L'Indépendant du 4e Arrondissement de Paris

DCIX : A very classical facade : Saint-Gervais-Saint-Protais Church

J'ai fait paraître cet article en français le 15 août 2008.

Saint-Gervais-Saint-Protais Church was built during the 17th century.

The first stone of the current facade was laid in 1616. The architect Clément Métézeau designed a work inspired by classical Art. The work was finished in 1657. The facade was praised unanimously and Voltaire  said "This is a masterpiece and the only thing missing is a large square in front of it to hold its admirers".

This facade is artistically interesting because it respects the rules of classicism :

- at ground level, there are Doric capitals which were common in classical Greece (for instance in the Parthenon in Athens). As the style demands, there are triglyphs above the columns. The sobriety represented during Antiquity the masculin gender. 

- at the next level, the columns are Ionic. Each one has two scrolling volutes. There are 24 hollow flutes in the shaft. This style was conceived in Ionia (in the western coast of modern Turkey). This kind of columns are found in the Erechteum near the famous Caryatids. Another monument in the Acropolis of Athens. This style represented during the Antiquity the feminin.

- at the top level, there  are Corinthian capitals. Even if they are very distant, they can be recognized because there are two levels of acanthus leaves. It is the symbol of the "neutral" gender and was widespread in the Roman Empire (for instance in the Pantheon in Rome or in the Maison Carrée in Nimes).

Without falling in a hidden (and often false) mysticism, -Dan Brown's way- it is often said that these three  styles represent, according to the Catholic Counter-Reform, the stressing of the dogma of the Holy Trinity : the Doric order on the ground level represents the Father, at the first level, the Ionic order represents the Son and the Corinthian order is the symbol of  Holy Spirit which points towards God.

This facade is decorated by statues of the 19th century about which I will write posts... later.

This post was first published in French on August 15th, 2008. 

DCIV : Nef de la cathédrale Notre-Dame de Paris : des colonnes romanes

Les colonnes de la nef de la cathédrale Notre-Dame de Paris

Voici une photo de la nef de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Cette église est une des premières cathédrales gothiques de France. Cela explique que les colonnes soient massives. Elles ont été programmés au XIIe siècle pour soutenir une cathédrale avec une voute de type romane beaucoup plus lourd. Cela donne à Notre-Dame de Paris un aspect plus ancien que d'autres cathédrales constuites à l'époque du gothique triomphant.

On peut comparer par exemple avec les colonnes de la nef centrale de la cathédrale de Reims :

Les colonnes de la nef de la cathédrale Notre-Dame de Reims

 J'ai déjà consacré un article au tympan du portail droit de la façade occidentale (dit portail de Sainte-Anne) qui lui aussi est un témoignage de la transition entre le roman et le gothique. (article du 16 mai 2008)

DXCIX : Une statue anonyme dans l'église Saint-Gervais-Saint-Protais : le curé d'Ars

Une lectrice a laissé un commentaire pour regretter que cette statue située sur le bas gauche en entrant dans l'église Saint-Gervais-Saint-Protais ne soit pas davantage mise en valeur. (article du 21 janvier 2009 avec un commentaire laissé le 18 octobre de la même année). 

D'après le commentaire qu'elle a laissé cette statue représente Jean-Marie VIANNEY (1786-1859) dit le Saint-Curé d'Ars. Ce personnage de grande foi est un représentant de la reconquête catholique après les temps difficiles pendant la Révolution française. Le curé d'Ars a été canonisé en 1925. Il est le saint-patron de tous les curés. J.-M. Vianney est représenté au moment où il entendait un fidèle en confession qui, pour lui, était une des tâches primordiales du rôle des prêtres.

Toujours d'après le commentaire laissé la statue serait l'oeuvre d'Etienne Morlaix. Je n'ai pas trouvé trâce de sculpteur de ce nom. Peut-être s'agit-il d'Emile MORLAIX (1909-1990) auteur notamment du mémorial de Ravensbrück qui se trouve au mémorial du Père Lachaise ?

