Chacun a en tête le tableau de Delacroix, "La liberté guidant le peuple". Ce tableau représente la révolution de juillet 1830 au cours de laquelle, entre le 28 et le 30, le roi Charles X fut contraint à abdiquer et remplacé par son cousin Louis-Philippe d'Orléans.
En (re)visitant le Petit Palais, mon attention a été attirée par ce tableau de Victor Schnetz (1787-1870) intitulé "28 juillet 1830, combats devant l'Hôtel de Ville" et qui date de 1838. On y retrouve en effet une composition assez similaire avec le tableau de Delacroix : au Centre le drapeau français est tenu par une femme mais elle s'appuie sur un jeune homme qui brandit un fusil :
Au 1er plan, on retrouve comme dans le tableau de Delacroix, des pavés d'une barricade avec des soldats morts.
De même, on peut voir des personnages qui symbolisent les différentes classes sociales avec des chapeaux à haut de forme de bourgeois, des étudiants (notamment des polytechniciens), des ouvriers, des enfants. A l'arrière plan, dans la fumée, comme dans le tableau de Delacroix on reconnaît aussi les tours de Notre-Dame.
Cependant, on peut aussi observer un drapeau rouge tout à gauche du tableau :
Ce drapeau rouge donne une tonalité très révolutionnaire au tableau. Cependant si on y regarde de plus près, une mention est écrite sur cet étendard :
Il est écrit "vive la charte", c'est-à-dire le texte à valeur constitutionnelle qui faisait de la France une monarchie parlementaire et que le roi Charles X était accusé de ne plus respecter.
Pour ceux qui s'intéressent à l'Hôtel de Ville, on peut aussi remarquer tout à gauche, la façade centrale de l'Hôtel de Ville dont le portail principal était orné d'une statue équestre de Henri IV :
Rappelons qu'après avoir été considérablement agrandi sous Louis-Philippe, l'Hôtel de Ville a été incendié en 1871 et que sa reconstruction pendant les premières décennies de la IIIe République a modifié l'aspect de cette façade Renaissance tout en s'en inspirant (mais la statue équestre de Henri IV n'a pas été réinstallée et est conservée au Musée Carnavalet).
Cette peinture devait orné l'Hôtel de Ville mais le roi Louis-Philippe qui l'avait commandé a dû trouver qu'évoquer des sujets révolutionnaires était un peu trop dangereux, c'est pourquoi tout comme le tableau de Delaroche consacré au 14 juillet (voir mon article du 14 juillet 2017), il a été conservé dans les réserves ce qui lui a permis d'échapper à l'incendie de l'Hôtel de Ville en 1871.
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