L'Indépendant du 4e Arrondissement de Paris

MDCLVIII : Le 4e Hier et aujourd'hui : L'allée des Justes quand elle était encore une rue... : la rue du Grenier-sur-leau

J'ai fait récemment l'acquisition de cette carte postale qui a attiré mon attention. Au dos il était indiqué "rue du Grenier-sur-l'eau". J'ai pourtant eu dans un premier temps du mal à reconnaître où cette vue avait été prise.

Après une observation attentive, on se rend compte que le photographe était placé à l'angle de la rue Geoffroy-l'Asnier. On peut le voir avec le montage que j'ai fait ci-dessous car certains éléments ont peu évolué : la façade du collège Couperin à droite, le clocher (sans échafaudages à l'époque)avec la pointe de la toiture de Saint-Gervais-Saint-Protais et les bâtiments d'angle avec la rue du Pont-Louis-Philippe : 

Par contre, on observer que la rue a été piétonnisée mais surtout le bâtiment qui apparaît au 2e plan tout à gauche a disparu. C'est à cet endroit qu'à été construit le Mémorial de la Shoah puis plus récemment, que le Mur des Justes a été installé (voir mon article du 9 novembre 2011):

Ce mur a donné son nom à la cette partie de la rue du Grenier-sur-l'eau qui suite à un arrêté municipal du 17 juillet 2000 a été rebaptisée "Allée des Justes".

MDCXLI : Un immeuble de la Belle époque avec une plaque qui rappelle les heures les plus sombres

La rue des Rosiers est une voie ancienne du 4e. On y trouve des façades d'époque très diverses. Au 14/14bis, on peut observer une façade élégante du début du XXe siècle. Elle est datée de 1907 et signée par l'architecte H. Boitel.

    Alors que la Belle époque a été marquée par des façades parfois assez exubérante, celle-ci présente une certaine sobriété même si elle utilise une partie du décor végétal caractéristique de l'époque :

 

Cependant, juste au dessus du portail, une plaque rappelle une époque beaucoup plus sombre :

On retrouve le nom de Victor et Paulette Wajncwaig à quelques mètres de là : il figure dans la liste des 101 Petits-Enfants exterminés qui a été dévoilée il y a quelques semaines dans le Jardin des Rosiers-Joseph Migneret.

 

MDCXXXVI : Demain à 10h, 97e anniversaire de l'armistice de 1918

Demain à 10h aura lieu la cérémonie de commémoration du 97e anniversaire de l'armistice du 11 novembre dans la Cour de la mairie du 4e arrondissement. 

Nous allons bientôt célébrer le 100e anniversaire de deux des plus terribles batailles de la 1ère Guerre Mondiale qui se sont déroulées en 1916 : la bataille de Verdun et la bataille de la Somme (à laquelle je vais consacrer plusieurs actions pédagogiques dans le cadre de mon enseignement en section internationale britannique).

MDCXXVI : Une plaque bouleversante qui rappelle l'horreur de la Shoah. Ils s'appelaient Maurice, Suzanne, Jacques, Félix, Colette, Raymonde,...

Le 7 octobre 2015, une nouvelle plaque a été dévoilée dans le jardin des Rosiers-Joseph Migneret. Je n'ai pas assisté à cette cérémonie car j'étais retenu par mon travail. Cependant, j'ai tenu à publier un article à propos de ce nouveau lieu de Mémoire.

La plaque donne la liste des 101 "Petits-enfants" non encore scolarisés qui ont été arrêtés avec leur famille parce qu'ils étaient juifs puis ont été déportés vers les camps d'extermination à l'Est de l'Allemagne.

La plaque rappelle comment le régime de Vichy a été impliqué dans ce crime : Il faudrait même rappeler que les autorités nazis ne semblaient pas avoir l'intention déporter les enfants les plus jeunes mais que le Président du Conseil, Pierre Laval, a donné un ordre pour que les enfants ne soient pas séparés de leurs enfants (sans pouvoir ignorer le sort qui leur était réservé).

J'ai tenu à publier la liste des noms et les prénoms car l'âge indiqué pour chacun des enfants doit faire réfléchir sur la capacité de l'être humain à commettre la pire barbarie possible : organiser froidement -et de manière industrielle et planifiée- l'extermination d'êtres humains juste pour ceux qu'ils sont. Si tous ceux qui ont été tués dans la Shoah étaient innocents, il est évident que le meurtre d'êtres aussi inconscients de la réalité du monde que ces petits-enfants, est encore plus révoltant.

Comme la plaque y invite les passants, je n'aurai pour finir qu'un souhait :

Lecteurs, lisez leur nom, votre mémoire est leur unique sépulture.

