Voici une photo que j'avais passée à Raphaël. Elle illustrait un des articles qu'il avait écrit pour le 4e que j'aime : "Quand les jésuites et la monarchie française s'affrontaient". Cet article, comme tous ceux qu'il avait écrit, montrait un style littéraire brillant et des connaissances historiques impressionnantes pour un jeune homme de 21 ans à l'époque. Il avait écrit en tout trois articles consacrés de près ou de loin à cette église. Encore récemment, il avait laissé un commentaire ici sur "L'indépendant du 4e" pour manifester sa joie d'apprendre que les travaux de restauration de la façade de l'église Saint-Paul-Saint-Louis allaient être enfin entrepris.
Je l'avais un peu fréquenté pendant la campagne. Nous avions à plusieurs reprises pris des verres ensemble. Il m'est très dur de parler au passé de Raphaël qui était si attachant. Son intelligence et sa fougue vont nous manquer puisqu'il a disparu le 15 juillet dernier dans sa vingt-troisième année.
Les mots ne sont pas faciles à trouver. Toutes mes pensées vont à sa famille et à ses proches. Les obsèques de Raphaël ont eu lieu aujourd'hui à 11h dans cette même église Saint-Paul à laquelle il montrait un grand attachement. L'église pleine de monde a rappelé combien ce jeune homme était estimé et respecté.
En hommage je republie ci-dessous l'article qu'il avait écrit à propos du pavage de la rue des rosiers : "Une nouvelle patinoire pour le 4e". Il y avait montré ses très grandes qualités de plume :
C’était, comme on dit, un jour de pluie, et je me promenais dans notre cher arrondissement, revenant d’un petit restaurant «dont j’oublie ou j’ignore le nom» (André Breton, je pense, me pardonnera cette omission). Arrivant devant les gorgones qui ornent les portes de l’hôtel Amelot de Bisseuil (rue Vieille-du-Temple), je me rends compte que je suis à quelques mètres de la rue des Rosiers. J’ai toujours ressenti un agréable plaisir à parcourir cette voie pleine d’animation, où s’entremêlent les fils plus ou moins décousus des conversations. Je m’y engouffre donc avec résolution. Or, me voici tout à coup parti à la renverse, tel Fred Astairs au meilleur de sa forme. Je parviens à empoigner in extremis un poteau providentiel, qui m’évite de finir par terre. Riant extérieurement et pestant intérieurement, je fais mine de réajuster mon manteau, et me demande quelle peut bien être la cause de cette pirouette impromptue. Inspectant mes semelles, je constate que leur empreinte irrégulière leur évite de déraper. J’acquitte donc mes chaussures, et cherche un nouveau coupable… Se pourrait-il qu’il s’agisse du pavage utilisé lors de la rénovation de la rue des Rosiers, et qui lui donne une allure de voie piétonne, «folklore assuré» ? Je n’ose y croire. Je fais donc quelques pas avec circonspection, conscient que la moitié des passants m’observe du coin de l’œil. Deux loopings et un salto arrière plus tard, je me retrouve le nez dans le ruisseau. Il faut alors me rendre à l’évidence. Les uniques responsables de ce numéro improvisé ne sont autres que ces petites dalles luisantes de pluie, soigneusement équarries et alignées. C’est assuré : en fait de patinoire, le nouveau pavage de la rue des Rosiers peut difficilement être égalé !
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