L'Indépendant du 4e Arrondissement de Paris

DCXXXVI : Les vrais (gros) poissons de l'Hôtel de Lauzun

 

Voici un article que j'avais écrit pour Le 4e que j'aime (publié le 16 janvier 2008). Je le republie à l'occasion d'un projet voté lors du Conseil d'arrondissement de début février dont je parlerai à la fin de cet article.

"Au 17 quai d'Anjou, on peut admirer la façade de "l'Hôtel de Lauzun" avec ses surprenantes gouttières en forme de poisson.

L'Hôtel de Lauzun a été construit au milieu du XVIIe siècle. Le premier propriétaire était Charles Gruyn des Bordes, un financier... fils de cabarretier, qui s'est enrichi grâce à sa charge de commissaire général des vivres pour la cavalerie légère.

Par la suite, l'Hôtel passa dans de nombreuses mains. Le plus célèbre propriétaire est Lauzun, dans la deuxième moitié du XVIIe siècle, le très célèbre époux de "la Grande Mademoiselle" : la riche héritière de Gaston d'Orléans. (Lauzun pour cette raison fit un séjour prolongé pas très loin de là dans les geôles de la Bastille...)

 L'Hôtel de Lauzun est depuis 1928 une propriété de la ville de Paris. Il a été restauré mais malheureusement il n'est pas souvent ouvert à la visite (il est réservé pour l'accueil des "hôtes de marque" de la ville). Les deux seuls moyens de le visiter sont de s'adresser à l'association "Paris historique" ou d'attendre les journées du patrimoine. Il arrive aussi que des expositions temporaires y soient organisées.

A ma connaissance, très peu d'hôtels particuliers des XVIIe-XVIIIe siècle sont ouverts à la visite dans un état qui serait le plus proche possible de celui qui était le leur à cette époque.

Ceux qui le sont ont été transformés la plupart du temps en musée ou en institution publique (le plus bel exemple est l'hôtel de Sully qui accueille MONUM). Il manque peut-être un lieu qui permette de comprendre ce Paris des XVIIe et XVIIIe siècles dont le Marais et l'Île Saint-Louis étaient des hauts lieux. Cela complèterait les collections très disparates de l'Hôtel Carnavalet (dans le 3e) concernant cette époque. Voilà matière à réflexion même si bien sûr tout cela a un coût".

Lors du conseil d'arrondissement du 28 janvier 2010, les élus ont voté une décision qui valide l'installation d'un Institut d'Etudes Avancées (IEA) afin d'accueillir une vingtaine de chercheurs de très haut niveau dans des "conditions idéales"  (je cite l'article de Paris.fr).

Le projet a été particulièrement défendu par la maire du 4e arrondissement, Dominique Bertinotti, qui trouve que c'est une excellente idée.

On peut se demander si installer des chercheurs de haut niveau sur l'île Saint-Louis n'est pas caricatural. Il aurait peut-être été intéressant de les mélanger avec la population de quartier plus populaires que l'Île Saint-Louis.

Lors du vote, l'adjointe Verte, Corinne Faugeron a dénoncé le coût des travaux puisqu'elle a affirmé que cela reviendrait à 240 000€ par bureau. Un chiffre qui peut sembler astronomique (le montant total des travaux est estimé à 5 millions d'Euros).

Vincent Roger (le conseiller d'opposition UMP) s'est lui interrogé pour savoir si ce magnifique hôtel particuler du XVIIe siècle était le lieu idéal pour installer des bureaux (avec donc de la connectique et du câblage). Maintenant qu'un accord est trouvé sur la rénovation de l'Hôtel Lambert, il ne faudrait pas s'attaquer à un autre joyau architectural de l'Île Saint-Louis.

Pour finir sur une note d'humour, comme l'Hôtel de Lauzun accueillera des grands chercheurs, on n'a donc pas fini d'y voir des gros poissons !

DCXXXII : Mardi 6 avril, l'association les mille-feuilles reçoit un invité d'honneur : Antonio TABUCCHI

Je peux témoigner que faire vivre une association demande est une entreprise de longue haleine.

C'est donc avec beaucoup de plaisir que je constate la vitalité d'une association installée dans le 4e arrondissement : l'association des Mille-Feuilles.

Le mardi 6 avril prochain, elle reçoit comme c'est son habitude une palette d'écrivains avec en invité d'honneur Antonio Tabucchi.

