Le jeudi 24 janvier 2013 à 18h a eu lieu l'inauguration d'un établissement scolaire : "l'école Saint Jean-Gabriel". Il s'agit en fait d'un lieu d'éducation très ancien, l'école privée Saint-Merri située au 6 de la rue du cloître Saint-Merri appartenant à la congrégation lazariste qui a ouvert ses portes dans ce quartier en... 1644. Elle a décidé à changer de nom pour éviter les confusions avec l'école publique Saint-Merri située à quelques dizaines de mètres.
L'école privée Saint-Merri a toujours été dans le quartier. Au XVIIIe siècle, elle était déjà située rue du cloître Saint-Merri dans un bâtiment aujourd'hui détruit. Après avoir déménagé quelques rues plus loin, elle s'est réinstallée à la fin du XIXe siècle à son adresse actuelle.
C'est une école sous-contrat qui est sous la tutelle des soeurs de Saint-Vincent-de-Paul. Depuis 1983, la direction est assurée par des laïques. Il est intéressant de souligner que cette école est la première à Paris (secteur privé et secteur public confondu) à avoir accueilli des enfants autistes. Elle a aussi mis en place des dispositifs pour enfants surdoués. Tous les profils sont les bienvenus. Sans renier mon attachement personnel à l'enseignement public (dont je suis un pur produit et où je suis enseignant depuis bientôt 20 ans), je n'ai jamais considéré les établissements privés comme des rivaux. Ils participent à la richesse et à la diversité du secteur éducatif.
Vincent Roger a prononcé un discours émouvant. En effet, Vincent Roger a lui-même été élève dans cette école... il y a quelques années. De plus, il siège au Conseil d'administration de l'école en tant qu'élu de l'arrondissement. La commune et le département ont en effet participé aux financements qui ont permis de rénover les bâtiments. Depuis 2012, un nouveau portail d'entrée donne davantage de visibilité à cet établissement scolaire depuis la rue.
Parmi les autres interventions, je tiens à signaler celle d'un de mes amis : André Moreau, dirigeant de l'APEL (Association des Parents d'Elèves de l'enseignement Libre) dans les arrondissements du centre de Paris. André a remis au nom de son association un chèque qui permettra de compléter l'équipement numérique de l'école.
Le nouveau nom a été choisi pour rendre hommage à Saint Jean-Gabriel Perboyre (1802-1840), un prêtre lazariste condamné à mort pour son activité missionnaire en Chine. Une victime collatérale des tensions entre l'Empire du Milieu et l'Occident dans les temps agités de la première "Guerre de l'Opium entre 1839-1842". (Aucun rapport avec le fait qu'à la même époque Karl Marx ait désigné la religion comme "l'opium du peuple" !). Jean-Gabriel Perboyre a été lié sur un gibet en forme de croix et tué par strangulation. Il a été canonisé en 1996 pendant le pontificat de Jean-Paul II.
Le nom "Jean-Gabriel" fait aussi allusion à l'apôtre Jean (le plus jeune des apôtres) et à l'archange Gabriel (dont le nom me fait inmanquablement penser aux fresques de Lippi au couvent San Marco de Florence). Cela est visuellement mis en évidence par le nouveau logo de l'école (qui changera officiellement de nom à la rentrée 2013). Il a été conçu par un parent d'élève de l'école et sa fille :
Un nom d'un saint victime de l'empire chinois, bel exemple à méditer par tous les asiatiques du quartier et de cette école
Rédigé par : un ancien parent d'enfants d'élèves de Saint Merri | vendredi 08 février 2013 à 20h16
Je remarquais la "concordance des temps" entre une affaire de 1832, celle du massacre du cloître Saint-Merri, ici, dans notre mémoire toponymique que l'on gomme et le martyr de 1840 mais très au loin de l'honorable Saint Jean-Gabriel (Perboyre, mais je n'ai plus l'article sous les yeux puisque je n'ai pu commenter en direct). Aurait-on peur de nos propres mauvais génies et la mondialisation serait-elle la fille de l'exotisme colonial?? Je regrette d'autant plus cette tendance que c'est sûrement l'inverse qui a du présider au choix des responsables de cet établissement, tant il est difficile de maîtriser toutes les composantes d'un choix de désignation,
Maïté Bouyssy, historienne et honoraire (en passe de terminer un volume sur 1834 dans le quartier).
Maïté Bouyssy, historienne et honoraire (en passe de terminer un volume sur 1834 dans le quartier).
Rédigé par : Maïté Bouissy | vendredi 22 février 2013 à 10h13