Plusieurs lecteurs se sont étonnés que je n'ai pas évoqué la question de la fusion des quatre arrondissements qui est l'objet de vives discussions et qui a été à l'ordre du jour du Conseil d'arrondissement du 4e le mardi 2 février puis du Conseil de Paris des 14 et 15 février. (J'ai même une vieille amie qui m'a écrit de Belgique à ce sujet) Cette erreur va être réparée par l'article qui paraît aujourd'hui.
Je précise tout d'abord que je publie cet article en mon seul nom. Il n'engage en rien l'association dont je suis président "Le 4e au coeur", ni ma participation à la Fédération UDI du 4e dans laquelle je suis heureux de représenter la FED. Ces deux casquettes, sans oublier celle de rédacteur de ce blog depuis 2008, rappellent cependant si besoin mon attachement viscéral au 4e arrondissement. [Cet article n'engage pas plus les deux élus de l'opposition municipale qui sont des amis : Jean-Pierre Plonquet pour l'UDI* et Vincent Roger pour LR]
Je voudrais expliquer pourquoi je ne suis pas pas principe hostile à la mise en place d'un "secteur" regroupant les 1er, 2e, 3e et 4e arrondissements sur le modèle des secteurs qui existent à Marseille (où par exemple le 4e est regroupé avec le 5e pour former le 3e secteur). Je vais ci-dessous énoncer des arguments qui pour certains sont assez proches de ceux donnés par le maire du 4e arrondissement lors du Conseil d'arrondissement du 2 février 2016 (avec lequel on ne peut m'accuser de la moindre collusion).
Dès 2012, j'avais écrit un petit opuscule consacré à la citoyenneté à Paris. J'y décrivais le fonctionnement du Conseil d'arrondissement du 4e. J'y expliquais pourquoi -à mes yeux- il serait bon de regrouper le 4e arrondissement avec les autres arrondissements du Centre en raison du faible nombre d'élus pour le 4e (treize à l'époque et douze depuis la réforme de 2013 appliquée depuis les élections de mars 2014). En effet, cette situation rend difficile la représentation de la diversité de la population. J'avais noté, par exemple, que le Conseil d'arrondissement ne comptait à l'époque aucun senior alors que les personnes âgées représentent une part non négligeable du 4e (20% d'après mes calculs de l'époque) De même on peut noter que malgré le caractère cosmopolite du 4e, aucun conseiller d'arrondissement ne représente les citoyens européens depuis le renouvellement du Conseil d'arrondissement en mars 2014 (une ressortissante cisalpine a été reléguée en fin de la liste de Gauche n'a servi que de faire-valoir de la citoyenneté européenne sans cependant être élue)
Si le 4e élisait une municipalité de secteur en commun avec les 1ers, 2e et 3e arrondissement, ces élus de représenteraient 101 764 habitants. Dans cet ensemble le 4e arrondissement ne serait ni sur ou sous représenté puisqu'il correspondait à 27% de la population. Avec un conseil représentant 101 000 habitants, le nombre total d'élus de l'arrondissement serait approximativement 24. Cela permettrait davantage de représenter la diversité de la population au moment de la composition des listes. De plus dans ce cas, l'opposition serait certaine d'avoir plus de deux élus dans les débats des Conseils d'arrondissement.
En outre, la répartition des conseillers de Paris conduit à un véritable déni de démocratie puisque dans trois arrondissements sur les quatre du Centre, la liste qui obtient la majorité empoche systématiquement le seul siège à pourvoir (dans le 1er arrondissement) ou les deux sièges (dans le 2e et le 4e arrondissement). Avec le système actuel, l'opposition qui a obtenu 49,8% des sièges dans le 4e n'est pas représentée au Conseil de Paris. En mettant en place une mairie de secteur des 1er, 2e, 3e et 4e, celle-ci serait représentée au Conseil de Paris par 8 conseillers. Sur ces 8 élus, l'opposition pourrait avoir une représentation au Conseil de Paris et elle aurait vocation à représenter l'ensemble de l'opposition du secteur (et pas seulement tel ou tel arrondissement).
