J'ai fait en août un article pour signaler combien on pouvait être inquiet pour l'évolution des finances parisiennes. Rappelons en effet que de 2001 à 2007, les recettes obtenues par la Ville de Paris au titre des droits de mutation (sur la propriété immobilière) sont passées de 483 millions à 900 millions d'euros. Cette manne était provisoire tout le monde le savait. Avec la crise qui s'annonce, l'effondrement, sinon des prix, du moins des volumes de transactions, va provoquer un manque à gagner abyssal.
Moi qui suis un ancien adepte de Sim-City, j'ai l'impression que nos élus locaux gèrent les finances locales comme dans ce jeu vidéo où il est possible de déplacer le curseur des prélèvements de manière très brutale. Ainsi, au conseil de Paris des 21 et 22 octobre, le maire de Paris et sa majorité ont-ils décidé d'augmenter la taxe d'habitation de 9% pour 2009 (une autre hausse de 9% est prévueen 2010), alors que le taux n'avait pas bougé du tout depuis 2001. De plus, il a décidé de créer un impôt qui n'était pas levé jusque-là à Paris, la part départementale de la taxe foncière (un taux de 3% a été voté). Cette hausse des impôts locaux doit permettre de récupérer 320 millions d'euros .
D'après le Parisien du 21 octobre 2008, 87% des locataires auront certes une augmentation inférieure à 100€. Cependant, pour certains propriétaires la note va être plus salée : un couple avec deux enfants dans un 80m² va payer en moyenne 145 € de plus.
En lisant, un autre numéro du Parisien, le 24 octobre, on peut se rendre compte que la région, dirigée par Jean-Paul Huchon réélu en 2004, a pratiqué ce même genre d'augmentation brutale : la part de l'impôt régional a augmenté de 23% en 2005 et 29% en 2006. Mais cette année comme l'an dernier, il a été décidé que les impôts n'augmenteraient pas. Ce n'est certainement pas un hasard puisque les élections régionales ont lieu en... mars 2010.
Nos élus locaux ont donc deux défauts majeurs à mes yeux : 1°) au lieu de lisser les augmentations, ils préfèrent décider des augmentations que l'on peut qualifier de brutale. 2°) Comptant sur la mémoire courte des électeurs, ces élus matraquent en début de mandat pour mieux pouvoir assurer la stabilité des impôts dans les années qui précèdent les élections. Dans Sim-City, le "maire" risque à tout moment d'être débarqué en cas de très fort mécontentement... nos élus locaux sont, eux, élus pour six ans !
Je ne suis pas, contrairement à d'autres, un ennemi des impôts. Ces derniers sont nécessaires pour financer les services publics (par exemple le service public des piscines dont je suis un fervent défenseur). Cependant, avec la crise qui s'annonce il faut veiller à ce que les dépenses publiques locales soient surveillées car la hausse de la fiscalité locale va par peser sur les budgets des ménages qui en 2009 vont être confrontés aux effets de la crise.
Je ne suis pas sûr, par exemple, que les travaux pharaoniques que sont la construction des tours, voire d'une pyramide, aux portes de Paris soient une nécessité. De même pour le prolongement du tramway au niveau des boulevards maréchaux, que je continue à trouver comme un gadget qui a conduit à sacrifier des projets de liaisons inter-banlieues de moyenne et grande couronne (qui auraient dû être bien plus prioritaires si nos élus avaient fait moins de parisianisme).
pourquoi ne rappelez-vous pas que les impôts à paris n'ont pas augmenté depuis plusieurs années et qu'ils sont inférieurs à de nombreuses grandes villes comme marseille gérée par un maire de droite ? pourquoi ne dites-vous pas que le budget de l'élysée a explosé sous sarkozy ?
bien évidemment cette hausse des impôts parisiens tombe mal mais elle servira à financer des logements sociaux.
quant aux tours, j'y suis à 100% favorable, à condition que le geste architectural soit fort et qu'elles satisfassent la demande considérable de logements sociaux en hqe (cf. expo pavillon de l'arsenal sur le logement durable). ce qui est le cas.
Rédigé par : olivier francheteau | lundi 03 novembre 2008 à 20h07
Plusieurs remarques :
1°) Il faut me lire attentivement puisque dans le 2e paragraphe j'ai écrit "alors que le taux n'avait pas bougé du tout depuis 2001."
2°) Sur la comparaison avec Marseille, vous avez entièrement raison mais il faut aussi souligner que la gestion de Gaston Deferre a laissé des traces...
3°) Sur l'augmentation du budget de l'Elysée, vous avez en partie raison même s'il faut aussi admettre que les comptes sont aujourd'hui beaucoup plus transparents qu'à l'époque des présidents précédents (y compris François Mitterrand qui n'a jamais lésiné sur les dépenses comme on peut s'en rappeler avec le budget consacré à l'organisation du G7 organisé dans le palais de Versailles en 1984. Mme la maire du 4e qui a supervisé les archives de ce président doit s'en rappeler). Cela dit il est vrai que dans ces temps de rigueur imposée, notamment à la fonction publique, la présidence de la République ne donne pas l'exemple.
4°) Sur les tours, je reste sincèrement très sceptique. Les programmes de construction de tours dans les années 60/70 étaient considérés comme des projets modernes. Les logements étaient destinés et habités initialement par une population mixte (Je pense par exemple à la Grande Borne où étaient relogés les habitants des vieux quartiers du 13e arrondissement). On sait malheureusement les ghettos qu'ils sont devenus. Il faudrait que ceux qui soutiennent les tours se posent la question de savoir s'ils sont prêts à y habiter, non seulement aujourd'hui, mais dans 30 ans... Qu'on le veuille ou non, les tours n'auront jamais le charme de nos petites rues du 4e arrondissement.
De plus ma fibre écolo (et oui, il m'est arrivé de voter vert à plusieurs reprises) est elle aussi réticente : les tours, malgré les normes HQE, et même "THQE", restent un type d'habitat qui nécessite beaucoup d'énergie (ascenseurs, chauffage, éclairage,..)
Rédigé par : L'Indépendant du 4e | lundi 03 novembre 2008 à 21h08