Autres articles sur l'église Saint-Gervais-Saint-Protais :

- 15 août 2008 : la façade de Saint-Gervais-Saint-Protais

- 21 janvier 2009 : les stalles du choeur de Saint-Gervais-Saint-Protais

- 25 avril 2009 : le tombeau de Le Tellier

DLIII : Retour à la tradition pour la crèche de Notre Dame version 2009 (back to tradition for the nativity scene of Notre Dame cathedral in 2009)

Cette année la crèche de Notre-Dame marque un retour à la tradition. Le boeuf et l'âne sont notamment de retour. (Pour se convaincre du changement, regardez les photos publiés dans  l'article publié le 25 décembre 2008 à propos de la crèche de l'an dernier). Comme d'habitude, le "petit Jésus" ne sera pas mis dans la crèche avant le 25 décembre.

Mais, cette anné même les anges sont de retour :

This year, the nativity scene of Notre Dame shows a marked return to tradition. Noticeably, the cow and the donkey are back (To convince yourself, look at the photos published on December 25th 2008 about the nativity scene of last year). As usual, baby Jesus will not be put into the manger before December 25th.

But this year, even, the angels are back !

DXXII (post in English) : a trace of anti-judaism from the Middles Ages on the facade of Notre-Dame

(traduction en anglais de l'article publié le 28 septembre 2009).

During the Middle Ages, the Jews suffered from persecutions. In these times, the Church considered that the Jews had to be converted just before the end of times.

This prejudice against Judaism is shown by two statues which can be seen on the western facade of Notre-Dame cathedral (they are coloured in red on the photo above).

On the right, there's a lady with a helmet and a broken lance. She represents the "synagogue"  (or Jewish religion) :

The helmet hides the eyes of the statue. On the ground, there's a fallen crown and the lady holds the 10 commandments upside-down.

On the contray, on the left, there's the statue which represents the Church or christianity. The crown is on the lady's head. She holds a lance which is used as a banner and in her other she has a calice which contains  Jesus' blood :

 This opposition between the fallen synagogue and the triumphant church is a classic feature which can be seen on the facades of many cathedrals (for exemple the South transept of Strasbourg cathedral).

The current statues were sculpted during the 19th century because the old ones were destroyed during the French Revolution.

Thank you to Evan who helped me to translate this post into English.

This post was published in French on September 29th, 2009.

 

DVIII : Pourquoi la relance ne passerait-elle pas par l'église Saint-Paul-Saint-Louis ?

 

Voici une photo de la cathédrale de Reims... On peut se demander quel rapport il peut y avoir avec le 4e arrondissement ?

Elle me permet de signaler que lors de mon passage dans cette ville en août dernier (c'est déjà la 3e fois que j'y fais allusion), certains panneaux placardés sur la façade de la cathédrale m'ont interpelé :

On peut y lire que grâce au plan de relance, plus de 1 000 projets sont financés dans toute la France. En allant sur le site www.relance.gouv.fr je me suis rendu compte que les travaux de restauration de la cathédrale Notre-Dame-de-Paris avaient ainsi été entrepris ("épis de faîtage de la nef et bras Nord du transept"). C'est très bien.

Il est cependant dommage que la restauration de la façade de l'église Saint-Paul-Saint-Louis qui est dans un état lamentable (et dont les travaux ont été retardés par Bertrand Delanoë à la fin de l'an dernier [voir mon article du 15 juillet 2009]), n'ait pas obtenu de financement...  Peut-être cela n'avait-il pas été suggéré par la Ville ?