Enfin, il est certain que les représentants des arrondissements du Centre de Paris sont considérés avec un certain mépris par les élus des autres arrondissements beaucoup plus peuplés. Avec près de 100 000 habitants, le maire de secteur aurait davantage voix au chapitre. Il représenterait plus de citoyens que le maire du 5e, 6e, 7e, 8e, 9e ou 10e arrondissement.
Il est vrai que cette réforme a quelques défauts non négligeables :
1°) Le principal est -comme souvent avec la municipalité actuelle- dû à la méthode. La décision a été annoncée brutalement. Le peu de consultation, mise en place suite à cette initiative, n'était pas achevée que la majorité municipale annonçait déjà un texte final. Bref, encore une fois, ce sentiment toujours désagréable qu'il s'agit de manœuvres qui jettent un soupçon désagréable de combine politique.
2°) Dans l'organisation actuelle, un des 4 arrondissement est géré par l'opposition municipale de Paris (le 1er). Ceux qui vilipendent la réforme proposée insiste sur le fait que cela permettrait à la majorité municipale de gauche de mettre la main sur cet arrondissement qui autrement semble solidement ancré à droite. Un autre soupçon qu'on ne peut pas balayer d'un revers.
3°) Ce secteur réunissant les 1er, 2e, 3e et 4e arrondissement serait par vocation un arrondissement de gauche et que donc, dans la continuité du point précédent c'est une piège pour l'opposition de droite. Je me suis en effet livré à un calcul à partir du total des quatre arrondissements lors de l'élection présidentielle de 2007. Au 2e tour, alors que Nicolas Sarkozy avait obtenu 54% au niveau national, il n'atteignait que 48% (24 421 voix) contre 52% pour Ségolène Royal (26 543 voix). Cependant, je pense au contraire que cette faiblesse de la Droite parisienne dans le Centre de Paris (et encore plus dans l'Est) est le symptôme du fait que la Droite telle que voulait l'incarner Nicolas Sarkozy (et ceux qui le soutiennent à Paris), ne colle pas aux aspirations d'une grande partie de l'électorat parisien et notamment celui des arrondissements concernés par la réforme. Le jour où les partis de Droite et du Centre seront sur la même longueur d'ondes que la majorité des Parisiens, la reconquête du secteur composé par les 1er, 2e, 3e et 4e ne sera plus un problème en soi. Cette démonstration a failli être faite par la liste de Vincent Roger dans le 4e arrondissement en mars 2014 : avec une liste et un programme raisonnable, non sectaire et au plus près des aspirations des habitants, elle a été toute proche de la victoire. Il faudrait continuer plus loin dans cette voie pour espérer l'emporter cette fois non plus à l'échelle du 4e mais de ce nouveau secteur. Par contre, il est sûr que la vieille droite à papa aura peu de chance d'y faire recette !
La fusion des 1er, 2e, 3e et 4e arrondissement dans une mairie de secteur doit conduire à renouveler les pratiques politiques. Ceux qui trouvent géniale la situation actuelle dans laquelle finalement de toute façon la majorité actuelle dirige la Ville de Paris se contentent d'un pis-aller pour défendre des intérêts étriqués.
Donc pour ma part, je dis chiche ! Allons vers la fusion et c'est à l'opposition municipale parisienne d'être à la hauteur des enjeux et de faire la conquête de cette nouvelle mairie de secteur. Cela donnera l'élan nécessaire pour reprendre aussi l'Hôtel de Ville.
Mme Hidalgo et ses partisans (que je ne dédouane pas dans cette affaire de certains petits calculs politiques) auront peut-être alors des regrets mais ce n'est pas le problème !
* pour avoir la position du groupe UDI/MODEM, voir la prise de parole de Jean-Pierre Plonquet lors du Conseil d'arrondissement du 2 février 2016 sur le lien suivant.
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