Lors de la messe pour le lancement du jubilé en l'honneur du 850e anniversaire de la cathédrale Notre-Dame, le 12 décembre 2012, le maire du 4e arrondissement, Christophe Girard a tweeté en citant Chateaubriand "Le sentiment vague de divinité que l'on éprouve en entrant". Cela a conduit Bruno Masure à lui répliquer par un tweet humoristique comme il sait si bien les faire "Encore abusé de ton Côtes du Rhône".
Interpelé le lendemain par le compte UMP4e qui rappelait un tweet lancé par le même 1er édile quelques mois plus tôt "1 Américain sur 5 se déclare rattaché à aucune religion. % en hausse, bonne nouvelle ! ", Christophe Girard a répondu "J'espère être en conviction , ne pas etre neutre et toujours en sincérité car je suis pétri de doutes et cherche à comprendre". Bref, il semble bien que l'atmosphère du lieu et la beauté du Magnificat interprêté par la maîtrise de Notre-Dame aient interpelé notre maire...
Cela m'a rappelé que le pavage de la cathédrale de Notre-Dame évoque une conversion miraculeuse qui s'est produite le 25 décembre 1886. A l'époque, Twitter n'existait pas pour nous faire part de cet heureux événement ! Mais Paul Claudel a laissé un témoignage écrit de ce qu'il avait éprouvé :"J'avais complètement oublié la religion et j'étais à son égard d'une ignorance de sauvage. [...]. La première lueur de vérité me fut donnée par la rencontre des livres d'un grand poète, à qui je dois une éternelle reconnaissance, et qui a eu dans la formation de ma pensée une part prépondérante, Arthur Rimbaud. La lecture des Illuminations, puis, quelques mois après, d' Une saison en enfer , fut pour moi un événement capital. Pour la première fois, ces livres ouvraient une fissure dans mon bagne matérialiste et me donnaient l'impression vivante et presque physique du surnaturel. Mais mon état habituel d'asphyxie et de désespoir restait le même. Tel était le malheureux enfant qui, le 25 décembre 1886, se rendit à Notre-Dame de Paris pour y suivre les offices de Noël. [...] C'est dans ces dispositions que, coudoyé et bousculé par la foule, j'assistai, avec un plaisir médiocre, à la grand'messe. Puis, n'ayant rien de mieux à faire, je revins aux vêpres. Les enfants de la maîtrise en robes blanches et les élèves du petit séminaire de Saint-Nicolas-du-Chardonnet qui les assistaient, étaient en train de chanter ce que je sus plus tard être le Magnificat . J'étais moi-même debout dans la foule, près du second pilier à l'entrée du chœur à droite du côté de la sacristie . Et c'est alors que se produisit l'événement qui domine toute ma vie. En un instant mon cœur fut touché et je crus . Je crus, d'une telle force d'adhésion, d'un tel soulèvement de tout mon être, d'une conviction si puissante, d'une telle certitude ne laissant place à aucune espèce de doute, que, depuis, tous les livres, tous les raisonnements, tous les hasards d'une vie agitée, n'ont pu ébranler ma foi, ni, à vrai dire, la toucher. J'avais eu tout à coup le sentiment déchirant de l'innocence, l'éternelle enfance de Dieu, une révélation ineffable". in Paul Claudel, Contacts et circonstances, (1913).
Vous pouvez retrouver le texte du Magnificat interprêté le 12 décembre 2012 avec le lien suivant. L'introduction du refrain était en effet très convaincante :"Peuple de Dieu, Cité de l'Emmanuel...".
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