Le lundi 21 septembre 2009 le Conseil d'Arrondissement du 4e a voté à l'unanimité une délibération qui permet à la Ville de Paris de demander une subvention pour la restauration de la façade de l'église Saint-Paul-Saint-Louis. Cette église, contrairement à la cathédrale Notre-Dame, n'est pas la propriété de l'Etat mais celui-ci peut tout de même s'intéresser ) son sort puisqu'elle a marqué l'Histoire de France Je rappelle encore une fois que les coeurs de Louis XIII et Louis XIV y étaient déposés jusqu'à la Révolution. Louis XIV aurait dit paraît-il "L'Etat, c'est moi".

DVII : Un reste de l'anti-judaïsme médiéval sur la façade de Notre-Dame

 

La partie centrale de la façade occidentale de Notre-Dame-de-Paris

Au Moyen-Age, les Juifs ont subi dans tout l'Occident des persécutions. Pour l'Eglise de l'époque, il fallait attendre la fin des temps pour que cette minorité religieuse se convertisse au christianisme.

Cette façon de concevoir le judaïsme apparaît avec deux statues que l'on trouve sur les contreforts du portail central de la façade occidentale de Notre-Dame (je les ai fait apparaître en rouge ci-dessus).

A droite, on peut voir une femme casquée avec une lance brisée. Elle représente la "synagogue", c'est-à-dire la religion juive.

 

"La Synagogue"

Cette statue porte un casque qui lui tombe sur les yeux et lui masque la vue. Au sol à côté de la lance, une couronne est renversée. Elle tient dans la main droite les tables de la loi à l'envers.

Au contraire, à gauche du portail, on peut voir une statue de "l'Eglise", la religion chrétienne. Elle est représentée par une femme qui porte sa couronne sur la tête, tient une lance qui sert d'oriflamme et porte un calice destiné à recevoir le sang de Jésus :

"L'Eglise"

Cette opposition entre la Synagogue déchue et l'Eglise triomphante est un thème classique que l'on retrouve sur la façade de nombreuses cathédrales (par exemple le portail du transept Sud de la cathédrale de Strasbourg).

Les statues que l'on peut voir à Notre-Dame datent du XIXe siècle car elles avaient disparu à la Révolution française.

Cet article a été traduit en anglais : article paru le 30 octobre 2009.

This post has been translated into English : it was published on October 30th, 2009.

CDLXXXIII : Une ménorah dans un lieu apparemment surprenant du 4e...

La ménorah, le chandelier à 7 branches, est un objet sacré de la religion juive. Celui qui apparaît ci-dessus est cependant surprenant car on peut le voir dans un lieu de culte catholique... l'église des Blancs-Manteaux.

En effet, dans la nef de cette église qui a la particularité d'être orientée Nord/Sud, on trouve dans la partie ouest de la nef, dans la frise en hauteur une représentation de ce chandelier à 7 branches.

Les béotiens pourraient croire que cette ménorah dans une église est surprenante et mystérieuse. Cela pourrait peut-être même justifier l'écriture d'un roman à la Da Vinci Code. Ce serait faire preuvre d'une grande inculture.

En effet, ce décor date du XVIIe siècle puisque la 1ère pierre de l'église actuelle a été posée par le chancelier Michel Le Tellier en 1685. Comme ce dernier n'était pas réputé pour sa tolérance (voir mon article du 25 avril 2009), il n'est pas sûr que la présence de cette ménorah était initialement un signe de respect envers la religion juive. La ménorah figure, avec d'autres symboles, "l'Ancien Testament" qui dans l'optique de l'époque ne pouvait être compris qu'avec sa relecture chrétienne.

Avec le temps, on peut cependant aujourd'hui trouver que ce symbole dans une église chrétienne invite les différentes religions à voir ce qui les rapproche plutôt que ce qui les divise.

Un article que je dédie aujourd'hui à mon ami Avishaï dont c'est l'anniversaire aujourd'hui !

CDLXXIX : Une femme voilée dans la voûte de la salle des fêtes de l'Hôtel de Ville.

