L'Indépendant du 4e Arrondissement de Paris

LXXII : Bûcher en place de grève : devoir de mémoire pour le jour de la gay pride

Voici une surprenante photo que j'ai prise rue de Rivoli, sur la place de l'Hôtel de ville, jeudi 26 juin 2008. Ce "bûcher" impromptu a été dressé par le personnel chargé du nettoiement de la Ville de Paris. Je reviendrai je le pense dans un autre article sur la question soulevée par cette manifestation de colère du personnel de la Ville. Ce feu, surprenant en plein coeur de Paris, m'a donné l'idée d'un article à publier le 28 juin 2008 pour la "Gay pride", un jour important pour la communauté homosexuelle très nombreuse dans l'arrondissement.

En effet, la place de Grève, ancien nom de la place de l'Hôtel de ville, était sous l'Ancien Régime un des principaux lieux pour les exécutions publiques. Or c'est en cet endroit qu'à eu lieu en 1750, le dernier "bûcher de sodome" en France. Jean Diot et Bruno Lenoir, surpris rue de Montorgueil, en train de commettre ensemble un acte interdit par la morale de l'époque, furent condamnés à être brûlés pour acte de sodomie. La sentence a été exécutée en place de grève le 6 juillet 1750. Cela nous rappelle qu'il faut lutter contre toutes les discriminations car si on laisse s'exprimer l'intolérance elle peut redevenir "banale" voire légale. Cela ne m'empêche pas on le sait de dénoncer les excès inverses comme je l'ai déjà fait à propos des flyers et comme je le ferai très bientôt à propos de l'affichage dans le Marais.

Source :  devoiretmemoire.org

XLIX : Rue du Bourg Tibourg

Voici un autre article que j'avais écrit sur le 4e que j'aime : )

 

Voilà encore une rue du Marais au nom bien sympathique. Un de mes contacts "facebook" me disait qu'il adorait le nom de cette rue mais avouait qu'il ne connaissait pas l'origine de ce nom étrange.

Pour le comprendre, il faut se rappeler que l'enceinte du Haut-Moyen Âge, construite au Xe siècle pour répondre à la menace Viking, passait un peu plus au sud au niveau de la place Baudoyer (où se trouvait une porte). Un petit bourg s'est développé hors de cette enceinte dans les siècles qui ont suivi. Quand une nouvelle enceinte a été construite par Philippe Auguste, vers 1190, le "Tibourg" est devenu une rue de ce Paris du XIIe siècle.

A l'époque des travaux d'Haussmann, sous le second empire, cette rue devait devenir un vrai boulevard. On peut s'en rendre compte à la largeur de la rue dans sa partie Sud : cela forme une véritable place qui avait vocation à se prolonger vers le Nord dans la logique du XIXe siècle. Heureusement que tel n'a pas été le cas puisque, si bien sûr nous ne voulons pas que notre arrondissement devienne qu'un musée, il aurait été très dommage que des rues avec un tel charme disparaissent.

XXXIX : Rue du Petit Musc : une référence à une activité disparue dans cette rue

Voici un autre article que j'avais publié sur "le 4e que j'aime". La rue du petit musc, située elle dans le quartier de l'Arsenal, a sans doute connu un passé pas très reluisant puisque son nom est une déformation de "La pute y muse" c'est-à-dire "La pute y flâne". Cette rue, qui existait déjà en 1358 et qui était située tout près du port Saint-Paul, était un "val d'amour" pour reprendre la surprenante expression de Jacques HILLAIRET, Connaissance du vieux Paris, Edition Princesse, 1956, page 15.

XXXIII : Enceinte gallo-romaine rue de la Colombe

Voici un autre article que j'avais publié sur le 4e que j'aime :

Rue de la Colombe dans le 4e arrondissement, dans un des rares quartiers préservés par la réorganisation de l'île de la Cité décidée sous Haussmann au XIXe siècle, on peut voir l'emplacement de la plus ancienne enceinte parisienne connue. En effet le pavage au sol - en plus clair sur la photo ci-dessus - signale son emplacement. On ne le remarquerait pas s'il n'était pas signalé par une plaque très discrète apposée sur un mur.

