Mardi 9 octobre 2012, soirée Mille-feuilles. Au fond de la salle, face au public, au micro, Annette Wiviorka avec à sa droite Henri Borlant et à sa gauche Ivan Jablonca
Mardi dernier, je me suis rendu au restaurant le Trumilou pour assister, une nouvelle fois, à une soirée organisée par l'association Mille-Feuilles (présidée par Frédéric Fredj).
J'étais particulièrement motivé puisqu'étant enseignant d'histoire-géographie dans le secondaire, le thème et les intervenants m'attiraient particulièrement.
En effet, cette 109e soirée des Mille-Feuilles avait pour fil conducteur le "Devoir de Justesse". L'intervenant la plus célèbre était Annette Wiviorka que connaissent tous ceux qui s'intéressent aux questions relatives à la Shoah. Elle venait présenter à l'assistance un livre où elle livre son parcours personnel, L'Heure d'exactitude, Histoire, mémoire, témoignage. J'ignorais que Mme Wiviorka avait vécu de "l'intérieur" l'expérience du totalitarisme chinois à la fin du règne de Mao Zedong de 1974 à 1976.
Anette Wiviorka publie aussi cette année un ouvrage avec Michel Laffitte qui a retenu mon attention et que j'ai acheté car le sujet m'intéresse pour de nombreuses raisons : A l'intérieur du Camp de Drancy paru chez Perrin en 2012.
Le second écrivain qui présentait un livre était Henri Borlant, que je ne connaissais pas jusque-là. Il est l'auteur de Merci d'avoir survécu. L'ouvrage est paru en collection de Poche en point seuil en 2011. Henri Borlant est aujourd'hui le dernier survivant, parmi les moins de 16 ans, des déportés juifs vers les camps d'extermination entre 1942 et 1944. Après son intervention, je me suis senti obligé de faire partager ce livre à plusieurs de mes amies. Je ne l'ai pas encore lu mais je suis certain que ce témoignage peut notamment servir de support à des cours relatifs à cette question.
L'intervention très poignante d'Henri Borlant
Cependant, j'ai été aussi très impressionné par la dernière intervention. Celle de l'historien Ivan Jablonka. Celui-ci a exposé comment, à l'aide de la méthode très rigoureuse de l'historien, il avait recherché les traces de ses grands-parents morts dans les camps d'extermination du IIIe Reich. Ivan Jablonka est reparti sur les traces laissées dans les archives publiques par ce couple qu'il n'a pas connu : des Juifs polonais, militants du Parti Communiste, arrivés en France dans les années 1930. J'ai beaucoup apprécié l'idée qu'il s'agissait d'écrire des parcours dans une vie et de ne pas concevoir ce récit avec uniquement à l'esprit ce qui conduit à sa terrible issue. Réflexion intéressante de l'historien, il a souligné que pour les Juifs installés en France, un grand sentiment de continuité apparaissait entre la IIIe République finissante et le début de l'Occupation. Ce n'est qu'en 1941 que la logique exterminationniste marque une vraie rupture.
Intervention d'Ivan Jablonca (au centre à gauche de la photographie)
M. Jablonca a aussi souligné un paradoxe de l'Histoire, ses grands-parents étaient des communistes juifs polonais. Ils auraient été abasourdis par la vague d'antisémitisme favorisée par le Parti Communiste au pouvoir après la Seconde Guerre mondiale, et surtout à partir de la fin des années 1960.
Un livre à lire donc aussi : Ivan Jablonca, Histoire des Grands parents que je n'ai pas eus, Seuil, 2012.
Après ces interventions et après des échanges avec la salle, la soirée s'est poursuivie par un repas partagé entre les participants. Malgré la gravité du thème qui avait précédé, cela m'a permis de passer une nouvelle soirée formidable dans une compagnie de qualité !
Merci à la librairie "La Belle lurette" qui est ausi présente à cette soirée et qui permet d'acheter les livres des intervenants.
Pour se tenir informé des soirées Mille-feuilles, aller sur le site de l'association : http://mille-feuilles.fr/
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