Le 28 janvier 2016, je suis allé assister à la réunion publique qui se tenait dans la salle des Mariages de la Mairie du 4e à propos des nouvelles zones 30 et les nouvelles zones 20 dans l'arrondissement.
L'annonce devrait sembler une bonne nouvelle pour tous : les zones dans lesquelles la vitesse est limitée à 30 Km/h (en orange) et celle où elle est limitée à 20 Km/h, les" zones de rencontre", (en violet) vont être étendues à la plus grande partie de l'arrondissement comme on le voit ci-dessous :
Voici la nouvelle situation une fois que cette décision sera appliquée :
J'ai pour ma part toujours été pour l'extension des zones 30 et même des zones 20 dans le 4e arrondissement. L'installation d'une 20 dans le quadrilatère compris entre la rue du Renard, la rue des Francs Bourgeois, la rue du roi de Sicile et la rue Malher s'est faite sans difficulté majeure (si ce n'est la question du laborieux marquage au sol que cela à occasionner [voir mon article du 15 novembre 2013]).
On pourra donc s'étonner que la réunion publique du 28 janvier ait été pour le moins mouvementée. Le maire, le représentant de la Préfecture de Police et même un lieutenant colonel des pompiers ont été chahutés par le public ! Comment expliquer un tel fiasco ?
Il faut tout d'abord expliquer qu'à l'occasion de cette extension des zones 30 et des zones 20, il a été aussi décidé de faire respecter une règlementation qui obligerait toutes les voies à comporter un passage large de 4m pour que les véhicules des pompiers puissent se déployer en cas d'incendie. Conséquence de cette exugence, un nombre important de places de parking en surface sur les îles vont être supprimées. Le 1er adjoint Julien Landel a donné le nombre précis : le nombre de places devrait passer de 250 à... 80 !
Les riverains se sont donc alarmés depuis plusieurs semaines quand ils ont appris cette nouvelle pour laquelle personne n'avait été consulté préalablement
La façon dont cette réunion a été conduite n'a pas été forcément des plus adroites.
Tout d'abord, avant d'accéder à cette réunion de concertation, on pouvait à l'accueilse procurer le n°39 du Journal Centre Ville. En page 14, on pouvait y lire le résumé déja écrit de ce qui allait se passer dans la réunion à laquelle allait participer les riverains AVANT qu'elle n'ait lieu (ambiance Retour vers le futur) : "Une réunion publique globale de présentation des aménagements de zones 30 dans le 4e arrondissement s’est tenue le jeudi 28 janvier dans la salle des mariages de la Mairie en présence de Christophe Girard, Maire du 4e, de son premier Adjoint Julien Landel, d’Eric Moyse, Commissaire de Police du 4e arrondissement et des représentants de la Direction de la Voirie et des déplacements, de la Préfecture de Police et de la Brigade des Sapeurs Pompiers de Paris". Difficile dès lors pour les participants de croire que l'on allait entendre leur point de vue.
Le maire du 4e arrondissement a commencé par une assez longue introduction dans laquelle il a notamment fait plusieurs fois allusion à l'âge d'une partie de l'assistance. Faire comprendre aux seniors qu'ils ont des attentes différentes du reste de la population de manière très soutenue n'ait pas forcément du plus agréable. Surtout que tout le monde finit un jour ou l'autre par atteindre l'âge de 60 ans...
Envoyer ensuite le lieutenant colonel des pompiers en 1ère ligne face à une telle assistance n'était pas forcément très opportun. Je ne suis pas sûr que celui-ci n'a pas eu l'impression de tomber dans un traquenard. Il a été pris à partie sur des arguments qu'il avait donnés par des habitants qui avaient de manière très précise préparé le sujet (notamment concernant le cas d'école auquel aurait donné lieu l'affaire de l'incendie de l'Hôtel Lambert).
Lors des échanges, de nombreux habitants de l'île (et pas forcément des vieillards séniles et cacochymes) ont rappelé qu'ils avaient besoin d'un véhicule car ils ont des enfants et que pour se déplacer en famille, la voiture reste indispensable. La suppression des places de parkings en surface va leur rendre la vie impossible. Le risque est grand donc que la désertion des habitants "à plein temps" des îles se poursuivent.