 

 

 

 

MDCXIV : Un bonnet phrygien pour marquer l'anniversaire de la proclamation de la République

En ce 21 septembre, nous célébrons l'anniversaire de la proclamation de la République en 1792. A cette occasion, je publie cet article consacré à un symbole républicain : le bonnet phrygien que l'on peut voir dans un endroit connu seulement des initiés... un escalier du Temple du Marais.

Peut-être un souvenir du fait que pendant la Révolution, une partie de l'ancienne église du couvent Sainte-Marie-de-la-Visitation avait été reconverti en salle de réunion (peut-on dire de culte) des adorateurs de la lois, la société des Nomophiles qui avait son siège rue Saint-Antoine. (voir à ce sujet le site Cosmovision.com)

MDLXXXVIII : Des Gerbes pour évoquer le début la Guerre de Corée il y a 65 ans ?

Les travaux effectués  à l'automne dernier à cet endroit ont contribué à rendre plus visible un lieu près duquel on passait rapidement le pas jusqu'ici : la place du Bataillon français de Corée qui est située entre le quai de l'Hôtel de Ville et la rue du même nom à la hauteur de la Cité Internationale. (sur les travaux voir mon article du 28 décembre 2014)

C'est peut-être pour cette raison que mon attention a été attirée la semaine dernière par les nombreuses gerbes qui étaient déposées au pied du monument (les photos qui accompagnent cet article ont été prises le 26 juin 2015).

Parmi les commanditaires de gerbes on pouvait remarquer la République de Corée du Sud, le Bataillon de Corée et l'Association des Légionnaires originaires de Corée.

Il semble (je n'ai pas trouvé aucune information à ce sujet sur Internet*) qu'elles aient été déposées le 25 juin, date qui marque le début de la guerre de Corée avec le début de l'invasion lancée par le régime communiste du Nord.

J'avais déjà écrit en 2013 un article à propos de ce monument un peu oublié qui rappelle cependant la violence de ce conflit, pendant la Guerre froide, contre le totalitarisme communiste (voir mon article du 1er mai 2013). Un autre devoir de Mémoire...

 

* il existe un article qui date de 2010 sur le site "Chemin de Mémoire des Parachutistes" qui évoque une cérémonie de ravivage de la flamme le 25 juin.

MDLXXXVI : Plus que 5 jours pour voir une exposition à ne pas manquer : "Arménie 1915" à l'Hôtel de Ville

La question des génocides est un sujet qui ne cesse de m'interpeler. Comprendre comment l'Humanité est capable de s'en prendre à une partie d'elle même et à mettre en place des éliminations en masse de telle ou telle population est un sujet qui a tendance à m'obséder.

J'ai conduit de nombreux projets avec mes élèves sur la Shoah en raison de la spécificité de ce génocide (la mise en œuvre d'un processus industriel d'élimination d'une population), mais je me suis aussi intéressé à un autre génocide du XXe siècle : celui subi par les Tutsis au Rwanda en 1994.

La question du génocide arménien m'était beaucoup moins familière même si j'avais quelques connaissances sur le sujet puisqu'il s'agit d'un point à étudier en 3e lors du chapitre sur la 1ère Guerre mondiale.

Cependant, j'avoue que j'ai énormément appris sur ce génocide en visitant la semaine dernière l'exposition "Arménie 1915" qui se tient à l'Hôtel de Ville.

En effet, j'ai été très surpris par la densité et la richesse des documents en grande partie prêtés par le musée d'Erevan sur le génocide arménien. J'ai été frappé avec le fait que comme pour les autres génocides, plusieurs caractéristiques du fait génocidaire sont à l’œuvre :

- la mise à l'écart d'une population et la préparation des esprits à sa déshumanisation en commençant à pratiquer des massacres sporadiques non planifiés

- la décision au plus haut niveau d'un État de la mise en oeuvre d'une extermination systématique.

- un contexte de Guerre qui fait de "l'Autre" un ennemi qu'il faut éliminer à tout prix ce qui conduit à considérer toute faiblesse comme une forme de trahison envers la cause suprême.

- la volonté de détruire les corps mais aussi toute trace de la population exterminée (les lieux culturels et cultuels, les livres, les vestiges).

Il est sidérant de voir que des pratiques qui se retrouveront pendant la 2e Guerre mondiale lors du génocide des Juifs et des Tsiganes sont déjà utilisées en masse : la déportation dans des trains pour animaux, les camps de concentration, les lieux d'extermination en masse.

J'ai choisi de ne pas faire paraître des photographies qui montrent des cadavres ou des squelettes mais ils sont montrés en quantité abondante dans l'exposition (ci-dessous un train de déportation).

Les cartes aussi sont très claires et très bien faites (ci-dessous les camps de concentration situés dans le désert de Syrie) :

Les cartels très abondants sont très instructifs :

Enfin l'exposition présente de nombreux objets personnels qui permettent de prendre conscience du drame subi par des individus qui ont chacun une destinée différente dans cette tragédie.

