Depuis la création de ce blog, j'ai déjà consacré plusieurs articles au Mémorial de la Shoah. Alors que nous commémorons aujourd'hui la râfle du Vel d'Hiv qui a eu lieu les 16 et 17 juillet 1942, je tiens à publier un article à un lieu de Mémoire de ce mémorial : la "Mur des Noms" qui se trouve dans la cour du Mémorial. Il comporte les noms des 76 000 juifs de France (dont 11 500 enfants) qui ont été déportés en Allemagne entre 1942 et 1944. Une grande partie d'entre eux ont été assassinés dans les camps d'extermination.
Plusieurs remarques pour comprendre l'organisation de ce mur (questions que posent souvent les élèves quand pendant les visites de ce Mémorial) :
Les noms sont rangés par année ce qui fait que pour retrouver une personne déportée il faut regarder les trois années pendant lesquelles la déportation de France a eu lieu :
Certains noms sont effacés (ce qui suscite de très nombreuses questions). Il s'agit la plupart du temps de noms qui étaient mal orthographiés et pour lesquels les graveurs ne pouvaient le réécrire car il n'y avait pas assez d'espace. Les noms ont donc été maqués et réécrits dans une rubrique qui apparaît en fin de de liste dans une rubrique intitulée "noms modifiés" :
Autre question souvent posée par les élèves. Les noms qui apparaissent sur ce mur sont-ils uniquement ceux de personnes qui ont été arrêtées en raison de leur appartenaient à la communauté juive. Je peux répondre à cette question grâce à mon histoire familiale : avec le cas père de mon parrain. Né à Paris, il était originaire de la communauté juive d'Alsace et marié à une femme catholique. Déporté à Buchenwald (où il était devenu l'ami de Marcel Bloch plus connu sous le nom de Marcel Dassault), son nom apparaît sur le mur des noms. Il considérait personnellement qu'il avait été arrêté et déporté en raison d'acte de sabotage (il faisait sauter des trains dans la région de Chalon sur Saône). Certains noms qui apparaissent sur le mur des Noms sont ainsi ceux de personnes qui ont été déportées car elles étaient juives mais aussi pour des raisons politiques ou des faits de résistance (on peut d'ailleurs signaler que dans le camp de Buchenwald, Marcel Dassault ne portait pas l'étoile jaune mais le triangle rouge des prisonniers politiques).
Enfin la question ultime -et peut-être la plus importante- posée par les élèves concerne le sort de ces 76 000 déportés. Ils ne sont pas tous morts : 2 500 d'entre eux sont revenus en France après la Libération des camps en 1945 et le mur ne permet pas de savoir s'il s'agit de déportés qui ont été assassinés dans les camps ou qui ont réussi à survivre. Tel est le cas de Simone Jacob, devenue par la suite Simone Veil et aussi du père de mon parrain.
Rappelons pour finir qu'une majorité de juifs vivant en France n'ont pas été déportés. Cela est en partie dû à ceux qui ont risqué leur vie pour aider et cacher les Juifs : les "Justes" dont les noms apparaissent sur un autre mur, celui qui longe le Mémorial de la Shoah (voir mon article du 9 novembre 2011).
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