Cela fait plusieurs mois que je n'ai pas consacré un article à une rue du 4e arrondissement (le dernier remonte au 3 août 2011, il était consacré à la rue Crillon).
J'ai décidé d'écrire un article à la rue des Ecouffes car en regardant un magazine écrit dans les années 1960 à propos du Vieux Paris, j'ai appris l'origine du nom de cette rue.
La rue des Ecouffes entre la rue des Rosiers et la rue de Rivoli. Elle fait 164m de long et 12m de large. L'origine de son nom remonte au XIIIe siècle.
La partie Nord de l'actuelle rue s'appelait alors la rue de l'Ecofle (1233) puis elle est devenu la rue de l'Ecoufle en 1300, la rue des Escoufles en 1313. Le nom désigne un rapace, un oiseau de proie. Aucun rapport cependant avec une activité de vénerie dans cette partie du Marais (contrairement à la rue du Fauconnier situé au sud de la rue Saint-Antoine).
En effet, le nom de rue des Ecouffes fait référence au fait qu'au Moyen-Âge, la communauté juive était nombreuse dans ce quartier (jusqu'à l'expulsion générale décidée pendant le règne de Charles VI en 1395). Or comme le prêt d'argent avec intérêt était interdit aux chrétiens par l'Eglise catholique, seule les Juifs pouvaient se livrer à ce type de transaction. On trouvait dans cette rue de nombreux prêteurs sur gage. Le nom est donc une trace d'une forme d'antisémitisme qui était assez banal au Moyen-Âge (je l'ai déjà évoqué à propos d'une statue que l'on trouve sur la façade de Notre-Dame [voir mon article du 28 septembre 2009]).
La communauté juive est redevenue nombreuse dans ce quartier notamment à partir de la fin du XIXe siècle avec l'arrivée d'une population fuyant les persécutions dans l'Est de l'Europe.
Malgré la dévitalisation progressive du secteur de la rue des Rosiers qui tend depuis quelques années à devenir uniquement une zone investie par les marques de mode, la rue des Ecouffes possède encore aujourd'hui quelques commerces qui rappellent qu'il s'agit d'un quartier juif mais cela fait belle lurette qu'on n'y trouve plus de prêteurs sur gages !
Le Robert et le Larousse donnent une origine obscure pour le mot "escogriffe" qui désigne une grande personne mal bâtie. Après avoir trouvé l'origine du mot écouffes, je ne serai pas surpris qu'il y a un rapport avec ce mot. Les vautours sont souvent des escogriffes.
Au n° 20 de cette rue, on peut voir une plaque rappelant que c'est là l'emplacement de la maison où vécut quelque temps avant d'y finir ses jours (en 1674) le peintre Philippe de Champaigne.
Et d'autres personnages illustres ont eux aussi habité dans cette rue.
Rédigé par : MGD | lundi 21 mai 2012 à 16h48