Je le suis lancé dans l'écriture de cet article de la série consacrée aux façade des immeubles du 4e arrondissement à propos d'une édifice de la rue Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie en voulant illustrer, une fois de plus, comment le respect des règles d'urbanisme haussmannienne expliquaient que certaines façades soient en retrait. Tel est en effet ce qu'on peut voir avec cet immeuble assez étroit (3 fenêtres sur façades) que l'on peut voir au 40 rue Sainte-Croix de la Bretonnerie. Les deux constructions voisines ne respectent pas l'alignement voulu au XIXe siècle car elles sont plus anciennes.
Or, en cherchant la date précise de l'édification de l'immeuble situé au 40 rue Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie, sur un site qui recense tous les permis de construire de cette époque (Paris en construction), j'ai eu la surprise de me rendre compte que l'immeuble avait été construit en même temps et par le même architecte que l'immeuble du 3 rue du plâtre, la rue parallèle au Nord et qui est dans le même pâté de maisons. On peut comprendre pourquoi grâce à une vue aérienne degoogle : si les deux façades sont distantes et séparées par un autre immeuble intermédiaire, les façades du 3 rue du plâtre (la double flèche jeune du haut) et celle du 40 rue du plâtre (la double flèche du bas) sont à la même hauteur du pâté de maisons :
Je suis donc allé voir sur place à quoi elle ressemblait la façade du 3 rue du plâtre...
J'ai eu une petite surprise (surtout que je fréquente particulièrement ce quartier depuis près de 20 ans), et même si au 3 rue du plâtre la façade est beaucoup plus longue (7 fenêtres sur rue), de me rendre compte que les deux façades sont jumelles.
Les décors sont (presque) les mêmes. On peut s'en convaincre tout d'abord en observant avec les portails d'entrée : voici celui du 40 rue Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie :
et celui du 3 rue du plâtre :
Les consoles qui soutiennent le linteau sont exactement semblables.
Il en est de même pour le grand balcon central du 2e étage du 40 rue du plâtre :
On le retrouve (mais en 2 exemplaires disposés donc symétriquement sur la façade) au 3 rue du plâtre :
Autre similitude totale dans le traitement des ouvertures du 3e étage comme on peut le voir ci-dessous avec le 40 rue Sainte-Croix puis le 3 rue du plâtre :
Pour s'amuser aux jeux des différences (outre la longueur de la façade et des balcons), on peut cependant noter quelques rares dissemblances. Par exemple, dans le traitement des fenêtres du 2e étage. On peut observer des décors floraux sur les consoles qui soutiennent le rebord des fenêtres au 40 rue Sainte-Croix mais ils sont remplacés par des décors géométriques 3 rue du plâtre :
Le permis de construire des deux immeubles a été déposé le 5 septembre 1898 par un architecte appelé P. Marbeau et au nom d'une propriétaire V P. Houdé,
Le décor est assez caractéristique de ce qui se faisait à Paris dans la 2e moitié du XIXe siècle. L'immeuble du 40 rue Sainte-Croix est beaucoup plus sobre que celui que l'on peut trouver pas loin de là sur le trottoir d'en face au 39, qui date de la même époque et auquel j'ai consacré un article le 5 décembre 2009.
Notons aussi que le 3 rue du plâtre va devenir une adresse très chic puisqu'il jouxte le lieu où va ouvrir la fondation des Galeries Lafayette (voir mon article du 4 novembre 2015)
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