Depuis quelques jours, une merveilleuse vue s'offre à nous. Sans même avoir à quitter le 4e arrondissement nous pouvons admirer depuis le quai de Gesvres et depuis le pont au change une magnifique publicité en l'honneur d'un produit phare de la Culture française avec le slogan si bien trouvé "Dior j'adore".
Pendant très longtemps, à Paris, il a été strictement interdit de faire de la publicité sur les bâches des immeubles en restauration ou en ravalement. J'ai toujours trouvé dommage que l'on prive les monuments parisiens, mais aussi les propriétés privées, de ce moyen de financer une partie des travaux.
Il arrive de plus que dans les villes où cela est autorisé, les publicitaires déploient des trésors de créativité pour rendre les affiches belles à voir. Voici par exemple une photographie que j'ai prise sur la 5e avenue à New York en avril 2005 :
En outre, la publicité pour Dior a coûté 200 000€ et elle ira directement dans les caisses de l'Etat, propriétaire du Palais de Justice (il n'est pas encore décidé de le vendre !). Cet affichage, prévu de mars à décembre, doit changer tous les mois. Il doit rapporter 2 millions d'euros ce qui correspond approximativement au coût de restauration de la façade*.
On aurait pu craindre que la mairie de Paris ne s'offusque de cette publicité installée sur un monument classé et alors que les quais de Paris sont inscrits au Patrimoine mondial de l'UNESCO.
On pouvait même redouter une réaction du maire adjoint à la Culture de Paris, Christophe Girard. En effet, celui-ci se laisse aller à parler de la disparition de "pans de laideurs" à propos de la démolition de l'oeuvre architecturale de Willerwal aux Halles sur son blog où il a aussi publié le classement dans lequel il apparaît comme la 7e personne la plus importante dans la Culture en France aujourd'hui... Bref, on aurait pu craindre une réaction désagréable de ce censeur local du bon et du mauvais goût. (Je renvoie notamment à la fin de mon article du 10 mars 2011 relatif aux Halles).
Cependant, je pense qu'on peut être rassuré. Christophe Girard étant directeur marketing du groupe L.V.M.H. propriétaire de la marque Dior, on peut être certain qu'on n'entendra guère de protestations. Comme nous avons la chance que M. Girard cumule non seulement le poste d'adjoint à la Culture du 4e et de la Ville de Paris avec, depuis mars 2010, un siège au sein de la majorité du Conseil Régional, on peut être espérer que cette dernière assemblée ne se lancera pas dans une dénonciation farouche de cet affichage. Il aurait été fort triste que nos élus socialistes prennent ainsi position contre un groupe qui est le fleuron de l'économie française et dont le propriétaire, Bernard Arnault, vient d'accéder à la 4e place dans le classement FORBES des fortunes mondiales. Un beau témoignage de la magnifique santé de l'économie française.
Un regret cependant : les syndicats de magistrats ont censuré la publicité choisie initialement, une immense photo de Nathalie Portman dénudée*. L'interprête de Black swann avait tout sa place pour tenir compagnie aux trop rares cygnes que nous pouvons admirer en bord de Seine (voir un article publié le 23 janvier 2009).
* Eric LE MITOUARD, "Cette pub fait polémique chez les magistrats", Le Parisien, 30 mars 2011, Cahier intérieur Paris, Page III.
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