L'Indépendant du 4e Arrondissement de Paris

MCCCXXVII : La nef de Paris dans le 4e (épisode n°15) : Des nefs contemporaines de celle de la mairie du 4e

Voici une nef de Paris qui ressemble  à celle que l'on peut voir sur la façade de la mairie du 4e arrondissement (place Baudoyer) [voir article du 1er juillet 2010]. On l'a trouve en deux exemplaires sur le Théâtre de la Ville, place du Châtelet (coté 4e) :

La datation de cette nef est assez aisée puisque la date apparaît juste en dessous :

Tout comme la mairie du 4e arrondissement, il s'agit donc d'un legs du Second Empire et de l'Empereur Napoléon III qui avec le préfet de Paris, Haussmann, a profondément changé le coeur de Paris. Cela explique la présence des nombreux "N" que l'on peut observer sur la façade du théâtre de la Ville :

MCCLXXVIII : Les rues du 4e : Rue Malher... De l'importance du "H" après et pas avant le "L"

Une personne qui doit se croire très cultivée a réalisé cette représentation sur un mur du 4e arrondissement. Il s'agit du compositeur autrichien Gustav Mahler. Pour s'en convaincre voici un portrait de ce musicien :

Le concepteur de ce pochoir -qui doit se croire plus malin que les autres- a placé cette représentation sous la plaque de la rue Malher pour, semble-t-il, expliquer aux individus sans culture qui est le personnage auquel il souhaite rendre hommage :

Ce grand "connoisseur" comme disent les anglo-saxons ne s'est pas rendu compte que l'orthographe n'était pas la même puisque dans le nom de la rue le "H" est placé après le "L" et non pas avant.

Comme cela est indiqué par une plaque située à l'autre extrémité de la rue, le Malher dont il est question  est un "lieutenant tué sur les barricades" :

Cependant, une autre erreur peut être faite à propos de ce personnage. Il n'est pas mort sur les barricades qui en février 1848 ont renversé la monarchie de Juillet pour mettre en place la IIe République mais le 24 juin 1848. Ce sous-lieutenant du 18e régiment léger a participé à la répression des mouvements insurrectionnels provoqués par la fermeture des Ateliers généraux. Le nom de la rue a été donné par un arrêté pris le 27 mai 1849 par le  Président de la Républiqe Louis-Napoléon Bonaparte qui voulait rendre hommage à un militaire tombé pour rétablir le calme et la tranquillité à Paris. Un héros du parti de l'ordre en quelque sorte !

La rue Malher fait 160m de long. La partie comprise entre la rue Pavée et la rue du roi de Sicile a été percée suite à une décision prise en mars 1848. La partie sud, entre la rue du roi de Sicile et la rue de Rivoli a été ouverte suite à un arrêté de 1854 (à l'époque où la rue de Rivoli a été prolongée jusqu'à la rue Saint-Antoine).

En tout cas, désolé pour les mélomanes, mais il n'y a aucun rapport entre Gustav Mahler et la rue Malher. Le compositeur autrichein est né en 1860 alors que la rue Malher existait déjà sous ce nom depuis près de 10 ans !

 

MCCLXIV : Un immeuble de la rue Sainte-Croix-rue-de-la-Bretonnerie qui tord le cou à une légende

Au 37 de la rue Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie, on trouve ce superbe immeuble qui vient d'être restauré. Il abrite le réfectoire du BHV, des bureaux et des logements devenu récemment des logements sociaux (ce qui est tant mieux pour certains des locataires qui occupaient ces appartements et qui sans rien avoir demandé à personne vont payer un loyer beaucoup plus faible !).

Cet immeuble a des dimensions imposantes. Il possède un superbe porche d'entrée qui est situé dans la partie la plus à droite de la façade :

 

Son décor comporte un décor très classique et relativement sobre :

Les nombreues fenêtres qui rythment la façade sur trois étages sont encadrés d'une grande austérité avec cependant d'élégantes petites consoles dans les parties supérieures :

Elles possèdent aussi toutes de très belles barres d'appui qui sont du bel ouvrage de ferronnerie :

Certains détails de l'immeuble sont particulièrement élégants comme la corniche qui orne le sommet de la façade :

 

Enfin cet immeuble tord le cou à une légende que j'ai entendu assez régulièrement. Ce n'est pas Charles Garnier qui a été le premier a signé de son nom la construction d'une de ses oeuvres (l'Opéra). En effet, cet édifice du 37 rue Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie est daté de 1851 avec le nom de son créateur : Bonneau.