Enfin une dernière maladresse assez déplorable concernant le respect de l'opposition a été commise. Jean-Pierre Plonquet conseiller d'arrondissement UDI du 4e arrondissement a été présent plus d'une heure (il était assis juste à mes côtés). Il n'a à aucun moment été proposé de lui donner la parole. Or, il est parti -plus d'une heure après le début- vers 19h15 pour participer à une réunion des élus UDI à l'Hôtel de Ville. M. Landel, le 1er adjoint a attendu ce départ pour préciser que tous les conseillers d'arrondissement y compris ceux de l'opposition avaient voté les zones 30 et les zones 20... oubliant bien sûr de préciser que la question des suppressions de place de parkings en surface n'avait pas été évoquée lors de ce débat en Conseil d'arrondissement. Ce n'est pas très fair play de parler les absents... quand ils ont été là quelques minutes plus tôt.
Je ne fais pas partie pour ma part de ceux qui veulent à tout prix maintenir la place de la voiture. J'ai à plusieurs reprises écrit sur ce blog des articles dans lesquelles j'explique qu'il faut réfléchir à d'autres modes de moyens de transport quand on le peut.
Cependant, ce n'est pas par des annonces considérées comme brutales par les riverains que l'on peut faire avancer les sujets. M. Girard ne cesse de prendre les aménagements d'Alain Juppé en ce qui concerne la piétonnisation d'un centre ville comme modèle. Il devrait inciter la Ville de Paris à s'inspirer du mode de management de l'élu bordelais qui a l'art de parvenir à des solutions de compromis. Il faut que les aménagements urbains se fassent avec les riverains en s'appuyant sur une réelle concertation préalable. Vu la réaction des habitants de l'île Saint-Louis (une pétition réunissant plus de 700 signatures a été mise entre les mains du maire pour dénoncer les décisions prises) cette condition n'a pas été respectée.
On peut enfin noter qu'un des vrais problèmes -à mes yeux- en matière de circulation ne semble pas réglé. La rue des deux Ponts est utilisée certains véhicules qui traversent à toute vitesse du Nord vers le Sud l'île Saint-Louis. Les piétons inattentifs qui déambuleront dans la "zone de rencontre" de la rue Saint-Louis-en-l'île risquent d'être très surpris s'ils ne font pas attention ! Voilà un carrefour qui pourrait devenir très dangereux.
Les élus de Paris ont l'art de se mettre la population à dos. C'est pourtant cette même population qui les a élus. Voilà maintenant que leur tête Anne Hidalgo annonce qu'elle va supprimer trois de nos quatre arrondissement. On se sent dans la peau des grenouilles de La Fontaine qui élisent un roi ... qui les gobent toutes ensuite.
Rédigé par : Vivre le Marais | samedi 30 janvier 2016 à 17h03
Je vois avec stupéfaction que l'on argue de Bordeaux, que je connais bien, même si j'habitue depuis plus de 50 ans ici. Le contresens est total. Belle façade Endémol pour la communication, oui, et on disait déjà La façade pour l'ensemble architectural 18e siècle des quais. J'y ai été élevée et mes parents y sont restés. J'y ai longuement gardé mes habitudes; je n'y fais plus aucun achat, les villes environnantes non plus alors que l'on y achetait tous nos habits semi durables, demi luxe, ceux que l'on ne renouvelle pas chaque trimestre et font vivre les villes. Le centre ville sans voiture exclut désormais a clientèle qui venait acheter, sauf le long du "triangle" pour achats de haut luxe des échappés des croisières qui arrivent à quai. La zone piétonisée est "lumpenarisée" (rendue au prolétariat en haillon de K. Marx), vouée à la fripe et à la "jeunesse" fauchée qui n'a même pas assez de sous pour consommer assise. Elle se montre ainsi, en été, court vêtue, devant le 3ème âge assis, aux entrée de la zone, en terrasse, qui, lui, faute de pouvoir faire ses courses se donne le plaisir du voyeur et fera ses achats sur internet ou dans les centres commerciaux périphériques, parfois dans des quartiers qui ont su reconstruire un service de qualité. Cela a tué la ville dite "bourgeoise". Est-ce un projet social cohérent? Doit-on rendre tous les centres villes à un mixte de bobos et de malheureux? La logique des décennies passées fut un projet de "reconquête urbaine". Là, nous allons à l'encontre. Pourquoi pas, mais on en revient aux Etats-Unis des années 1950, la population "normale" se flattera de n'être pas allée en centre-ville depuis des années et les villes seront de plus en plus tentaculaires et ingérables en terme de transport. On est en présence d'une forte contradiction que nos édiles devraient mesurer. Personnellement, je trouve que Toulouse - que je ne connais pas de l'intérieur - se débrouille bien mieux: moins de sectarisme.
Maïté Bouyssy
Rédigé par : Maïté Bouyssy | mardi 23 février 2016 à 11h58