 On trouve une femme voilée sur une des peintures qui ornent la voûte de la salle des fêtes de l'Hôtel de Ville... Cela paraît assez insolite alors que le port de voiles qui cachent complètement le visage pose de plus en plus problème.

Pour comprendre ce paradoxe, il faut se rappeler que lorsque l'Hôtel de Ville a été reconstruit à la fin du XIXe siècle, le plafond de la salle des fêtes a été orné par des  allégories des différentes provinces françaises de cette époque. Pour cette raison, l'Alsace n'y figure pas  car cette province était rattachée à l'Allemagne (de 1871 à 1918). Par contre"L'Algérie, c'était la France" pour reprendre une phrase du ministre de l'Intérieur en 1954 (François Mitterrand)... c'est pourquoi ce territoire est représentée par une femme voilée. On peut la voir vers le fond de la salle des fêtes côté gauche.

La question se pose : faudra-t-il ôter le voile qui figure sur cette peinture ?

CDLXXII : Une superbe restauration de façade : le "temple de la visitation Sainte-Marie"

 Le temple de la Vistation Sainte-Marie, 17 rue Saint-Antoine, comparaison de deux vues prises le 15 février 2007 et le 6 avril 2009.

Le 4e arrondissement possède un lieu de culte au nom bien étranger : "Le temple de la Visitation Sainte-Marie". Quand on sait la profondeur du culte marial dans la religion calviniste, ce nom peut surprendre. La façade de cet édifice religieux a été restaurée en 2008.

Cette chapelle a été bâti entre 1632 et 1634 pour les soeurs du couvent des Visitandines. L'ordre de la Visitation avait été créé quelques années plus tôt en 1610 à Annecy par François de Sales. Cette chapelle est une des plus belles constructions religieuses de François Mansart. C'est un des bâtiments à coupoles typiques du Paris de cette époque (je pense notamment à l'église du Val-de-Grâce commandée par Anne d'Autriche, la chapelle de la Sorbonne pour Richelieu et pas très loin de là l'église Saint-Paul Saint-Louis construite par les Jésuites). A l'intérieur on peut admirer un décor qui reste très baroque :

Le couvent des Visitandines fut supprimé à la la Révolution (avec la fermeture de toutes les congrégations monastiques). Les turpitudes de notre Histoire nationale firent que ce bâtiment qui par son esprit baroque était une des oeuvres caractéristiques de la Contre-Réforme catholique fut attribué en 1802 au culte réformé : le décor ne correspondait pourtant pas aux recommandations de Calvin mais comme tous les temples calvinistes avaient été détruits sous Louis XIV, il fallait bien que les "Huguenots" puissent enfin avoir des lieux de prière avec la reconnaissance d'un grand acquis du Consulat : la liberté de choisir sa religion et de l'exercer.

La façade du temple de la Visitation Sainte-Marie était dans un triste état comme on le voit sur la photo prise ci-dessus en 2007. Elle a connu d'importants travaux comme on le voit sur la photo ci-dessous :

 

Une photo du Temple de la Visitation Sainte-Marie prise le 23 décembre 2007

Les travaux se sont achevés fin 2008 ce qui nous a permis en cette année 2009 de profiter de cette magnifique façade que l'on peut admirer lorsque l'on remonte la rue Saint-Antoine. Il faut notamment admirer les trophés qui ont retrouvé les consoles placées autour de la coupole et le magnifique fronton situé au-dessus du portail principal :

Espérons que la façade de l'église Saint-Paul-Saint-Louis qui est dans un triste état (voir les nombreux articles que j'ai consacré à la question) et qui est elle aussi située rue Saint-Antoine connaîtra elle aussi une aussi superbe restauration. La majorité du 4e s'est engagée à ce que les travaux soient finis avant la fin de la mandature en mars 2014. Il ne reste donc qu'un peu plus quatre ans et demi !

En ce jour de la glorieuse assomption de la Vierge Marie j'ai une pensée toute spéciale pour mon ami Lionel auquel je dédis cet article !