Avant donc le début de la construction de "l'Opéra Garnier" qui a commencé en 1861 et s'est achevée en 1875.

Juste à côté de cet immeuble, on trouve une construction  dont le décor est beaucoup plus exhubérant (voir article du 5 décembre 2009).

 

 

MCCLVII : Un buste de Victor Hugo à l'époque où il était bien en Cour

Voici un buste de Victor Hugo que l'on peut admirer à la "Maison de Victor Hugo", place des Vosges, dans une des pièces de l'appartement que l'écrivain a occupé entre 1832 et 1848.

J'ai toujours été surpris que Victor Hugo, écrivain de génie, soit présenté comme le grand héros de la contestation en raison de la haine farouche qu'il a voué à Napoléon III, qu'il aimait appelé Napoléon le Petit.

En effet, né en 1802, "le siècle avait deux ans", il a été un artiste très bien en cour pendant toute la période où la France a été une monarchie constitutionnelle (1815-1848), légitimiste sous Charles X, il est devenu Orléaniste sous la monarchie de Juillet. Ce buste, commandé par Louis-Philippe,  a été offert  en 1838 à Victor Hugo alors agé de 36 ans. En  février 1848, par fidélité au roi qui venait d'abdiquer, il a refusé de faire partie du gouvernement provisoire de la toute jeune IIe république.

Ce n'est donc qu'après le coup d'Etat de 1851 que l'auteur des Misérables, -donc à près de 50 ans-, a pris l'habit du rebelle et du contestataire.

Ce buste est une oeuvre de Pierre-Jean David, dit David d'Angers, auquel on doit le bas-relief du fronton du Panthéon. Jusqu'au 20 mai, le Louvre présente une exposition consacrée aux dessins de cet artiste.

En revevant ce buste, Hugo qui avait le sens de la formule a  formulé le remerciement suivant "Sous une forme magnifique, mon ami, c'est l'immortalité que vous m'envoyez. Une pareille dette est de celles dont on ne s'acquitte jamais, l'essentiel est, cependant, non pas de la payer, mais de la reconnaître".

MCCXLVIII : Guide pratique du 4e. Bien en géographie mais copie à revoir en histoire !

Comme de nombreux habitants du 4e, j'ai trouvé dans ma boîte à lettres il y a plusieurs semaines, ce "guide pratique du 4e".

L'édition 2013 nous réserve plusieurs surprises auxquelles j'ai été particulièrement  sensible en tant que professeur d'histoire-géographie...

Pour ce qui est de la géographie, je décerne à l'ouvrage un satisfecit. En effet, on trouve dans de nombreuses pages des vues superbes du 4e arrondissement depuis les tours de Notre-Dame (pages 9 et 79) et surtout depuis l'Hôtel de ville avec une photographie inédite page 78 qui montre la rue du Renard et le Centre Pompidou.

Toujours mention très bien, page 11,  en ce qui concerne la superficie de l'arrondissement qui est bien de 160 ha et la population de 28 459 habitants (contre plus de 30 000 habitants il y a plus d'une dizaine d'années).

Par contre, pour ce qui concerne l'histoire, je suis un peu attéré. Le survol en deux pages (pages 11 et 13) est pour le moins consternant. Nous avons droit à tout un couplet sur l'horrible Robert Ier de Meulan* jeté en pâture à la vindicte populaire mais par contre des moments clés aussi marquant que la construction de l'Enceinte de Philippe Auguste ou la place des Vosges sont passés sous silence. Au contraire, nous avons droit à pas moins de 7 lignes à propos du lotissement de l'île Saint-Louis sous le règne de Louis XIII. Encore plus fort, on apprend plus loin que les "travaux du baron Haussmann" ont "été "autorisés par Napoléon Ier". Une petite confusion bien regrettable entre l'oncle et le neveu.