Il s'agit de l'enceinte construite au Bas Empire Romain, au IVe siècle après J.-C. pour faire face à la menace de plus en plus forte d'invasions par les peuples "barbares". Ce mur a été construit avec des matériaux de récupération pris dans les monuments gallo-romains comme on peut s'en rendre compte dans la crypte archéologique située sous le parvis de Notre Dame.

XXX : Le Pont Marie

Voici un pont sous lequel, d'après les guides des bateaux mouches, les amoureux doivent s'embrasser : le Pont Marie. Il s'agit du plus vieux Pont de l'arrondissement.

En effet, le plus vieux pont de Paris, le Pont Neuf, n'est pas dans le 4e arrondissement (il relie le 1er et le 6e arrondissement). Certains ponts du 4e sont construits à l'emplacement de ponts beaucoup plus anciens comme par exemple le Petit Pont et le Pont au Change. Mais, par sa construction et par son aspect le pont Marie est le plus ancien pont du 4e arrondissement : c'est ce qui fait son charme très particulier.

Il a été dessiné par l'architecte Christophe Marie. Sa construction a commencé en 1614 pour relier la rive droite à l'ïle Saint-Louis au moment où celle-ci était l'objet d'un projet d'aménagement. Christophe Marie a même pris en charge le coût de construction en contrepartie d'une concession de terrains sur l'ïle Saint-Louis-. Le pont a été fini en 1635. En 1658, suite au dégel, deux des arches du pont Marie ont été emportés par une crûe avec vingt-deux maisons. Par la volonté de Colbert, le pont a été reconstruit à partir de 1679 mais sans remplacer les maisons disparues. Il a fallu attendre 1788 pour que les maisons qui avaient subsistées soient détruites à la demande de Louis XVI qui voulait une ville plus aérée.

Ce pont fait 92m de long. Il comporte cinq arches de taille différente en forme de dos d'âne (la partie centrale est légèrement plus élevée). C'est un pont en pierre mais la charpente des piles, en bois, est d'origine. Mise à part une petite modification qui date de 1850, il  est donc le seul pont du 4e arrondissement à conserver l'aspect qu'il avait sous l'Ancien régime.

Cet article a été traduit en anglais (article paru le 24 janvier 2010).

XXIV : Journée nationale de la Déportation

Ce dimanche 27 avril s'est tenue la Journée de la Déportation. De nombreuses cérémonies ont été organisées dans le 4e arrondissement puisque ce matin plusieurs gerbes ont été déposées par exemple devant le collège François Couperin ou devant l'école de la rue François Miron. A l'heure où un sinistre personnage ose encore une fois parler de "détail" de l'histoire, il est bon de rappeler que plus de 500 enfants juifs du 4e arrondissement ont été déportés.

Notre arrondissement est particulièrement concerné par cette journée puisqu'on y trouve à la fois le mémorial de la Shoah (quartier Saint-Gervais) et le mémorial de la Déportation (pointe de l'ïle de la Cité). Cela explique la venue cet après-midi du secrétaire d'Etat chargé des Anciens Combattants, Jean-Marie Bockel.

Il est dommage que les habitants du 4e soient trop peu informés de ces cérémonies. Je n'ai moi-même été informé de celles du matin que car je suis membre du Souvenir Français. -J'avais prévu d'arriver à midi et comme le programme a été avancé je suis arrivé trop tard-. Quant à celles de l'après-midi, il a fallu que j'aille sur le site du ministère de la Défense pour en être informer. Remarquons à nouveau que le site de la mairie du 4e arrondissement continue à briller par ses défaillances : rien ni sur la page "agenda", ni sur la page citoyenneté. C'est vraiment dommage car cela reste un bon moyen pour informer la population, notamment les jeunes.

Notons à ce sujet que, si l'idée présidentielle de faire prendre en charge la mémoire d'un enfant déporté par un élève de CM2 était pour le moins maladroite, il serait opportun de mener des actions envers la jeunesse de l'arrondissement pour qu'elle soit associée à ce genre de cérémonie. Evidemment cela demande de la préparation -surtout quand la journée tombe en plein milieu des vacances scolaires-.  Le mémorial de la Shoah, je peux en témoigner, possède un personnel remarquable pour monter ce genre de projet.

