Voici le 64e volet de la série des statues de l'Hôtel de Ville. Elle concerne le parisien qui est peut-être le plus connu de tous : Molière. La statue est située à gauche du portail le plus souvent utilisé pour entrer dans le bâtiment depuis la place, celui situé à gauche du pavillon central :
Molière, Jean-Baptiste Poquelin est né à Paris avec une certaine imprécision concernant le lieu puisqu'on trouve deux plaques situées pas très loin l'une de l'autre : une au 96, rue Saint-Honoré, l'autre au 31, rue du Pont-Neuf. De même, la date varie puisqu'on trouve deux dates différentes : le 5 et le 15 janvier 1622.
Comédien et auteur de théâtre mondialement célèbre, (ne parle-t-on pas de la langue de Molière pour désigner le français ?), on oublie qu'il a exercé aussi une charge de valet auprès du roi Louis XIV, celle de tapissier. Une fonction déjà exercée par le père de Jean-Baptiste. Je renvoie au très intéressant livre de Mathieu DA VINHA, Les valets de Louis XIV (voir l'article sur Héliosse). Je ne m'étendrais pas plus sur l'oeuve de Molière qui nous rappelle bien des souvenirs de pièces étudiées en classe : Le Médecin malgré lui, Les fourberies de Scapin, L'Avare, les Femmes savantes, Don Juan.
Alors qu'il jouait Le malade imaginaire, Molière a perdu connaissance et il a été transporté à son domicile parisien de la rue Richelieu où il est mort dans l'heure qui a suivi le 17 février 1673. C'est pourquoi on peut voir à l'angle de cette rue avec la rue Molière (dans le 1er arrondissement), une très grande statue de Molière avec une fontaine.
La rue Molière a pris ce nom en 1867. (Elle s'est appelée avant de 1843 à 1867 la rue de la Fontaine Molière).
Rançon de la gloire et de son emplacement, la statue de Molière sur la façade de l'Hôtel de Ville est victime depuis quelques années des prises d'otage. Pendant plusieurs années, le bas de la statue et la plaque où figure son nom ont été masqué par le portrait d'Ingrid Bettancourt jusqu'à la libération de celle-ci en juillet 2008 (voir article du 4 juillet 2008).
Cependant, le portrait d'Ingrid Bettancourt a été remplacé dans les jours qui ont suivi par un nouveau panneau pas très esthétique qui affirme un soutien de Paris pour "tous les otages dans le monde". Le nom de Molière reste donc caché... On suppose peut-être que sa notoriété est suffisante pour que chacun puisse le reconnaître. A moins que finalement, les locataires de l'Hôtel de Ville ne se moquent complètement des statues de l'Hôtel de Ville (ce dont je suis assez persuadé quand on voit le grillage horrible placé devant de nombreuses statues [voir article du 8 février 2010]).
Quand cette affiche a été apposée devant la statue de Molière, aucun français dans le monde n'était victime d'une prise d'otage. Malheureusement, la situation s'est dégradée depuis l'an dernier avec la mort de Michel Germaneau au Mali. De plus, j'ai bien sûr une pensée pour les journalistes Hervé Ghespière et Stéphane Taponier pris en otage depuis le 30 décembre 2009 ainsi que pour les 5 Français retenus au Sahara depuis le 17 septembre 2010. La situation change et se dégrade alors que le panneau reste le même ce qui finit -quand on passe devant depuis des mois et des mois- par risquer de nous laisser à une certaine indifférence ce qui bien évidemment n'est pas le but.
Le plus triste est que, même si les Français dont je viens de parler sont finalement libérés ce qu'il faut bien sûr espérer pour le plus tôt possible, le panneau ne pourra jamais disparaître car on ne voit pas comment la ville de Paris à elle toute seule peut espérer régler le sort des otages de tous les pays du monde entier quelle que soit leur nationalité. On a voulu faire dans le politiquement correct en 2008 à la libération d'Ingrid Bettancourt en mettant ce nouveau panneau mais finalement je ne suis pas sûr que ce soit bien productif.
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