Le 8 mars 2014, j'ai écouté avec beaucoup d'attention , Françoise Charlaix (du Paris Historique) qui proposait à l'association "Le 4e au coeur" dont je suis président une conférence consacrée à François Villon et Paris au milieu du XVe siècle.
Elle s'est longuement arrêtée sur la description d'une oeuvre que je n'avais jamais remarqué : un bas-relief que l'on peut voir au sud de l'abside de Notre-Dame :
D'après les textes hagiographiques, Théophile était un clerc qui vivait en Sicile au VIe siècle. Révoqué par son évêque qui trouvait qu'il était trop charismatique, Théophile trouvant la situation vraiment trop injuste accepta de pactiser avec le diable. C'est la scène que l'on peut voir dans la partie droite du bas-relief :
Théophile (1) entouré par les griffes du diable (2) avec qui il tient un pacte (3). Cependant, la Vierge Marie qui apparaît toute petite (4) intervint pour reprocher à Théophile la trahison qu'il avait commise.
On peut lire dans la partie gauche la suite de l'Histoire :
Théophile se rendit compte de son erreur et il s'agenouilla (8) pour demander à la la Vierge Marie (5) d'intercéder pour lui. Celle-ci apparaît comme le plus grand personnage et le diable est désormais repoussé dans l'angle gauche de la scène (6), il ne peut empêcher la Vierge de lui arracher le pacte (7) par lequel Théophile avait vendu son âme.
D'après la Légende, Théophile, satisfait de cette heureuse issue, raconta cette histoire à son évêque et il fit pénitence. Trois jours après, il mourût et son âme monta directement au Ciel.
Cette Histoire qui montre l'utilité d'intercéder auprès de la Vierge est aussi représentée sur la cathédrale Notre-Dame de Reims ce qui m'a permis de trouver une notice intéressante : http://catreims.free.fr/ico021.htm
On peut tirer plusieurs conclusions de ce récit :
1. Il faut éviter de céder à la colère même quand on considère que la pire des injustices est commise.
2. Même dans les pires égarements, il est possible de se racheter...
Le "Miracle de Théophile", oeuvre du poète Rutebeuf écrite vers 1260, était joué traditionnellement sur le parvis de la Cathédrale.
C'est l'un des premiers monuments connus du théâtre français, à peu près contemporain de la réalisation de ce portail.
Le grand médiéviste Gustave Cohen a osé proposer une reconstitution de cette pièce en Sorbonne en...1933!
MGD
Rédigé par : Marais Quatre | mercredi 09 avril 2014 à 18h07