(Détail du tableau "L'apothéose d'Henri IV et la proclamation de la régence de Marie de Médicis).
Voici un détail d'un tableau que j'aime montrer à mes élèves de 4e chaque année quand je me rends au Louvre avec eux dans le cadre d'un projet histoire de la peinture. On y voit Henri IV emporté au ciel par la mort tandis que sa femme Marie de Médicis est proclamée régente. Ce tableau se trouve au Louvre dans la magnifique salle consacrée aux peintures faites par Rubens pour raconter l'histoire de la régente.
Voici la version complète du tableau :
Les personnes qui ont un peu de culture historique savent qu'Henri IV n'est pas mort dans l'actuel 4e arrondissement. Il est mort dans le 1er arrondissement, rue de la Ferronerie. On trouve au sol (à quelques dizaines de mètres du boulevard Sébastopol qui sert de limite aujourd'hui entre les deux arrondissements) une plaque qui rappelle l'assassinat commis par Ravaillac le 14 mai 1610. Cela fera donc 400 ans demain.
Un fait est peut-être moins connu : Henri IV se dirigeait alors vers l'actuel 4e arrondissement. En effet, son ministre et ami, Sully, qui logeait à l'Arsenal (l'actuel Hôtel de Sully n'était pas construit) étant malade, le roi avait décidé d'aller lui rendre visite. Comme chacun le sait, l'Arsenal est située à l'Est de l'actuel 4e arrondissement.
Pour s'y rendre en partant du Louvre, le roi devait emprunté un dédale de rues : la Ferronnerie jusqu'à la rue Saint-Denis qu'il fallait redescendre jusqu'à l'actuelle rue des Lombards, la rue de la Verrerie, la rue du roi de Sicile pour ensuite atteindre la rue Saint-Antoine qui était le seul grand axe de l'époque...
Henri IV ne l'a jamais atteint puisqu'après avoir été poignardé et ramené d'urgence au Louvre il a expiré quelques minutes plus tard.
Je m'étonne du silence de la plupart de nos institutions autour de la mort de ce grand roi. Henri IV est aujourd'hui un des seuls de nos dirigeants qui réussissent à faire à peu près l'unanimité. Napoléon Bonaparte n'a fait en France presque l'objet d'aucune rétrospective pour commémorer les 200 ans de sa période la plus glorieuse et réformatrice à la tête de la France. Il a fallu que je me rende à l'étranger pour voir des aspects positifs de sa domination sur l'Europe avec par exemple à Munich une exposition à propos de la mise en oeuvre d'un code civil d'inspiration française en Bavière. En France, on n'a principalement retenu que les fautes qui lui sont reprochées, avec notamment le rétablissement de l'esclavage aux Antilles en 1802 et bien sûr les litres de sang déversés sur le champs de bataille.
Pour en revenir à Henri IV, je pense que, globalement, on a peu de chose à lui reprocher. L'Edit de Nantes de 1598 et la fin des guerres de religion en fait un roi "politiquement correct". Pourtant rien n'est fait pour rappeler en ce 400e anniversaire de son assassinat, l'importance de son règne. Nos dirigrants ne pensent pas important que les Français puissent valoriser leur passé. On peut comparer cette attitude désolante avec nos amis anglais : au Royaume Uni, le 500e anniversaire de la prise de pouvoir d'Henri VIII en 2009 a donné lieu à un nombre impressionnant d'expositions, téléfilms, reconstitutions qui rendent le personnage beaucoup plus présent... Pourtant je ne suis pas sûr que le roi Henri VIII ait été irréprochable, notamment dans sa manière de se débarasser de grands ministres comme Thomas More.
Si la "Nation française" dans toute sa diversité actuelle veut continuer à exister, il faut que nous soyons tous collectivement plus conscients de son passé. On ne peut rien construire en faisant table rase de ce qui a forgé l'Unité du pays.
Peut-être cela est-il dû au manque de Culture historique de la part de nos dirigeants. Je n'ai jamais été un adepte de François Mitterrand mais je dois admettre qu'il est peut-être le dernier de nos chefs d'Etat à avoir eu à l'esprit dans sa pratique du pouvoir le passé séculaire de la France. On peut rappeler par exemple qu'en 1987 le millénaire du sacre de Hugues Capet avait été célébré très dignement avec notamment une très belle frappe monétaire. Ces derniers temps nous n'avons eu droit qu'à une glorification de la culture Taïnos ou encore plus récemment à une volonté de célébrer les seuls faits et gestes, certes nombreux, du dirigeant en place, notamment la très grande et très glorieuse présidence française de l'Union Européenne. Peut-être que rappeler certains Chefs d'Etat passés pourraient risquer de faire de l'ombre à certains... A moins que cela ne leur évoque en fait pas grand chose.
Ce n'est pas moi qui ait dit en premier "Parce qu'un homme sans mémoire est un homme sans vie, un peuple sans mémoire c'est un peuple sans avenir"... (C'est le Maréchal Foch... et pas Aimé Césaire comme je l'ai lu sur plusieurs blogs !)
Pendant que j'y suis, ajoutons que je trouve inadmissible la disparition de l'enseignement de l'Histoire-géographie en Terminale scientifique. Le passé a montré à de nombreuses reprises que les scientifiques avaient besoin d'un minimum de conscience des faits passés... Les scientifiques y ont joué un rôle très important et la seule chose que l'on peut regretter est la faible importance de l'histoire des sciences et des techniques dans l'enseignement de l'Histoire en France.
Cet article porte le N° DCLVI... c'est-à-dire 666. Il s'agissait jadis d'un nombre qui évoquait le diable. En effet, il avait la particularité de s'écrire en chiffres romains avec les nombres D, C, L, V, I dans l'ordre. Cela explique aussi pourquoi certains annonçaient la fin du monde en 1666 (MDCLXVI) mais j'en reparlerai si j'atteins ce nombre d'articles... dans quelques années.
On voit pourquoi on peut dire que l'article d'aujourd'hui est un peu diabolique ou satanique !
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