A noter aussi dans cette rubrique histoire, une phrase dont il faudra m'expliquer le sens "Toutefois on retrouve la population aux abords du Palais de Justice, au marché aux fleurs et dans les foules de visiteurs de Notre-Dame". Si on en vient à considérer que les touristes du 4e sont des habitants, il va vite falloir demander une augmentation de la dotation budgétaire que la Ville de Paris accorde à l'arrondissement en fonction de sa population !

 

* Je promets à mes lecteurs de faire un article concernant ce Robert de Meulan, comte de Leicester (1048/1049 - 1118) qui a eu un destin passionnant et qui notamment a combattu aux côtés de Guillaume le Conquérant à la bataille de Hastings en 1066.

MCCXXVII : La Liberté guidant le peuple... une vue sous un autre angle.

La révolution de 1830 place de l'Hôtel de Ville (collection particulière)

Voici un tableau qui représente la révolution de 1830. On retrouve la scène représentée de manière très romantique par Eugène Delacroix dans "La Liberté guidant le peuple" qui a été envoyé depuis 2012 au Louvre Lens.

En effet, au 1er plan à droite, on voit les insurgés qui défendent l'Hôtel de Ville :

A gauche, les soldats de Charles X ont commencé à reculer mais tiennent quand même leur position. On peut voir des chevaux morts et des cadavres (comme dans le 1er plan du tableau de Delacroix) :

Cependant, au 2e plan sur la passerelle de l'Hôtel de Ville, on voit un autre groupe d'insurgés qui sont sur le point de s'engager vers la place :

Il s'agit de l'acte héroïque du polytechnicien surnommé "D'Arcole". Ce qui explique que le pont actuel bâti sous Napoléon III porte ce nom (voir l'article du 9 octobre 2008).

En 1830, ce pont était une simple passelle suspendu qui avait été construite à peine deux ans plus tôt (en 1828) :

A l'arrière-plan, on peut voir les bâtiments situés à l'emplacement de l'Hôtel-Dieu édifié sous Napoléon III. Le quartier a été profondément transformé à l'époque du braon Haussmann :

Enfin à l'arrière-plan à gauche, on peut observer la Sainte-Chapelle. A cette époque, elle n'était pas masquée par le tribunal de commerce et la reconstruction du Palais de Justice :

 

 

 

 

 

MCCXX : L'escalier d'honneur de la mairie du 4e dans toute sa Majesté. Un article à l'occasion de la cérémonie des voeux ce soir à 19h.

J'avais publié un article cet été pour regretter que les bouteilles recyclées apparues pour la décoration de Noël se soit un peu longtemps éternisées dans l'escalier de la mairie du 4e (voir mon article du 10 août 2012). Par le plus grand des hasards, dans semaine même où j'ai fait paraître ce "post", cette "création artistique" a été démontée et nous pouvons depuis à nouveau admirer ce très bel escalier dans toute sa majesté.

Rappelons que la mairie du 4e arrondissement est une oeuvre de l'architecte Antoine-Nicolas Bailly et qu'elle a été achevée 1868.

C'est en ces lieux que le maire du 4e arrondissement, Christophe Girard nous convie à la cérémonie des voeux ce soir à 19h.

MCCXVI : Un élégant immeuble Napoléon III au 28 rue du Pont-Louis-Philippe

Les façades d'immeubles de l'époque Napoléon III ne sont pas rares dans le 4e arrondissement puisque l'aspect des rues a été profondément modifié pendant le 2nd Empire avec notamment la percée de la rue de Rivoli et celle du boulevard Sébastopol.