XVII : La statue d'Etienne Marcel

Voici un autre article que j'avais écrit pour le 4e que j'aime. J'ai choisi cette photographie pour illustrer mon nouveau blog indépendant et donc je republie cet article :

Pendant longtemps, quai de l'Hôtel de ville, une grande statue située devant l'Hôtel de ville était cachée de la vue par les arbres. La tempête de 1999 a eu au moins un mérite : celui de pouvoir admirer, depuis la Seine, Etienne Marcel à cheval. Cela permet d'évoquer la triste histoire d'un dirigeant de la ville de Paris qui rêvait d'un destin national...

Il faut tout d'abord rappeler qui était Etienne Marcel. Ce personnage né au début du XIVe siècle a occupé à partir de 1354 la fonction de "prévôt des marchands" (l'équivalent actuel du maire). Les temps étaient durs puisque la Grande Peste avait ravagé Paris quelques années plus tôt et que la France était en guerre avec l'Angleterre.

Lors de la bataille de Poitiers (1356), le roi Jean II est fait prisonnier sur le champ de bataille. Il est envoyé à Londres et une rançon est demandée aux Français. La situation devient de plus en plus difficile. Le dirigeant provisoire est le jeune fils du roi, le Dauphin Charles. A Paris, Etienne Marcel joue un rôle prépondérant dans les Etats généraux réunis pour collecter l'argent nécessaire.

En février 1358, une véritable révolte urbaine  éclate à Paris. Etienne Marcel, n'hésitant pas à louvoyer entre les différentes factions - voire à pactiser avec l'ennemi -  et s'appuyant sur la foule tente d'imposer son autorité au Dauphin. Cela se finit fort mal pour lui : après avoir été adulé pendant des années par la population de Paris, le prévôt des marchands est sur le point de prendre la fuite quand il est surpris  près des portes de Paris le 31 juillet 1358 : il est massacré par la foule.

Cette statue, oubliant la triste fin d'Etienne Marcel, a été érigée à cet endroit suite à un concours de 1882. L'artiste choisi était le Toulousain Jean-Antoine Idrac. Il n'a pas pu finir son oeuvre car il est mort de la typhoïde en 1883. Le cheval est donc dû à un autre Toulousain : Laurent Marquestre. Le monument en bronze de 4700 Kg a été inauguré le 15 juin 1888.

La municipalité voulait par cette statue protester contre la décision de laisser la municipalité de Paris sous la tutelle du préfet. Le gouvernement républicain ne souhaitait pas risquer de revivre les débordements révolutionnaires de la Commune de 1871. (Il faudra en effet attendre 1977 pour que les Parisiens puissent élire un maire en la personne de Jacques Chirac). Ironie de l'histoire, le gouvernement de l'époque refusa d'assister à l'inauguration, et c'est le célèbre préfet Poubelle (celui qui a donné son nom à cet objet fort utile pour la propreté des rues) qui inaugura la statue devant un grand nombre de maires invités pour la circonstance...

XV : Impacts de la "Grosse Bertha" sur l'Hôtel de ville

Sur cette photo prise à l'angle Nord-Ouest de l'Hôtel de ville, on peut observer des impacts. Il s'agit d'un témoignage des dégâts subis au printemps 1918 en raison des tirs de la Grosse Berta (Avishaï sur le 4e que j'aime avait publié un article consacré à ces tirs de canon qui ont aussi touché l'église Saint Gervais).

Dans Paris, on trouve un autre bâtiment qui porte de tels impacts de ces obus de 1918 : la face ouest du bâtiment appelé le "Centurial" le long de la rue de Choiseul dans le 2^e arrondissement.

Ces témoignages du passé devraient nous inciter à nous réjouir de l'amitié franco-allemande qui, ne l'oublions pas, est un des apports majeurs de la 2^ème moitié du XX^e siècle.

XIII : Un Saint inconnu au bataillon : Saint Bon

J'ai décidé de republier des articles du 4e que j'aime que j'avais écrit et qui sont "intemporels". Par exemple celui-ci qui concerne une rue dont, grâce à la campagne électorale, je connais désormais certains riverains.

Si on y réfléchit bien, la rue Saint-Bon porte un nom bien étrange. En effet, aucune Eglise, catholique ou orthodoxe, n'a jamais reconnu les actes miraculeux d'un quelconque personnage prénommé Bon.

