcher d'y voir une certaine forme de dérive...
Rédigé par : Monier | vendredi 02 décembre 2011 à 14h51