Le 28 rue du Pont-Louis-Philippe est un immeuble situé juste en face de la mairieu du 4e arrondissement. Sa façade m'a intéressé en raison de la très belle marquise que l'on trouve au bas de cet immeuble :

Le magasin est aujourd'hui à l'abandon mais il faut espérer que les repreneurs sauront tirer parti de ce très beau décor. Les petits lions qui décorent les fixations qui tiennent cette marquise sont en effet charmants :

On peut noter de nombreux autres détails décoratifs qui embellisent cette façade. Tout d'abord, la plaque de rue n'est pas sans une certaine élégance :

Au dessus des fenêtres, on peut aussi voir des linteaux avec un décor très discret :

A chaque extrémité des ces linteaux, on peut voir de jolies fleurs de nénuphar :

Enfin au 2e étage, le visage de deux femmes à l'Antique apparaît en bas relief :

Ces deux femmes sont représentées avec des traits qui font apparaître une saisissante gravité :

 

A chaque fois que j'observe une telle façade, je me réjouis du fait que le nouveau Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur du Marais ne prenne plus seulement en compte la protection du patrimoine antérieur au XIXe siècle. J'ai aussi une pensée pour le coût que représente l'entretien de telles façades pour les (co-)propriétaires de l'immeuble...

La SARL Anthillyde qui occupait cette boutique (il s'agissait d'un magasin de produits de beauté et d'un institut de beauté) a été mis en liquidation judiciaire en avril 2012 (voir le dossier sur le lien suivant). Un exemple parmi de nombreux autres des difficultés que rencontrent nombre de commerçants de l'arrondissement depuis plusieurs mois.

 

 

MCLVII : La nef de Paris dans le 4e arrondissement (épisode n°11) : Une des premières versions de la nef dans son aspect actuel

Je montre régulièrement sur ce blog par la série consacrée à la nef de Paris dans le 4e arrondissment que son aspect a beaucoup varié, notamment au XIXe siècle. Cependant, sous la IIIe République, elle a pris son aspect actuel.

On peut s'en rendre compte avec la version qui orne le collège Couperin à l'angle de la rue des Justes (ancienne portion Est de la rue du Grenier-sur-l'eau) et de la rue Geoffroy-l'Asnier :

Pour savoir de quand date cette très belle nef, il suffit de lire la date qui figure au-dessus :

Cette nef médiévale n'a plus rien à voir avec le bateau à plusieurs mats qui existait dans les premières années de la IIIe République (voir le bâtiment administratif situé en face de l'Hôtel de Ville ==> article du 2 mars 2010).

De manière assez étrange, elle est aussi plus similaire à la version actuelle que celle qui est pourtant plus récente des années 1910 que l'on peut voir à l'espace Pierre-Charles-Krieg (article du 24 novembre 2010). Cependant, ce qui montre que la version du collège Couperin est plus ancienne est l'absence, sous le blason, de la médaille de la Légion d'honneur qui a été décernée à la Ville de Paris en 1900 (année à la fois de l'exposition universelle  et du 30e anniversaire du siège de 1870/1871).

MCXXXVI : Les anges du 4e (11e volet) : deux anges d'un artiste un peu oublié à l'occasion d'un anniversaire.

Voici le 11e volet de la série consacrée aux anges du 4e. J'ai commencé cette série il y a 4 ans à l'initiative d'une personne qui fête aujourd'hui ses 25 ans...

Ses deux anges de grande dimension encadrent une pietà qui se trouve dans une chapelle latérale située au nord du choeur de l'église Saint-Gervais-Saint-Protais :

L'ensemble n'a pas la légèreté de la pietà de Michel Ange... On retrouve dans cette oeuvre tout le bon goût de la Monarchie du Juillet. Il rappelle le décor sculpté de la chapelle royale de Dreux.

Après une petite enquête, j'ai trouvé que ces anges et cette mater dolorosa sont une oeuvre qui date de 1840 et qui est due à Jean-Pierre Cortot (1787-1843). On doit aussi à cet artiste le bas-relief Le triomphe de Napoléon Ier qui décore une des faces de l'Arc de Triomphe.

Cortot est aussi le sculpteur qui a achevé la statue équestre de Louis XIII sur la  place des Vosges (voir mon article du 2 mai 2008).

Les anniversaires et les anges ont du bon. Ils permettent de retrouver des artistes un peu oubliés.