L'origine de ce nom remonte au XIVe siècle : en effet en 1332, le futur roi Jean II épousa une princesse allemande prénom Juta ou Guta. Comme le nom ne sonnait pas très français, Guta fut traduit en "Bonne" par association d'idée puisqu'en allemand "Gut" signifie "bon". Les lettrés du Moyen-âge étant des gens très logiques, on trouva très rapidement un "Saint Bon" dont on n'avait jamais entendu parler jusque-là... Une chapelle dédiée à ce nouveau saint fut construite dans ce quartier à l'habitat très dense.

Pour la petite histoire Bonne de Luxembourg n'a jamais été reine puisqu'elle est morte en 1349 avant que Jean II ne succède à son père Philippe VI de Valois en 1350. Elle est tout de même la mère d'un de nos plus grands rois : Charles V le sage (1364-1380).

A noter que le récent aménagement d'un espace vert a permis à cette rue de ne plus être une immonde pissotière.

 

X : Un musée méconnu : le musée de Notre-Dame de Paris

Voici un musée du 4e qui est fort mal connu et peu visité alors qu'il est situé juste à côté d'un des sites les plus visités de France : la Cathédrale Notre-Dame de Paris. Il s'agit du musée du même nom situé au 10, rue du cloître Notre-Dame dans la rue qui longe l'édifice religieux côté Nord.

Il est vrai que moi-même qui suis spécialisé en histoire et qui habite le 4e arrondissement depuis 1996, je n'avais jamais visité ce lieu. Il n'est ouvert que trois après-midi par semaine (le dimanche, le mercredi et le samedi de 14h30 à 18h).

Le but de ce petit musée fondé en 1951 est d'évoquer l'histoire de Notre-Dame. Ce ne sont en fait que trois salles qui cependant présentent des vitrines intéressantes pour comprendre l'évolution de la cathédrale Notre-Dame.

Pour les béotiens de l'histoire de ce quartier, on peut découvrir plusieurs plans et gravures qui montrent combien ce quartier était densément construits avant les travaux d'Haussmann au XIXe siècle. De même, on y trouvait un nombre impressionnant d'édifices religieux : St Barthélémy, St Denis de la Chartre, St Germain-le-vieux, St Landry, Ste Marine, la Madeleine, St Pierre des Arcis !

Pour ceux qui connaissent un peu mieux l'histoire du 4e, ils peuvent aussi voir de belles gravuves concernant l'autel très baroque commandé par Anne d'Autriche, les cérémonies de funérailles de certains personnages comme le Grand Condé ou le renouvellement de l'alliance entre la France et la Suisse au début du règne de Louis XIV.

Une vitrine permet aussi de comprendre l'évolution de la façade principale avec un élément que je ne connaissais pas : l'installation d'une grande porte centrale par Souflot au XVIIIe siècle. Cette porte a dû disparaître quand Violet-le-duc a restauré la cathédrale au XIXe siècle avec le souci de lui rendre un aspect médiéval.

Autre intérêt de ce musée, une évocation du sacre de Napoléon Ier à Notre-Dame le 2 décembre 1804. On peut y retrouver des documents qui avaient été visibles au Louvre en 2004 pour le bicentenaire de cette cérémonie : par exemple la fameuse esquisse de David où on voit le geste -un peu ridicule- de Napoléon qui se met la couronne sur la tête.

J'ai aussi découvert grâce à ce musée que le XIXe siècle avait été un moment difficile pour les archevêques de Paris : je savais qu'en 1848 Mgr Affre avait été blessé mortellement alors qu'il intervenait pour empêcher les combats, mais j'ignorais qu'en 1857 Mgr Sibour avait été poignardé à Saint-Etienne-du-Mont et qu'en 1871 MgrDarboy avait été fusillé par les Communards.

Ce petit musée était surveillé par deux monsieurs âgés très sympathiques avec qui j'ai discuté et qui m'ont montré leur grand intérêt pour ce lieu.

Cependant -in cauda venenum- on ne peut que regretter que ce lieu soit si exigu et que la muséographie n'est pas changée depuis 1950. On se croirait dans un musée d'un petit village. C'est charmant mais c'est insuffisant pour l'histoire d'un monument si prestigieux. Certes, il existe deux autres musées sur le même thème (le Trésor de Notre-Dame et celui de la crypte du Parvis Notre-Dame). On ne peut cependant que regretter la situation de celui consacré à l'histoire de la cathédrale. Cela doit néanmoins conduire à rendre hommage à l'association qui jusqu'ici se charge de maintenir ce musée ouvert.