J'ai déjà expliqué dans un article précédent les questions que soulèvent la restauration de l'Hôtel Lambert par son propriétaire actuel (voir l'article du 24 décembre 2008).
Voici le texte de la lettre ouverte adressée à la ministre de la Culture par Pierre Housieaux, président de l'Association Paris historique (association dont je suis membre depuis 2007) :
"Le Président
Paris, le 26 décembre 2008
Lettre ouverte à Madame Christine Albanel, ministre de la Culture , au sujet de projet de rénovation de l’hôtel Lambert dans le IVe arrondissement de Paris.
Madame la Ministre ,
La raison d’Etat quelquefois invoquée pour dénaturer ce patrimoine international vous imposerait-elle de faire fi de toute la règlementation en matière d’urbanisme et de monuments historiques et d’autoriser aussi facilement cet acte de vandalisme ?
Mais de quelle raison d’Etat s’agit-il ?
Celle qui autoriserait notre gouvernement à devenir hors la loi, ou celle qui permettrait à un chef d’Etat étranger de détruire impunément et irrémédiablement un site dont la valeur architecturale et historique dépasse très largement nos frontières ?
N’y aurait-il pas une autre alternative, plus digne, qui consiste à réagir très vivement contre ce projet fou, assimilable à la pire des opérations immobilières qu’on aurait pourtant cru là, inimaginable…
Les experts de la Commission du Vieux Paris s’élèvent de façon véhémente :
« - contre l’ampleur et la radicalité des interventions prévues, liées à la mise en œuvre d’un programme beaucoup trop chargé, abritant des dizaines de chambres dotées de tous les accessoires du confort, tels qu’ascenseurs, climatisation et salles de bains en nombre égal à celui des chambres, aboutissant au sacrifice des distributions anciennes et de certains dispositifs architecturaux originels, entraînant le percement de trémies dans les planchers et de saignées dans toutes les maçonneries, au risque d’endommager les décors et les structures ;
« - contre la dépose de toutes les menuiseries extérieures (datant du XVIIe au XXe siècle) ;
« - contre la réalisation de vastes locaux techniques sous la cour et le jardin, en particulier d’un parking dont la sortie sur le quai d’Anjou affectera par sa porte et par le rehaussement du mur d’enceinte, le soubassement des immeubles du quai, site inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO ».
Je soutiens cette protestation unanime sans réserve à l’instar des milliers de Parisiens et de citoyens médusés par tant d’incongruité et d’impudeur et prêts à se mobiliser pour empêcher cela.
Madame la Ministre, je vous ai rencontrée personnellement et à votre demande, alors que vous meniez campagne pour les élections municipales parisiennes. Je ne crois pas me tromper en affirmant que vous êtes de celles et de ceux qui nous soutiennent dans nos engagements et nos actions pour la préservation de ce patrimoine, si cher à tous les gens dont la raison et le cœur réservent une place, dans cet héritage inaltérable, à une part de leur identité …
Madame la Ministre, encore une fois, ne laissez pas disparaître ce joyau ! L’écrin dans lequel il est inscrit ne peut en aucun cas servir à abriter un vulgaire bâtiment réduit à un simple espace de confort et de gadgets éphémères. Et laissez au moins, comme le prévoit la législation, la commission supérieure des monuments historiques, et les experts reconnus qui la composent, donner leur avis librement et sereinement.
Avec tout notre respect.
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