Pour plus d'information voici les renseignements qui m'ont été communiqués :

 

mardi prochain 6 avril à 19h30,   dans le cadre des Mille-Feuilles au restaurant Les Fous de l'Île   (33 rue des Deux-Ponts - 75004 Paris, métro: Pont-Marie, tél.: 0143257667),

  on pourra rencontrer et entendre :

 - Antonio TABUCCHI, écrivain, traducteur et enseignant italien,

  auteur d’une vingtaine de romans et d’essais traduits dans le monde entier,

  spécialiste de la littérature portugaise (il a traduit toute l’œuvre de Pessoa),

  chroniqueur à El Pais et au Corriere della Sera,

  intellectuel européen engagé vivant entre la Toscane, Lisbonne et Paris, pour :

  Le Temps vieillit vite, nouvelles traduites par Bernard Comment, Gallimard, 2009.

 

  Antonio Tabucchi a choisi de convier à ses côtés :

 

  - Bernard COMMENT, écrivain suisse, traducteur d’Antonio Tabucchi et éditeur,

  directeur depuis six ans de la collection Fiction & Cie aux Éditions du Seuil

  (après avoir été cinq ans directeur de la fiction à France Culture), pour:

  Triptyque de l’ongle, roman, postface d’Antonio Tabucchi, Joca Seria, 2008,

  

  - Andrea BAJANI, romancier, essayiste et scénariste italien, pour :

  Si tu retiens les fautes, quatrième roman, Gallimard, 2009.

 

  La présentation et l'échange, formalisés,

  seront suivis d'un second temps, plus informel, autour d'un repas,

  le tout, indissociable, pour le prix de 21 € (hors boissons).

  IL EST PRUDENT ET SOUHAITABLE DE RÉSERVER :

  01 43 25 76 67 ou  [email protected]

 

DCXXV : Saule pleureur de la pointe de l'Île de la Cité... le retour

Voici de nouvelles photographies exclusives pour l'Indépendant du 4e. Le saule pleureur, qui a été tronçonné au début de l'été 2009 (ce dont j'ai parlé abondamment l'an dernier), vient d'être remplacé. Grâce à Patrice V. qui m'a signalé cette importante nouvelle, j'ai pu aller prendre des vues de ce nouveau venu dans le 4e arrondissement (photographies prises lundi 22 mars 2010).

 D'ici quelques années, on devrait donc pouvoir retrouver la magnifique vue que nous avions jusqu'au milieu de l'an dernier ce dont bien sûr je ne peux que me féliciter...

Pour mémoire, la vue ressemblait à ça :

Rappelons que ce saule est dédié à la mémoire de toutes les victimes du nazisme.

DCXX (post in English) : The Barye statue, in Barye Gardens.

Cet article a été publié en français le 23 avril 2009.

Barye Gardens is located on the Eastern extremity of Saint-Louis Island. It's a haven of peace as can be seen on these two pictures.

  Here, there is a surprising statue. Indeed, it is dedicated, as are the gardens, to Louis-Antoine Barye, a famous animal sculptor (you can read a post about the rooster of Bastille translated into English on December 18th 2009). His portrait can be seen in the center of this work.

 On the  back of the statue, we learn that it is from 1891. It was a gift from his admirers from France and America :

 Nevertheless, even if Barye was famous for his animal statues, the sculptur, strangely enough,  is of two men. For instance see one of them on the picture below :

 Should we conclude that men are to be classified with animals ? ...  as a friend of mine suggested concerning the pet store of the BHV (see a post translated into English on January 8th 2010).

To add trouble to strife, about the message of the statue which looks very sexist. Both sculpted men are seated on wild beasts. And, whereas the lion looks very quiet...

 on the other side, the lioness doesn't seem to accept her submission :

 To be complete, we should add that a part of this group of statues, sculpted by Marqueste, has been cut out. On the upper part and in the oval part in the front, there were two bronze statues about the combat scene poured by Barye. To understand, you can observe a postcard published on the website Paris 1900.

As with many bronze statues, they may have disappeared during the Nazi occupation between 1940 and 1944. As this statue was a bit clumsy, nobody had the good idea to restore the original version.

This post was first published into French on April 23rd, 2009.

DCXV : Statues de l'Hôtel de Ville (56e volet) : D'Alembert (une oeuvre d'Auguste Rodin)

Voici le 56e volet de la série consacrée aux statues de l'Hôtel de ville. Elle concerne une oeuvre que j'ai prise en photo avant qu'elle ne soit placée derrière un horrible grillage. Elle se situe au 2e niveau dans la partie la plus à gauche de la façade qui donne place de l'Hôle de Ville. Comme les personnages qui l'entoure (notamment le cardinal de Richelieu [voir l'article du 17 février 2010]), il ne s'agit pas d'un inconnu puisque c'est D'Alembert qui est représenté.

