Le samedi 12 mars, au cours de la visite de l'église luthérienne des Billettes avec l'association "Le 4e au coeur", le pasteur Alain Joly nous a fait découvrir un émouvant témoignage de la vie de cette communauté dans le cadre de l'organisation officielle de ce culte par le régime impérial de Napoléon Ier.
En effet, suite à un décret signé par l'empereur à Bayonne le 28 juillet 1808, il avait été prévu l'acquisition de cette église et des anciens bâtiments du couvent des Billettes par la Ville de Paris pour permettre l'installation officielle d'un culte luthérien* à Paris (celui-ci n'était autorisé à Paris depuis le XVIIe siècle que dans l'ambassade de Suède, un pays très souvent allié avec la France).
(* Je précise que le Pasteur Alain Joly a bien insisté pour rappeler que le culte luthérien était présent aux Billettes dès 1808 et non pas en 1812 comme cela est écrit par erreur dans de très nombreux ouvrages et guides relatifs à Paris. C'est en 1808 que commencent les registres de l'église luthérienne des Billettes).
Cette communauté luthérienne, ainsi autorisée pour la 1ère fois à Paris hors d'un territoire consulaire, a tenu un registre des dons versés par les fidèles à l'occasion des célébrations religieuses. Nous avons ainsi pu voir, grâce à Alain Joly, la page consacrée au 20 mars 1811 qui évoque la "célébration extraordinaire" organisée à l'occasion de la "délivrance de l'impératrice" et de la naissance du "Roy de Rome" :
Ce titre honorifique avait été prévu par l'article 7 du senatus consulte du 17 février 1810. Il rappelait celui de roi des Romains porté, au Moyen Âge, par le personnage élu à la tête du Saint-Empire aussi longtemps qu'il n'avait pas été couronné ce qui lui permettait de prendre officiellement le titre d'empereur... C'était aussi un moyen de rappeler que le pape Pie VII avait été privé, par Napoléon, de la souveraineté des Etats de l'Eglise et de la Ville de Rome qui n'était plus que la préfecture du département du Tibre. Cet abaissement de la puissance du Souverain Pontife ne devait pas déranger particulièrement la communauté luthérienne de cette époque...
Rappelons que ce fils unique de Napoléon Ier et de l'impératrice Marie-Louise, après la défaite de la France en 1814, a grandi à Vienne sous le nom de duc de Reichstadt. Contrairement à ce qu'on peut penser, son grand-père, l'empereur d'Autriche, François Ier adorait ce petit-fils qui était pourtant l'héritier de Napoléon Ier. Il était même, paraît-il, son petit-fils préféré.
"Napoléon II" est mort à Vienne de la tuberculose en 1832. Inhumé dans la crypte des Capucins où reposent les membres de la famille de Habsbourg, on oublie parfois que les cendres de ce jeune homme ont été transférées à Paris pendant l'Occupation le 15 décembre 1940. Un cadeau des nazis à la France pour célébrer le retour à Paris des cendres de l'Empereur exactement un siècle plus tôt. Un curieuse contrepartie de la politique de Collaboration initiée par l'entrevue entre Pétain et Hitler à Montoire en octobre 1940.
Pierre-Paul PRUD'HON, Le roi de Rome, 1811 (musée du Louvre)
PS : Nous célébrons aussi aujourd'hui le 140e anniversaire d'un étape décisive dans le déclenchement de la Commune de Paris : la fuite de Thiers et du gouvernement provisoire et leur installation à Versailles. Cependant, pour célébrer la Commune de Paris, je laisse la Ville de Paris et Bertrand Delanoë oeuvrer. Il faut bien que la sociale-démocratie se donne bonne conscience à peu de frais...
L'attachement de l'empereur Frédéric Ier d'Autriche à son petit-fils le duc de Reichstadt est bien rendu par Edmond Rostand dans sa pièce de théâtre "L'Aiglon" qui rend compte, dit-on assez fidèlement, de la personnalité du roi de Rome et de sa fidélité au souvenir de son père Napoléon Ier.
VlM
Rédigé par : Vivre le Marais ! | dimanche 20 mars 2011 à 09h12