La borne "interactive" située rue des Rosiers à l'angle avec la rue des Hospitalières Saint-Gervais (photo prise le 10 juillet 2010 vers 12h)
Voilà un article que j'aurais aimé ne pas avoir à écrire pour deux raisons. D'une part, il concerne un sujet, la Shoah, sur lequel tout républicain devrait éviter la polémique. D'autre part, il concerne Dominique Bertinotti qui a démissionné non seulement de son mandat de maire mais aussi de conseillère de Paris et du 4e. Sa démission s'est faite le 2 juillet 2012 dans des conditions pour le moins émouvantes et je ne voudrais pas être taxé de faire de l'acharnement...
Cependant, il y a des oublis et des silences que j'ai du mal à admettre surtout quand il s'agit d'un sujet auquel je suis particulièrement attaché en tant que professeur d'histoire géo dans le secondaire.
Le 1er juillet 2012, la dernière cérémonie présidée par Dominique Bertinotti en tant que maire du 4e arrondissement s'est déroulée rue des Rosiers. La ministre déléguée à la famille a prononcé un discours à l'occasion de l'inauguration de deux bornes destinées à présenter des témoignages concernant la rafle du Vel d'hiv dans le quartier de la rue des Rosiers le 16 juillet 1942.
Cette cérémonie a eu lieu un dimanche à 16h. Les nombreux passants ne cessaient de bousculer et de jouer des coudes pour traverser les participants à la cérémonie qui n'a du coup peut-être pas eu toute la dignité qu'on aurait pu souhaiter. Sur le papier cela peut permettre de dire que la population y a été associée mais tel n'était pas le cas dans la pratique.
Ces bornes sont installées pour l'une à l'angle avec les rue des Hospitalières Saint-Gervais et pour l'autre avec la rue Ferdinand Duval. Je suis retourné les voir car le jour de l'inauguration n'était pas le mement idéal. Or, elles connaisssent plusieurs dysfonctionnement gênant. Le 10 juillet, l'une d'elle était hors service (voir la photographie en tête d'article), quant à l'autre (celle à l'angle avec la rue Ferdinand Duval), j'ai cherché en vain à entendre le son des témoignages. Le dispositif semble donc bien compliqué... ce qui fait que j'ai vraiment l'impression que très peu d'habitants ou de passants font l'effort de les utiliser.
Cependant, ces problèmes techniques ne sont rien à propos d'un oubli qui me semble pour le moins gênant, voire inadmissible. Jai cliqué pour avoir accès au "mot de Dominique Bertinotti".
Là, pas besoin d'entendre puisque cela permettait d'avoir accès non pas à une vidéo mais à un texte dont voici le contenu :
J'ai reproduit ici le déroulé complet de l'écran. Quand on lit le texte, on apprend donc qu'un discours du Vel d'Hiv a été prononcé le 16 juillet 1995. On peut par contre se demander qui en est l'auteur ?? Tout laisse penser que ce discours est de Dominique Bertinotti.
Or ce discours fondateur dans lequel pour la 1ère fois la France a reconnu sa responsabilité dans les crimes de la Shoah est de Jacques Chirac. Il est aujourd'hui reconnu par tous comme un temps fort les 20 dernières années.
Dominique Bertinotti est aujourd'hui ministre déléguée à la Famille, mais elle est historienne de profession. En tant moi-même agrégé d'histoire-géographie, je lui rappelle qu'il est important de citer ses sources ! Je suggère qu'on inserre sur cette page un portrait de celui a été maire de Paris de 1977 à 1995 puis président de la République de 1995 à 2007 : Jacques Chirac.
On pourrait croire qu'il s'agit juste d'un petit oubli dû à ceux qui ont préparé cette page de la borne tactile. Je suis malheureusement loin d'en être certain. En effet, j'ai aussi écouté le discours prononcé le 1er juillet par Dominique Bertinotti.
Sur la photographie, on reconnaît de Droite à Gauche les élus suivants : tout à droite,Vincent Roger (conseillers de Paris et Conseillers régional UMP du 4e), Dominique Bertinotti tenant le micro, derrière elle à gauche de profil Gaël Lapeyronnie, puis Jean-Louis Pourriat (1er adjoint au maire du 4e jusqu'au lundu 2 juillet), puis tout à gauche Richard Jean-Baptiste et Julien Landel.
En effet, pendant son intervention, celle qui parlait encore comme maire du 4e, a fort justement insisté sur la participation de l'Administration et de la police françaises dans l'arrestation, l'emprisonnement puis la déportation des Juifs arrêtés en région parisienne à l'occasion de la râfle du Vel d'Hiv. Cependant, je suis resté ébahi qu'elle ne prononcât jamais le nom de Jacques Chirac qui est le premier président de la République à avoir reconnu la complicité de la France en tant qu'Etat dans la Shoah (lors justement du discours du Vel d'hiv du 16 juillet 1995).
Dominique Bertinotti n'a tout de même pas eu l'audace de prononcer le nom de François Mitterrand, pour lequel eslle a travaillé et dont elle est une des gardiennes de la Mémoire. Rappelons en effet que, pendant ses deux septennats, il a toujours refusé de reconnaître le rôle de la France dans les crimes de la période 1940-1944 et qu'il continua à fleurir la tombe du Maréchal Pétain.
L'oubli répété, sur le texte de la borne et dans le discours du 2 juillet 2012, du nom de Jacques Chirac est à mes yeux un des symptômes du principal défaut de Dominique Bertinotti : un sectarisme qui lui fait considérer que tout ce qui vient du "camp d'en face" (pour reprendre une expression qu'elle a prononcée en meeting pour les municipales de mars 2008), la Droite est foncièrement mauvais. Sur un sujet aussi sensible que la Shoah, je considère cela comme une véritable meurtrissure portée au pacte républicain.
Tout en restant fidèle à mes amis et notamment à Vincent Roger, je compte vraiment sur le nouveau maire du 4e arrondissement, Christophe Girard, pour que, sur des sujets aussi sensibles qui rélèvent de la Mémoire, on ne puisse plus subir des comportements aussi sectaires.
A mes yeux, le rôle du maire et des élus d'un conseil d'arrondissement n'est pas d'opposer les habitants les uns aux autres mais, au contraire, de veiller à essayer de faire régner l'harmonie et le respect des uns et des autres.
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