Jean Le Rond dit d'Alembert est né à Paris le 16 novembre 1717. Il est le fils naturel du chevalier des Touches et de Mme de Tencin qui l'abandonna sur les marches de l'église Saint-Jean-le-Rond (une église aujourd'hui détruite qui était accolée à la nef de la cathédrale Notre-Dame, donc dans le 4e arrondissement).

Géomètre et mathématicien, il entra à l'Académie de science de Paris à l'âge de 23 ans puis à celle de Berlin à 28 ans. Les despotes "éclairés" du XVIIIe siècle, Frédéric II de Prusse puis Catherine II de Russie souhaitaient qu'il entrât à leur service.

D'Alembert est resté célèbre pour les écoliers car c'est avec Diderot qu'il dirigea de 1751 à 1772 la publication de l'Encyclopédie dont le but était de réunir tous les savoirs de son époque et de diffuser les idées des Lumières. Il était un ami proche de Voltaire.

En 1754, D'Alembert fut élu membre de l'Académie française au fauteuil N°25 (celui détenu aujourd'hui par l'écrivain Dominique Fernandez). En 1772, il devint secrétaire perpétuel de l'Académie française.

D'Alembert est mort le 29 octobre 1783.

A lire : la notice sur le site de l'Académie française.

Depuis un décret de décembre 1864, D'Alembert a donné son nom à une rue située dans le 14e arrondissement :

Agrandir le plan

La statue est elle-même intéressante car c'est une oeuvre d'Auguste RODIN qui en reçu commande en 1880. La statue a été sculptée en 1882. Rodin a réalisé une oeuvre assez classique même si, en comparaison avec les autres statues de l'Hôtel de Ville, elle montre un personnage davantage en mouvement.

Souhaitons en tout cas que cette grillage ne soit pas elle aussi cachée par l'immonde grillage que l'on trouve à l'étage inférieur (voir article du 8 février 2010).

DCIV : Nef de la cathédrale Notre-Dame de Paris : des colonnes romanes

Les colonnes de la nef de la cathédrale Notre-Dame de Paris

Voici une photo de la nef de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Cette église est une des premières cathédrales gothiques de France. Cela explique que les colonnes soient massives. Elles ont été programmés au XIIe siècle pour soutenir une cathédrale avec une voute de type romane beaucoup plus lourd. Cela donne à Notre-Dame de Paris un aspect plus ancien que d'autres cathédrales constuites à l'époque du gothique triomphant.

On peut comparer par exemple avec les colonnes de la nef centrale de la cathédrale de Reims :

Les colonnes de la nef de la cathédrale Notre-Dame de Reims

 J'ai déjà consacré un article au tympan du portail droit de la façade occidentale (dit portail de Sainte-Anne) qui lui aussi est un témoignage de la transition entre le roman et le gothique. (article du 16 mai 2008)

DCII : Rue Le Regrattier, ancienne rue de la femme sans tête...

Voici à nouveau un autre article que j'avais publié sur Le 4e que j'aime (article du 2 février 2008) :

Rue Le Regrattier, à l'angle avec le quai de Bourbon sur l'ïle Saint-Louis, on peut se rendre compte en observant attentivement la paroi du mur d'angle que cette partie Nord de la rue s'est appelée "Rue de la femme Sans Tête" comme cela est gravé dans la pierre. Il ne faut pas y voir une allusion à une riveraine qui dans le passé se serait caractérisée par une étourderie maladive...

Il ne faut pas non plus croire que ce nom est dû à la statue en grande partie détruite que l'on trouve à l'angle de la rue. Cette statue était en effet celle de Saint-Nicolas et elle a été brisée en 1793 en pleine Terreur par le révolutionnaire Coffinhal, un habitant de cette rue. Ce qui nous montre que l'ïle Saint-Louis par le passé a pu être habitée par des personnes bien sectaires !

Le nom "rue de la femme Sans tête" est cependant bien plus ancien : il date de 1680. Il était dû à l'enseigne d'une boutique représentant une femme sans tête tenant un verre à la main avec comme devise "tout est bon".

Ce nom n'a été abandonné qu'en 1870. La rue a alors repris le nom qu'elle avait lors de sa création et qu'elle continuait à porter dans sa partie au sud de la rue Saint-Louis-en-l'ïle : rue Le Regrattier. C'est le nom d'un des entrepreneurs qui s'est chargé du lotissement de cette île dans la première moitié du XVIIe siècle. Une des opérations d'urbanisme les plus réussies mais aussi les plus intéressantes financièrement dans le Paris de cette époque : des terres jusqu'ici utilisées pour le pâturage des vaches sont devenues des terrains à bâtir pour les riches familles parisiennes de l'époque en manque d'espace.

