Voici une exposition à ne pas râter : la rétrospective, organisée à la Maison Européenne de la Photographie rue de Fourcy (Paris IVe), consacrée à la photographe américaine Annie Leibovitz.
Annie Leibovitz est une photographe de grand talent. Elle a été conduite à faire des portraits de stars pour les couvertures magazines comme Rolling Stones ou Vanity Fair. J'ai été impressionné par deux facettes de son art dans ce domaine : elle réussi à faire des photos de stars qui tout en dévoilant leur intimité révèle leur humanité profonde. Je pense à des photos de nus et surtout par exemple à celle de Demi Moore enceinte. Cependant, Annie Leibovitz fait aussi des photos de personnages d'Etat pour lesquels elle réussit la gageure de faire des portraits officiels tout en montrant le "moi" profond des figurants. Je pense notamment aux impressionnants portraits de Bill Clinton dans le bureau ovale, de l'équipe J.W. Bush et surtout ceux de la reine d'Angleterre dont un m'a particulièrement fasciné.
De plus, l'exposition propose aussi de splendides paysages notamment de l'Ouest américain et du désert rocheux de Jordanie. L'actualité est aussi présente avec par exemple une photo de la remise en place du quadrige de la Porte de Brandebourg à Berlin en 1990 ou des photographies très saisissantes à propos du génocide au Rwanda en 1994 (une photo d'un mur avec des empreintes rouges laissées par des pieds d'enfants) et de la guerre en ex-Yougoslavie (une photo noir et blanc avec un vélo à côté d'une énorme marque de sang).
Cependant, un autre aspect de cette exposition est riche de philosophie puisque si Annie Leibovitz montre de manière remarquable la beauté des corps et de la jeunesse (très belles photographies d'athlètes prises au J.O. de 1996 à Atlanta), son oeuvre évoque aussi la beauté tragique des êtres humains dans leur vieillissement progressif, dans la maladie et même dans la mort. On le voit notamment avec les photographies familiales consacrées à son père et à sa mère. Mais, surtout, la plus grande force de cette exposition est le message d'amour envoyé à sa compagne la romancière Susan Sontag. De nombreuses photographies évoquent le cancer qui a fini par emporter cette romancière et essayiste américaine en 2004. La plus touchante est celle prise à Pétra dans laquelle Susan Sontag apparaît au loin de dos et pour laquelle, Annie Leibovitz fait un commentaire beau et simple et dans lequel elle rend hommage à ce que sa compagne a pu lui apporter de son vivant.
La rétrospective qui mêle avec un grand équilibre les photographies intimes, les portraits de star, les portraits officiels, les paysages est une grande réussite comme c'est souvent le cas pour les expositions de la MEP. Je pense par exemple à la remarquable exposition consacrée à Martine Barrat à l'automne 2007.
Comme toujours avec les expositions de la MEP, il ne faut pas trop attendre car tous les expositions ne durent que quatre mois. Celle consacrée à Annie Leibovitz s'arrête dans un mois le 14 septembre.
Je persiste à penser qu'il est dommage que cette remarquable institution culturelle située dans le 4e arrondissement, la MEP, ne soit pas davantage connue et fréquentée par les habitants de l'arrondissement.
Je ne suis pas toujours d'accord avec Olivier Francheteau, mais je le remercie pour son article consacré à cette exposition. Cela m'a convaincu qu'il ne fallait pas que je la manque.
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