Toute personne qui s'intéresse à la condition humaine dans sa grandeur mais aussi dans ses moments les plus terribles doit aller voir cette exposition. Le devoir de Mémoire a pour seul but d'éviter que cela recommence. Ce qui veut dire qu'il ne faut pas laisser faire !

Pour finir l'exposition finit sur une note positive : la façon dont la Communauté arménienne a participé à la Nation française.

 

 

 

MDLXXXII : La section 4e de l'UNC en visite à Colombey-les-deux-églises

Les membres de l'UNC Paris 4 écoutant attentivement la conférencière dans la cour de la Boisserie

Le 20 juin dernier, la section du 4e arrondissement de l'Union National des Combattants a organisé une visite à Colombey-les-deux-églises. Comme j'ai participé à cette journée, j'ai décidé de faire un article consacré à ce sujet.

La présidente Jacqueline Grillou a rappelé que l'UNC avait été fondée juste après la 1ère Guerre Mondiale à l'initiative de Georges Clemenceau dans le but de :

"- rassembler les hommes et les femmes qui ont porté l’uniforme pour la défense de la France pendant les conflits ou au titre du service national, les veuves d’anciens combattants et les veuves et orphelins de guerre,

- maintenir et développer les liens de camaraderie, d’amitié et de solidarité qui existent entre tous ceux qui ont participé à la défense de la patrie,

- agir pour la défense les intérêts du monde combattant,

- perpétuer le souvenir des combattants morts pour la France,

- contribuer au devoir de mémoire et à la formation civique des jeunes générations,

- participer à l’esprit de défense par son témoignage et ses réflexions".

 

(voir le site de l'UNC)

 

Lors de cette journée à Colombey-les-deux-églises, j'ai pu découvrir les lieux de Mémoire consacrés au général de Gaulle. Je ne les avais jamais visités. Avec tout d'abord, la célèbre propriété de la famille De Gaulle, la Boisserie :

puis un hommage avec un passage par la tombe, très simple, de Charles de Gaulle et de sa femme :

 

avec après un repas convivial, dans un restaurant de Colombey :

puis pour finir une visite du Mémorial avec la Croix de Lorraine haute de 44m :

Pendant le trajet en car, j'ai donné une petite conférence sur le thème suivant : "Comment le général de Gaulle est enseigné aujourd'hui à des adolescents de 15 ans ?" en m'appuyant sur les programmes et un manuel scolaire de 3e. Je crois avoir montré aux participants que contrairement à certaines idées reçues, la personnalité de Charles de Gaulle, tant en tant que chef de la Résistance que comme fondateur de la Ve République, était loin d'être passée sous silence.

 

Un grand bravo aux organisatrices : Jacqueline Grillou, Brigitte Cazaux et Éliane Pons-Lambin.

MDLVI : L'Honneur de Henri Dutilleux définitivement lavé lors du Conseil d'arrondissement du 12 mai dernier

Je n'ai pas pu assister au Conseil d'arrondissement du mardi 12 mai 2015 mais je tiens à saluer le fait que les élus sont revenus sur ce qui avait été dit à propos d'Henri Dutilleux lors du Conseil d'arrondissement du 2 mars 2015. Je ne tiens pas à faire de polémique supplémentaire à ce sujet. La Mémoire d'Henri Dutilleux est désormais lavée de tout soupçon et c'est la seule volonté qui était la mienne quand j'ai découvert l'extraordinaire injustice donc elle était victime.

Je tiens à signaler que sur ce sujet très sensible de la création musicale pendant l'Occupation des ouvrages très documentés ont été publiés ces dernières années. Je recommande notamment le livre de Yannick SIMON, "Composer sous Vichy", Editions Symétrie (2009) et celui Myriam CHIMENES et du même Yannick SIMON, "La musique à Paris sous l'Occupation" (avec une préface d'Henry ROUSSO) aux éditions FAYARD/Cité de la Musique (2013).

 

MDLXIV : Une pensée pour les enfants exterminés de l'école des Hospitalières Saint-Gervais

Je ne peux pas être présent à cette cérémonie (aujourd'hui je travaille et donc je ne fais pas grève même si j'ai des réserves concernant la Réforme des Collèges dont je reparlerai sur ce blog) mais je tenais à évoquer son importance.

A 10h30, en ce mardi 19 mai a lieu la Cérémonie en mémoire des 260 enfants de l'école des Hospitalières Saint-Gervais déportés vers les camps d'extermination nazis.

Il faut à chaque fois se demander comment des hommes ont pu avoir une idéologie qui les a conduit à arrêter des enfants, les interner, les déporter et les tuer froidement dans des chambres à gaz.

Cette part d'inhumanité dont l'Humanité est parfois capable dans les Heures sombres est pour le moins inquiétante et doit tous nous faire réfléchir.