DXCVIII : (post in English) : Pisces on the Facade of Notre Dame

Cet article a été publié en français le 20 février 2009.

For astrology fans, the period of Pisces begins tomorrow.

Some may not know that the Catholic church was not always against astrology as an uncertain science. To see for yourself, you can oberve the settings which adorn each side of the Virgen's gate. Indeed one can see each astrological sign, with an interesting detail, what people in this period of the year did during the Middle Ages.

 For instance, the pisces is associated wich a character whose head is missing but he is close to the fireplace warming his feet... The zodiac sign of Pisces is the last period of winter (From February 20th to March 20th).

According to L'Internaute.com website, these are the characteristics of pisces :

" Predisposed to mysticism, you are a tortured person. There are contradictory elements in your character. A compassionate and intuitive being, you listen to others with goodness. As a sensitive person, you hate aggresivity. Of a sensuel temperament, you have a tendancy to indolence and letting yourself go, indicating a lethargic side, a lack of will and confidence. Don't complain to much and pick yourself up, you have excellent cards in your hand, for instance a well developped artistic ability".

This post was first published in French on February 20th, 2009.

 

DXCVI : Réunion publique à la mairie du 4e à propos de l'Hôtel-Dieu mercredi 17 février

J'ai déjà consacré un article à propos du vote unanime lors du Conseil d'arrondissement concernant les vives inquiétudes que l'on peut avoir concernant l'avenir de l'Hôtel-Dieu. (voir l'article du 6 février 2010).

La mairie du 4e arrondissement organise une réunion publique le mercredi 17 février 2010 à la salle Jean Mouly à 19h30. Le 1er adjoint du 4e arrondissement, Jean-Louis Pouriat (un monsieur dont j'ai déjà dit beaucoup de bien sur ce blog), est aussi le directeur des urgences de l'Hôtel-Dieu. On peut donc penser que l'on pourra entendre des informations précises (comme cela avait été le cas lors du conseil d'arrondissement).

Je me permets de faire ce nouvel article car je sais que quelques personnes lisent plus ce blog que le site de la mairie du 4e arrondissement, je voulais attirer leur attention sur cette réunion.

DXCIII (post in English) : The statue of Charlemagne and his "leudes" : a bronze statue which had difficulty finding its home

Cet article a été publié en français le 28 juin 2009.

The statue of Charlemagne, in winter, in the rising sun

 One can find this huge statue of the emperor Charlemagne (= "Charles the Great") with his "leudes" as it is written on the base. This statue is not necessarily in good taste but nevertheless we end up attaching ourselves to it. I often take pictures of it.

In autumn, with the sun setting on Notre Dame.

In winter, under a blanket of snow

This statue has a long history. It was designed when France was ruled by the Emperor Napoléon III, then an epoch when it was good to glorify the empire... But after, the proclamation of the Republic in 1870, this idea became old-fashioned quickly. Furthermore, this statue symbolised a period when France and Germany were one single entity which was ne longer a popular theme after the conquest of Alsace-Moselle by Germany in accordance with the treaty of Frankfort in 1871.

Indeed, a plaster version of the statue was proposed in 1853 by two sculptors, Louis and Charles Rochet, then it was exhibited at the Universal Exposition of 1867. The bronze version was finished for the Universal Exposition in 1878. The problem was that nobody wanted anything to do with this statue anymore. So Charles Rochet proposed to pay for the installation of his work.

In January 1879, the council of Paris deliberated about this question. The Left was against the erection of the statue because it was considered as a tribute to absolute power. Viollet-le-duc, who directed the debate, was infuriated by this point of view, but the statue was refused.

The 15 tons and 7 m high work was finally bought by the City of Paris in 1895 for 30 000 francs. However, in 1973, it was almost moved : the council of Paris wanted to replace it by the "pilier des nautes", roman remains which were discovered in the basement. The statue of Charlemagne was given to the city of Metz but they refused to pay the transportation costs. The result was that the statue didn't move.

The way Charlemagne is represented according to the popular tradition. He holds a scepter called the "scepter of Charlemagne" that can be admired in the Louvre. Actually, this scepter dates certainly to Charles V and so is from the 14th century (500  years after the death of Charlemagne).

Furthermore, the emperor has two companions, his "leudes" that's to say
his vassals : Roland and Olivier. The two sculptors forgot that when Charlemagne became emperor in 800 (he is wearing the imperial crown), Roland is supposed to have been killed in an ambush at Roncevaux in 778, 22 years beforehand !

Sources :

- photograph of the scepter : the website of the ministry of Culture.

- a book by Georges POISSON, Guide des statues de Paris, guide visuel Hazan, 1990.